Maladie de Parkinson, remarcher grâce à une neuroprothèse !

En France, plus de 270 000 personnes vivent avec la maladie de Parkinson. Une maladie neurodégénérative qui peut notamment compromettre la marche. Des équipes médicales suisses et françaises viennent de réussir une première mondiale : permettre à un patient de remarcher grâce à l’implantation d’une neuroprothèse. Explications.

Maladie de Parkinson et troubles de la marche

Les symptômes moteurs et non moteurs de la maladie de Parkinson sont multiples et parmi eux des troubles de la marche. La neurodégénérescence associée à cette maladie provoque des difficultés de la marche chez une proportion importante de patients (90 % environ dans les stades avancés). Au fil de l’évolution de la maladie, les patients perdent progressivement les capacités automatiques qui nous permettent à tous de marcher normalement, sans même y penser.

Les troubles de la marche sont rares dans les premiers stades de la maladie de Parkinson, et n’apparaissent souvent que dans les stades avancés. Ils débutent par des problèmes de démarche et un manque d’équilibre. Le patient est comme instable, ses pieds traînent et il ressent des difficultés pour réguler et coordonner la vitesse et l’ampleur des mouvements des bras et des jambes. Les chutes deviennent plus nombreuses et le patient marche sur des distances de plus en plus courtes. Face aux troubles de la marche, les solutions jusqu’ici disponibles étaient les traitements médicamenteux et la pratique d’une activité physique adaptée.

Une neuroprothèse implantée au niveau de la moelle épinière

Dans ce contexte, des équipes françaises et suisses viennent de réussir une première mondiale : permettre à un patient atteint de la maladie de Parkinson de remarcher grâce à une neuroprothèse. Les chercheurs viennent de publier leurs travaux dans la revue scientifique Nature Medicine. Les chercheurs travaillent depuis plusieurs années sur le développement de stratégies de neuromodulation de la moelle épinière pour lutter contre différentes lésions neurologiques. Dès 2016, ils avaient développé une neuroprothèse, capable de restaurer le fonctionnement d’un membre paralysé suite à une lésion de la moelle épinière.

Cette fois, la neuroprothèse développée cible la zone de la moelle épinière qui assure l’activation des muscles des jambes pendant la marche. Cette zone n’est pourtant apparemment pas touchée directement par la maladie de Parkinson, puisque la neurodégénérescence survient au niveau cérébral. Mais cette zone de la moelle épinière est sous le contrôle du cortex cérébral moteur, dont l’activité est modulée par les neurones dopaminergiques. Ce sont justement ces neurones qui sont atteints dans la  maladie de Parkinson !

L’espoir de remarcher pour des milliers de patients

La neuroprothèse développée a pour objectif de prévenir les chutes et de limiter le phénomène de freezing (le fait de traîner les pieds au sol pendant la marche), et donc d’améliorer la marche des patients. Le dispositif a d’abord été testé sur des modèles animaux de primates et a montré sa capacité à réduire les déficits locomoteurs et à restaurer la marche. Suite à ce succès, un premier patient âgé de 62 ans et atteint de la maladie de Parkinson depuis près de 30 ans a été opéré en Suisse il y a 2 ans. Au cours d’une intervention chirurgicale, la neuroprothèse a été implantée au niveau d’une zone de la moelle épinière. Parallèlement, une bande d’électrodes a été implantée sous la peau de l’abdomen du patient.

En temps réel, la zone de la moelle épinière est stimulée en fonction des mouvements du patient, ce qui permet au patient de remarcher. A la suite d’une rééducation de quelques semaines avec la neuroprothèse, il peut désormais marcher presque normalement. Auparavant, il ne pouvait se déplacer que sur 200 à 300 m au maximum, toujours en étant accompagné à cause du risque de chute. Désormais, il est capable de parcourir plusieurs kms et a retrouvé une véritable autonomie dans ses déplacements. Une formidable avancée pour tous les patients. Les chercheurs travaillent désormais à développer une version commerciale de leur neuroprothèse, capable d’aider à remarcher un grand nombre de patients.

Estelle B., Docteur en Pharmacie