Fluoroquinolones et quinolones : de nouvelles recommandations de l’ANSM suite à une réévaluation par l’EMA

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Rédigé par Julie P. et publié le 27 avril 2019

Suite à la réévaluation des antibiotiques de la famille des quinolones et fluoroquinolones par l’agence européenne du médicament, l’ANSM (Agence Nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) relaye de nouvelles recommandations auprès de tous les professionnels de santé. L’objectif ? Utiliser ces antibiotiques dans des contextes médicaux très précis et rester extrêmement vigilant face à leurs effets indésirables.

Quinolones - Fluoroquinolones - femmes médecin

Les fluoroquinolones : dans quel contexte médical les utiliser ?

Les quinolones et les fluoroquinolones sont des antibiotiques de synthèse à spectre large utilisés depuis les années 1960.

Aujourd’hui, ces antibiotiques, arrivés à leur quatrième génération, sont prescrits dans plus de 120 situations thérapeutiques, comme les infections urinaires, respiratoires, génitales, gastro-intestinales, cutanées, osseuses et articulaires.

Dans cette réévaluation des molécules issues de la famille des (fluoro)quinolones, l’Agence Européenne du médicament (EMA) a nouvellement qualifié l’efficacité de la fluméquine (commercialisée en France sous le nom d’Apurone (laboratoire Gerda) pour traiter les cystites aigües non compliquées ou récidivantes).

Comme les risques liés à son utilisation sont plus importants que ses bénéfices, la fluméquine (seule quinolone disponible en France) est retirée du marché.

Pour les fluoroquinolones, une restriction des indications est mise en place. Ces antibiotiques ne doivent être prescrits que dans un contexte médical infectieux dans lequel l’utilisation d’un antibiotique est indispensable et où d’autres antibiotiques ne peuvent pas être utilisés.

À savoir ! Les substances actives concernées en France sont ciprofloxacine, lévofloxacine, loméfloxacine, moxifloxacine, norfloxacine, fluméquine et ofloxacine.

À ce titre, l’ANSM recommande de ne pas prescrire ces médicaments pour :

  • Traiter des infections non sévères ou spontanément résolutives (pharyngite, bronchite aiguë) ;
  • Prévenir la diarrhée du voyageur ou les infections à répétition des voies urinaires basses ;
  • Traiter des infections non bactériennes (la prostatite chronique) ;
  • Soigner des infections de sévérité légère à modérée (cystite non compliquée, exacerbation aiguë de la bronchite chronique et de la BPCO si les autres antibiotiques recommandés sont contre-indiqués);
  • Des patients ayant déjà développé des effets indésirables graves avec un antibiotique de la famille des quinolones ou fluoroquinolones.

Lire aussiLes antibiotiques à l’unité n’apportent-ils que des avantages ?!

Des précautions à prendre avant la prescription de fluoroquinolones

On sait que cette famille d’antibiotiques possède des effets secondaires potentiels au niveau du système digestif, du système nerveux central (confusion, hallucination, délire) ou périphérique (neuropathie), le système musculo-squelettique (tendinopathie), de la peau (allergies) et des reins.

Partant de ce constat, l’EMA a réévalué ces fluoroquinolones, en raison du risque d’effets indésirables graves, durables, invalidants et potentiellement irréversibles, affectant principalement le système musculo-squelettique et le système nerveux.

Face aux résultats obtenus, l’ANSM demande aux professionnels de santé de :

  • Faire preuve d’une grande prudence auprès des personnes âgées, des patients atteints d’insuffisance rénale, des patients ayant bénéficié de greffes d’organes et ceux traités par des corticoïdes, car le risque de tendinite et de rupture de tendon induites par les fluoroquinolones peut être plus élevé chez ces patients ;
  • D’informer les patients de mettre fin à leur traitement et de consulter leur médecin référent dès l’apparition de douleurs et/ou faiblesses au niveau des muscles et/ou des articulations.

Pour rappel, en novembre 2018, l’ANSM émettait un avis précisant qu’une augmentation du risque de survenue d’anévrisme et de dissection aortique (irruption de sang sous haute pression à l’intérieur de la paroi aortique entraînant une déchirure de la couche interne de la paroi) après traitement par des fluoroquinolones (ciprofloxacine, lévofloxacine, loméfloxacine, moxifloxacine, norfloxacine, fluméquine et ofloxacine) avait été observée.

Ainsi, il était recommandé de procéder, selon l’ANSM, à « une évaluation attentive du rapport bénéfice/risque et après prise en compte des alternatives thérapeutiques chez les patients présentant un risque de survenue d’anévrisme et de dissection aortique ».

Lire aussiQuinolones et fluoroquinolones : des antibiotiques aux effets secondaires trop souvent ignorés !

Julie P., Journaliste scientifique

– Ne pas prescrire les fluroquinolones alerte l’ANSM. Le quotidien du medecin. I.Drogou. Consulté le 23 avril 2019.
– Antibiotiques de la famille des quinolones et fluoroquinolones administrés par voie systémique ou inhalée: risque d’effets indésirables invalidants, durables et potentiellement irréversibles et restrictions d’utilisation – Lettre aux professionnels de santé. ANSM. Consulté le 23 avril 2019.
  • Meunier says:

    Bonjour,
    Pendant combien de temps après l’arrêt de ces antibiotiques doit-on être vigilant ?
    Peut-on aller au soleil après 8 jours d’ofloxacine ? Si des tendinites apparaissent après leur prise quand on est sportif, faut-il le signaler ?
    Merci

    Reply
    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour,

      Merci de l’intérêt que vous portez à notre site dédiée à la santé. Pour l’exposition au soleil et le risque de photosensibilisation, il est apparemment réel pendant l’antibiothérapie et pas après celle-ci. Si vous êtes sportif et ressentez des douleurs au niveau des tendons, il faut en effet le signaler immédiatement à votre médecin traitant.
      Pour plus d’informations, n’hésitez pas à consulter ce site https://eurekasante.vidal.fr/medicaments/antibiotiques/familles.html?pb=quinolones

      Merci
      Bonne Journée
      L’équipe Santé sur le Net

      Reply
  • “ Pour rappel, en novembre 2018, l’ANSM émettait un avis précisant qu’une augmentation du risque de survenue d’anévrisme et de dissection aortique (irruption de sang sous haute pression à l’intérieur de la paroi aortique entraînant une déchirure de la couche interne de la paroi) après traitement par des fluoroquinolones”. est-ce valable même quelques mois après le traitement ?

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    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour,
      Merci pour l’intérêt que vous portez à notre site Santé sur le Net.
      Votre question est très précise et nous ne sommes pas en mesure de vous répondre.
      Nous vous conseillons de consulter votre médecin traitant ou un cardiologue pour plus d’informations.
      Bonne journée.
      L’équipe Santé sur le Net

      Reply
  • MENGEAUD Chantal says:

    Il serait temps de sensibiliser les professionnels de santé « aux ravages » des fluoroquinolones.
    En ce qui me concerne j’ai subi deux interventions chirurgicales suite tendinites. Arthrodèse pour la seconde opération. Résultat : pied bloqué, douloureux. Obligée de me déplacer avec une canne, perte d’autonomie etc… impossible de faire de longues marches ce qui me pénalise le plus !
    Une question :: les effets nocifs des fluroquinolones peuvent ils se manifester quelques années après (4ans)?
    J’ai un problème de rupture de tendon épaule et je me demande si il n’y’a Pas une incidence et une cause effet de la prise de cet antibiotique il y’a 4ans? Pouvez vous me répondre ?
    Avec mes remerciements.

    Reply
    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour,
      Merci pour l’intérêt que vous portez à notre site Santé sur le Net.
      Nous ne sommes pas en mesure de vous répondre sur les effets nocifs à long terme des fluoroquinolones.
      Nous vous conseillons de consulter un professionnel de santé.
      Bonne journée,
      L’équipe Santé sur le Net

      Reply
  • Bonjour,
    Je suis traité par antibiotiques dont fluoroquinone suite à pneumonie avec légionelle en février 2020. Je souffre depuis cette période de séquelles avec fasciculations nocturnes, picotements, sensations de toiles d’araignée sur tout le corps, et de vitesse conduction nerveuse altérée aux bras.

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    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour,
      Nous vous remercions pour votre témoignage. Vous pouvez en parler à votre médecin ou pharmacien pour qu’ils fassent remonter vos effets secondaires aux organismes de santé.
      Bon courage,
      L’équipe Santé sur le Net

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