Anorexie mentale


Rédigé par Charline D. et publié le 31 janvier 2024

anorexie mentale

L’anorexie mentale, considérée comme une addiction sans substance, est un trouble du comportement alimentaire d’origine multifactorielle. Cette maladie est caractérisée par une privation alimentaire volontaire associé à une perte de poids qui peut durer plusieurs mois voire années.

Définition et symptômes

Qu’est-ce que l’anorexie mentale ?

L’anorexie mentale est classée parmi les troubles des conduites alimentaires (TCA), avec la boulimie notamment. Les TCA se manifestent par des comportements alimentaires déviants ayant des répercussions psychologiques et physiques sur le patient.

L’anorexie mentale est une affection psychologique rare puisqu’elle concerne entre 0,9 et 1,5% des femmes, et entre 0,2 et 0,3% des hommes.

Cette maladie touche surtout les femmes qui représentent au moins 80% des cas. Par ailleurs, on constate deux pics de fréquence : le premier entre 13 et 14 ans et le second entre 16 et 17 ans. A noter que l’anorexie mentale peut cependant survenir à n’importe quel âge, par exemple dans l’enfance ou plus tard à l’âge adulte. Enfin, cette maladie concerne toutes les catégories sociales.

À savoir ! L’anorexie est une perte d’appétit, plus ou moins longue, suite à une maladie ou à un état d’anxiété. A différencier donc de l’anorexie mentale qui est une maladie psychiatrique liée à une obsession de son poids.

Quels symptômes ?

Il n’est pas toujours évident de détecter un trouble alimentaire qui débute. L’obsession s’installe progressivement, souvent suite à un régime amaigrissant, avec la volonté de perdre toujours plus de poids, et en mangeant de moins en moins. De plus, l’adolescent à une vision altérée de son propre corps. Il le perçoit trop gros ou mal fait en dépit de la maigreur évidente.

3 symptômes sont typiques de l’anorexie mentale : le refus de s’alimenter, l’amaigrissement et l’absence ou l’arrêt des règles. Ainsi, les signes suivant chez une adolescente doivent retenir l’attention des parents :

  1. Le port de vêtements amples pour camoufler la perte de poids ou au contraire des tailles de vêtement de plus en plus petites ;
  2. Absence ou arrêt des règles (aménorrhée) ;
  3. Surinvestissement dans les études ;
  4. Pratique sportive intense ;
  5. Invention de stratégies pour éviter de s’alimenter, ou mise à l’écart des aliments trop riches ;
  6. Tendance à vouloir faire manger les autres en les resservant voire même en cuisinant.

À savoir ! Les garçons représentent 10 % des personnes atteintes d’anorexie mentale. Ils manifestent généralement plus d’hyperactivité que d’hyper investissement intellectuel et leur IMC initial est plus élevé. De plus, leur anorexie est souvent couplée à des crises de boulimie

Les complications de l’anorexie mentale découlent de la dénutrition et des comportements associés, type vomissements, du patient. Ainsi, plusieurs troubles, le plus souvent réversibles peuvent être observés, notamment hématologiques (anémie par exemple), neurologiques, métaboliques (du cholestérol ou glucose) et rénaux. Perte de cheveux, constipations et infertilité sont également fréquents.

À long terme, les séquelles sont essentiellement de type osseuses (ostéoporose) et dentaires (usure des dents provoquée par les vomissements répétés). Sur le plan mental, l’anorexie entraîne à terme un appauvrissement de la vie sociale et bien souvent un ralentissement scolaire ou professionnel

Diagnostic et traitement

Quel diagnostic ?

Le diagnostic repose sur la présence chez un ou une adolescente de l’ensemble des critères suivants :

Chez l’adolescent,

  1. Consultation pour perte de poids ou trouble de l’alimentation ;
  2. Retard pubertaire ;
  3. Absence de règles ou cycles menstruels irréguliers chez l’adolescente autrefois réglée (depuis 2 ans) ;
  4. Hyperactivité physique ;
  5. Hyper investissement intellectuel.

Chez les adultes,

  1. Perte de poids supérieure à 15 % ;
  2. IMC inférieur à 18.5 kg/m2;
  3. Refus ou peur de prendre du poids malgré un IMC bas ;
  4. Aménorrhée (absence de règle) secondaire chez les femmes ;
  5. Baisse de la libido ettrouble de l’érection chez les hommes ;
  6. Hyperactivité physique ;
  7. Hyper investissement intellectuel ;
  8. Infertilité.

À savoir ! On parle d’aménorrhée primaire lorsque les premières règles n’ont pas encore eu lieu, et d’aménorrhée secondaire en cas d’interruption des menstruations chez une femme déjà réglée

Chez l’enfant, le diagnostic est plus complexe et repose sur la détection d’un ralentissement dans la courbe de croissance et dans la courbe de corpulence, ainsi que de nausées ou douleurs abdominales.

Quel traitement ?

Il est possible de guérir de l’anorexie mentale, cependant le chemin de la guérison est souvent long et fluctuant. On estime qu’environ deux tiers des patients sont guéris après 5 ans de prise en charge. A noter que plus la prise en charge sera précoce, plus elle sera efficace et permettra de limiter la survenue de complications.

Avant toute prise en charge, un bilan initial et global (psychique, somatique et nutritionnel) du patient est recommandé. La dynamique familiale et sociale est également prise en compte. Les premières consultations sont l’occasion d’établir les objectifs à atteindre avec le patient, en particulier sur l’arrêt de la perte de poids et dans un second temps la prise de poids progressive.

Dans l’anorexie mentale, les soins mis en place se conçoivent dans la durée. Ils impliquent l’adhésion du patient qui peut être longue à obtenir. En effet, il existe toujours une phase de déni dans cette maladie durant laquelle le patient ne voit pas le problème et réfute la maladie. Les proches de ce dernier ont un rôle primordial à ce moment-là pour lui faire prendre conscience de sa maladie et de la nécessité d’une aide médicale.

Une prise en charge pluridisciplinaire (médecin ou pédiatre et psychiatre ou pédopsychiatre) de l’anorexie mentale est indispensable. En fonction de la gravité de la maladie, la prise en charge peut être soit ambulatoire (privilégiée au maximum) soit hospitalière.

Ainsi, la prise en charge thérapeutique regroupe plusieurs aspects. Tout d’abord nutritionnels et diététiques, dont les objectifs sont l’atteinte et le maintien d’un poids adapté ainsi que le retour à un comportement alimentaire normal (à savoir, régulier, spontané, diversifié et sans sensation d’anxiété).

Ensuite, une prise en charge psychologique comprenant une thérapie individuelle, en groupe ou familiale, permet au patient de comprendre et d’accepter la réhabilitation de son comportement alimentaire. D’une manière plus globale, la psychothérapie est utile pour améliorer les relations sociales et travailler sur la confiance en soi du patient. Plusieurs types de prise en charges sont possibles : psychothérapie individuelle ou familiale, les thérapies de groupe, l’art-thérapie, la musicothérapie, etc.

À savoir ! Il n’existe pas de traitement médicamenteux spécifique de l’anorexie mentale. Des compléments nutritionnels, tels que des vitamines, peuvent éventuellement être prescrits en cas de dénutrition trop importante.

Quelques mesures individuelles peuvent aider à prévenir les troubles du comportement alimentaire :

    1. Valoriser l’identité de chacun ;
    2. Ré-évaluer sa propre notion de poids « idéal » ;
  1. Se méfier des médias ;
  2. Privilégier le plaisir dans la nourriture et les activités ;
  3. Fuir toutes restrictions caloriques ;
  4. Éviter les remarques concernant l’apparence d’un individu ;
  5. Accepter et valoriser la diversité des êtres.

A noter ! que le 0800 235 236 est un numéro gratuit et anonyme, disponible 7j sur 7 de 9h à 23h afin de permettre aux patients de parler avec une personne compétente afin d’obtenir des conseils, des informations ou une simple écoute.

Mis à jour par Charline D., le 31 Janvier 2024, Docteur en pharmacie

– Anorexie mentale. Inserm. Juin 2014.
– Troubles du comportement alimentaire : anorexie et boulimie. Ameli sante. Le 9 février 2016.
– Recommandations anorexie mentale. HAS. Juin 2010.
Sources
– Anorexie mentale. www.inserm.fr. Consulté le 31 janvier 2024.
– Anorexie mentale.www.ameli.fr. Consulté le 31 Janvier 2024.

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