Plaquenil et Kaletra utilisés uniquement à l’hôpital pour les patients Covid-19

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Rédigé par Suzanne L. et publié le 1 avril 2020

A l’heure actuelle, l’ANSM rappelle qu’aucun traitement n’a montré son efficacité contre l’infection au coronavirus SARS-CoV-2, que ce soit en traitement ou en prévention. Cependant, des essais sont en cours pour tester de nombreuses molécules, dont l’hydroxychloroquine (Plaquenil) et l’association lopinavir/ritonavir (Kaletra). Celles-ci semblent à l’origine d’un nombre important de cas d’effets indésirables rapporté aux réseaux de pharmacovigilance. L’ANSM a donné ses recommandations sur l’utilisation de ces molécules.

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La toxicité de l’hydroxychloroquine bien définie

L’hydroxychloroquine (Plaquenil) est indiquée dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, du lupus et en prévention des lucites. Elle est dite « à marge thérapeutique étroite », ce qui signifie que la dose efficace et la dose toxique sont assez proches. C’est pourquoi elle nécessite un suivi particulier pour éviter tout surdosage.

Ses principaux effets indésirables sont des troubles digestifs, des céphalées, une vision floue, une atteinte de la peau (toxidermie), et des troubles plus graves, comme des hypoglycémies sévères, des troubles psychiatriques et des troubles du rythme cardiaque. Les premiers symptômes de ces arythmies sont des palpitations et un étourdissement.

L’ANSM rappelle que de nombreuses interactions médicamenteuses peuvent potentialiser ces effets indésirables, surtout au niveau cardiaque. Ainsi, il est déconseillé d’associer ces molécules avec certains antibiotiques, comme les macrolides (azithromycine, utilisée dans l’essai du Professeur Raoult), la fluoroquinolone, et l’association triméthoprime-sulfamethoxazole, Bactrim) ; avec le citalopram (Seropram et générique), l’escitalopram (Seroplex et génériques), l’hydroxyzine (Atarax et génériques), le dompéridone (Motilium et génériques), et la pipéraquine (Eurartesim).

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Une utilisation strictement hospitalière

L’ANSM rappelle qu’à ce jour le Plaquenil (hydroxychloroquine) et le Kaletra (lopinavir/ritonavir) sont autorisés hors autorisation de mise sur le marché, de manière exceptionnelle, conformément à l’avis du HCSP (Haut Conseil de Santé Publique) et au décret du 26 mars. Leur utilisation est autorisée dans le cadre d’essais cliniques en cours, avec une prescription hospitalière, uniquement pour les formes graves, et dépend d’une décision collégiale prise par une équipe multidisciplinaire, composée d’infectiologue, de réanimateur, de virologue et de pharmacologue.

Concernant l’utilisation du Plaquenil, il est recommandé une surveillance par électrocardiogramme des patients ainsi qu’un suivi de la concentration plasmatique du médicament, une surveillance de la concentration en potassium et en magnésium, et de la glycémie. De plus, l’ANSM préconise une contraception pendant le traitement et jusqu’à 8 mois après.

Concernant l’utilisation de Kaletra, il est noté un risque d’interaction médicamenteuse avec des molécules sédatives, ce qui est problématique en réanimation. Parmi les effets indésirables fréquents, sont retrouvés des troubles digestifs et des effets plus sévères comme une pancréatite, une atteinte hépatique et des troubles cardiaques.

En aucun cas le Plaquenil et le Kaletra ne peuvent être utilisés en automédication, en prescription par un médecin de ville ou en auto-prescription.

L’ANSM rapporte 5 cas graves survenus avec l’utilisation hors AMM de ces molécules, dont 3 décès, et des hospitalisations en réanimation. D’autres cas signalés dans toute la France sont en cours d’étude.

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Des études en cours pour tester l’efficacité de l’hydroxychloroquine contre le Sras-CoV-2

L’hydroxychloroquine est au centre de nombreux essais cliniques. Citons parmi eux deux essais réalisés en France :

  • L’essai Discovery est un essai européen coordonné par l’Inserm, ayant pour objectif de tester l’hydroxychloroquine et 3 autres traitements sur 3200 patients, dont 800 Français. Il inclut des patients atteints de formes sévères de l’infection par le coronavirus.
  • L’essai Hycovid, nouvel essai débuté ce 1e avril, est coordonné par l’Hôpital d’Angers, et compte 1300 patients répartis dans 33 hôpitaux. Il inclut des patients atteints de formes non graves, mais ayant un risque élevé d’évolution défavorable.

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Suzanne L.

– Hydroxychloroquine et lopinavir/ritonavir : point d’information de l’ANSM suite à des signaux de pharmacovigilance. VIDAL. Consulté le 1er avril 2020.
– Plaquenil et Kaletra : les traitements testés pour soigner les patients COVID-19 ne doivent être utilisés qu’à l’hôpital. ANSM. Consulté le 1er avril 2020.
– Plaquenil et Kaletra : les traitements testés pour soigner les patients COVID-19 ne doivent être utilisés qu’à l’hôpital – Point d’information. LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN. Consulté le 1er avril 2020.

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