Pourquoi certains gros fumeurs ne présentent pas un cancer du poumon ?

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Rédigé par Alexia F. et publié le 30 mai 2022

Fumer des cigarettes est la principale cause de cancer du poumon. Pourtant, tous les gros fumeurs ne développent pas de cancer. Pourquoi ? Une récente étude, publiée dans Nature Genetics, propose que l’explication résiderait dans l’ADN des cellules qui tapissent les poumons. En effet, chez certains gros fumeurs, ces cellules seraient moins susceptibles de présenter des mutations et de se transformer en tumeur. Explications.

fumer cancer du poumon

Le cancer du poumon en France

Selon Santé Publique France, le cancer du poumon est le second cancer le plus fréquemment retrouvé chez les hommes (après le cancer de la prostate). Il est pourtant celui qui a le taux de mortalité le plus important de tous les cancers. Chez les femmes, il est la troisième cause de cancer (après le cancer du sein et le cancer colorectal). Mais, il est la seconde cause de décès en raison d’un cancer (après le cancer du sein).

Le fait de fumer des cigarettes est la première cause de cancer du poumon. En effet, des études estiment que 90% des décès suite à un cancer du poumon sont liées à la consommation de tabac. Pourtant, tous les gros fumeurs ne développent pas un cancer du poumon. Comment l’expliquer ?

La réparation de l’ADN réduirait le risque de cancer

Cela fait plusieurs années que les scientifiques se demandent pourquoi certains gros fumeurs développent des tumeurs aux poumons et d’autres non. Une récente étude, parue dans Nature Genetics, offre un nouvel éclairage sur cette hétérogénéité.

Les scientifiques ont prélevé des échantillons des bronches de 33 participants. Ils sont âgés de 11 à 86 ans et sont non-fumeurs (14) et fumeurs (19 dont des fumeurs occasionnels et des gros fumeurs). Par « gros fumeurs », les auteurs font référence aux personnes qui fument, au moins, un paquet de cigarettes par jour. Les chercheurs ont établi le profil génétique des cellules qui tapissent les poumons des participants. En effet, ces cellules survivent pendant des années, voire des décennies, en accumulant des mutations liées à l’âge et/ou à l’exposition à la fumée de tabac. Parmi les autres types de cellules, elles présentent le plus de risque de devenir cancéreuses.

L’étude montre que le taux de mutation des cellules qui tapissent les poumons augmente avec l’âge chez les non-fumeurs. Également, ce taux est nettement majoré chez les personnes qui fument. Pourtant, après 23 ans à fumer un paquet par jour, ce risque semble se stabiliser. Ainsi, parmi les participants de l’étude, les plus gros consommateurs de tabac ne présentaient pas forcément le taux de mutation le plus élevé. Ces données suggèrent que les personnes qui survivent longtemps avec une consommation du tabac si forte pourrait présenter un avantage génétique. Il serait de réussir à supprimer l’accumulation des mutations cellulaires. Cela induirait une stabilisation des mutations en raison d’une meilleure détoxification de la fumée de cigarette dans les poumons ou d’un système de réparation de l’ADN plus performant.

#Viesanstabac, arrêter de fumer la meilleure solution contre le cancer du poumon, mais pas seulement !

Pour les auteurs de cette étude, ces conclusions permettraient d’élaborer des nouveaux tests de dépistage du cancer du poumon. En effet, la mesure de la capacité des cellules qui tapissent les poumons à réparer l’ADN endommagé par la fumée serait un indicateur fiable pour évaluer le risque de cancer du poumon.

Il est tout de même indéniable que la meilleure protection contre le cancer du poumon est de ne pas fumer ou d’arrêter. A l’occasion de la journée sans tabac qui aura lieu le 31 mai 2022, l’ensemble des autorités de santé et des associations se mobilise pour rappeler comment et pourquoi arrêter de fumer. Le site Tabac Info Service référence un dispositif d’information et d’aide à l’arrêt du tabac.

En effet, si le tabac est souvent associé à un risque accru de cancer du poumon, il est également le facteur de risque de nombreuses maladies :

  • Maladies cardiovasculaire et hypertension ;
  • Fragilité des voies respiratoire et risque important de BPCO ;
  • Risque important de forme grave de la Covid-19 ;
  • Majoration de l’asthme.

Alexia F., Docteure en Neurosciences

Sources
– Single-cell analysis of somatic mutations in human bronchial epithelial cells in relation to aging and smoking. nature.com. Consulté le 30 mai 2022.