Malgré les progrès réalisés, la mort subite du nourrisson reste la première cause de décès chez les nourrissons entre 1 mois et 1 an, avec 250 à 350 enfants touchés chaque année en France. Où en est la recherche sur la mort inattendue du nourrisson ? Pourquoi les mesures mises en place ne suffisent-elles pas à supprimer ces décès tragiques ? Santé Sur le Net fait le point sur la recherche sur la mort subite du nourrisson.
Mort subite du nourrisson, première cause de décès entre 1 mois et 1 an
Face au nombre de cas important de mort subite du nourrisson dans les années 1980, des actions majeures de santé publique ont été mises en place depuis les années 1990, en particulier les conseils de prévention autour du couchage des nouveau-nés :
- Coucher les nourrissons en position dorsale et non plus en position ventrale ;
- Ne pas utiliser de couverture dans les lits des nourrissons mais une turbulette ou gigoteuse ;
- Supprimer les tours de lit en tissu.
Ces conseils de prévention, relayés par les campagnes nationales « je dors sur le dos » ont permis de réduire de plus de 75 % le nombre de décès d’enfants par mort subite du nourrisson ou mort inattendue du nourrisson. Pourtant, la France reste l’un des pays européens où la prévalence de ces décès reste la plus élevée. Et depuis quelques années, les chiffres ne diminuent plus, mais stagnent. Comment expliquer une telle tendance ?
À savoir ! 5 % des décès liés à la mort inattendue du nourrisson surviennent avant l’âge de 6 mois, mais le risque reste présent jusqu’à l’âge de 2 ans
Des recherches nécessaires pour comprendre l’origine de la mort inattendue du nourrisson
D’après Santé Publique France, un meilleur respect des mesures de prévention pourrait déjà permettre de réduire le nombre de décès de moitié. Mais il faut aussi que les recherches avancent pour comprendre les origines exactes de ces décès. Des études ont suggéré que le couchage en position ventrale ne serait pas la cause directe de la mort subite du nourrisson. Le mode de couchage ne serait que l’élément déclencheur. D’après les chercheurs, la cause serait plurifactorielle, avec un triple risque :
- Un nourrisson fragile, par exemple un enfant né prématuré, ou avec un petit poids de naissance ;
- Une période critique de son développement, entre l’âge de 1 et 6 mois ;
- Une exposition à des facteurs environnementaux (couchage, mais aussi tabagisme passif, survenue d’une infection, …).
Mais d’autres pistes doivent être étudiées pour mieux comprendre les causes de ces décès, notamment des causes génétiques, métaboliques, neurologiques et physiologiques. Plusieurs études ont récemment mis en évidence des variants génétiques associés à une augmentation du risque de mort subite du nourrisson, notamment des variants génétiques liés à :
- Des maladies cardiaques rares ;
- L’épilepsie ;
- Un déficit en sérotonine, un neurotransmetteur impliqué dans l’éveil et la respiration pendant les phases de sommeil.
7 conseils de prévention incontournables
En attendant d’en savoir plus sur l’origine de la mort subite du nourrisson, les conseils de prévention restent le meilleur moyen de se prémunir contre ce risque. Les mesures suivantes sont à connaître et à respecter dès la naissance de l’enfant et jusqu’à l’âge de deux ans au moins :
- Ne pas exposer un nourrisson à la fumée de tabac ;
- Contrôler la température de la pièce où dort l’enfant, elle doit rester entre 18 et 19 °C ;
- Toujours coucher son enfant sur le dos à plat ;
- Coucher l’enfant dans son propre lit, ce lit étant placé dans la chambre des parents jusqu’à l’âge de 6 mois ;
- Opter pour un lit rigide, avec un matelas ferme, sans cocon, sans réducteur de lit, sans cale-tête, sans tour de lit, et sans aucun objet ;
- Coucher l’enfant dans une turbulette à sa taille et adaptée à la saison ;
- Veiller à toujours garder la tête de l’enfant dégagée et non fléchie vers l’avant.
L’allaitement maternel est un facteur de protection contre la mort subite du nourrisson, de même que l’utilisation de la tétine, pour les enfants ayant un fort besoin de téter.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Mort inattendue du nourrisson (MIN). www.chu-lyon.fr. Consulté le 22 avril 2024.