Du nouveau sur le choc toxique lié aux tampons périodiques

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Rédigé par Estelle B. et publié le 3 août 2017

A la fin de l’année 2016, Santé Sur le Net avait fait le point sur le risque de choc toxique lié aux tampons périodiques. Une grande collecte de tampons avait été lancée par les hôpitaux de Lyon pour déterminer les causes de la recrudescence des cas de choc toxique depuis le début des années 2000. Les premiers résultats de cette étude viennent d’être rendus publics.

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Une étude clinique lancée fin 2016

L’utilisation des tampons périodiques est reconnue depuis longtemps comme l’une des principales causes du choc toxique menstruel. Cette maladie est due à une toxine produite par la bactérie Staphylococcus aureus (le staphylocoque doré) et se manifeste par :

Une fièvre importante (> 39°C) d’apparition brutale ;

  • Un malaise général ;
  • Des maux de tête ;
  • Des troubles digestifs (vomissements, diarrhée) ;
  • Une rougeur de la peau, touchant parfois tout le corps ;
  • Une baisse de la tension artérielle ;
  • Une confusion ou une perte de conscience ;
  • Des atteintes rénales ou hépatiques ;
  • Une nécrose (mort) de certains tissus (extrémités des doigts, nez, jambe, …) pouvant nécessiter une amputation.

Dans les cas les plus graves, le choc toxique peut entraîner le décès, s’il n’est pas diagnostiqué rapidement. Parfois, après le traitement antibiotique adapté, il faut des mois voire des années aux femmes pour retrouver une vie normale.

Le choc toxique survient chez les femmes porteuses de la bactérie au niveau de la flore vaginale (environ 1% des femmes selon les estimations). Lorsqu’elles n’utilisent pas de dispositifs intra-vaginaux, elles ne ressentent aucun symptôme lié à la présence de la bactérie. En revanche, le port prolongé d’un tampon périodique ou d’une coupe menstruelle favorise la stagnation du flux menstruel, ce qui crée un milieu de culture idéal pour le staphylocoque doré. La bactérie se met alors à proliférer et produit une grande quantité de toxine, qui passe dans le sang et provoque le choc toxique.

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Une collecte nationale de tampons

Depuis le début des années 2000, les spécialistes constatent une recrudescence importante du nombre de cas de choc toxique menstruel et s’interrogent sur les causes possibles de ce phénomène. Dans ce contexte, le centre national de référence des staphylocoques des hospices civils de Lyon a lancé en octobre 2016 une vaste campagne nationale de collecte de tampons périodiques. Très rapidement, de nombreuses volontaires se sont manifestées permettant aux chercheurs de recueillir un grand nombre d’échantillons.

Après moins d’un an, les premiers résultats de l’étude viennent de paraître sur les quelques 700 tampons périodiques collectés.

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Des premiers résultats rassurants

Les premières analyses effectuées montrent que les tampons périodiques semblent avoir un effet neutre voire négatif sur le développement du staphylocoque, responsable du choc toxique. Ainsi, les tampons collectés, incubés dans des milieux de culture proche de l’écosystème vaginal et en présence de la bactérie, ne favorisent ni la croissance, ni la production de toxine bactérienne. Les chercheurs ont testé l’ensemble des marques de tampons les plus utilisées en France. En revanche, les coupes menstruelles seraient plus sujettes à la production de toxine bactérienne, et ce en fonction de leur diamètre.

Face à ces résultats, il semble probable que le choc toxique résulte plutôt d’un mauvais usage des tampons, lié à un défaut d’information des femmes. Les chercheurs du centre national de référence des staphylocoques rappellent ainsi les recommandations d’usage de ces protections périodiques :

  • Ne pas dépasser les temps d’utilisation des tampons : entre 4 et 6 heures maximum ;
  • Ne pas utiliser de tampons durant la nuit ;

En respectant ces précautions, le risque de choc toxique est réduit, même s’il n’est pas nul. Ces recommandations sont stipulées sur les notices d’utilisation ; les chercheurs soulignent cependant l’importance d’informer les femmes, dès le milieu scolaire, et de sensibiliser les médecins sur ce problème de santé publique.

Les analyses des tampons collectés vont se poursuivre jusqu’à la fin de l’année 2017, mais une seconde étude a déjà été lancée pour mieux connaître les pratiques des femmes, en ce qui concerne l’usage des protections périodiques. Une approche essentielle pour optimiser les stratégies de prévention du choc toxique !

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Centre National de Référence des Staphylocoques. Hospices civils de Lyon. Enquête sur l’utilisation des tampons périodiques. Mis à jour en juin 2017.