Insuffisance ovarienne


Rédigé par Charline D. et publié le 18 octobre 2019

Système de reproduction féminin protégé par des mains de insuffisance ovarienne

L’insuffisance ovarienne primitive ou prématurée est l’une des causes principales d’infertilité chez une femme. Elle est caractérisée par une baisse de la production des ovocytes dans les ovaires. Cette insuffisance s’installe, en principe, dans les 10 années qui précèdent la ménopause. Ainsi, normalement, aux alentours de 42 ans, l’insuffisance ovarienne débute, et la fertilité chute. Lorsque l’âge programmé de la ménopause est à 40 ans, l’insuffisance ovarienne démarre à 30 ans, on parle d’insuffisance prématurée, car elle se manifeste en avance par rapport à la moyenne dans la population.

Définition et symptômes

Maquette d’utérus et des ovaires qui a un problème avec insuffisance ovarienneQu’est-ce qu’une insuffisance ovarienne ?

Lorsqu’une femme naît, elle dispose déjà d’un certain nombre de follicules (agrégats cellulaires contenant l’ovocyte). Ce stock est définitif, autrement dit, il n’est pas renouvelable. En revanche, il varie d’une femme à une autre. Certaines vont disposer de 1 million de follicules, tandis que d’autres en auront 2 millions.

À chaque cycle menstruel, on estime qu’entre 20 et 30 ovocytes vont entamer le processus de maturation, cependant, maximum 3 d’entre eux iront jusqu’à l’ovulation. Les autres vont dégénérer, c’est « l’atrésie folliculaire ». Ainsi, seulement 500 follicules, soit 0,1% du stock, parviendront à l’ovulation entre la puberté et la ménopause.

L’épuisement de la réserve ovarienne en follicules varie d’une femme à l’autre, en fonction de son stock initial et de la vitesse d’atrésie qui sont très probablement régulés par des gènes, mais aussi des facteurs environnementaux.

À savoir ! Le seuil critique pour obtenir une bonne ovulation est d’environ 25 000 follicules, soit aux alentours des 37 ans en moyenne. Au-delà, il existe un risque d’insuffisance ovarienne.

Une insuffisance ovarienne désigne la période de 10 ans qui précède la ménopause. À ce moment-là le stock en follicules est inférieur à 25 000, donc la qualité de l’ovulation est altérée. Les chances d’obtenir une grossesse à 40 ans sont estimées à 5%, contre 25% à 25 ans.

À noter que la fréquence de l’insuffisance ovarienne semble être en augmentation constante depuis une quinzaine d’années. Ce constat laisse supposer l’impact de facteurs environnementaux tels que le tabac, le stress ou une mauvaise alimentation.

Qu’est-ce que l’insuffisance ovarienne primitive ou précoce ?

L’insuffisance ovarienne primitive désigne un dysfonctionnement ovarien chez les femmes de moins de 40 ans. C’est un déficit ovarien plus ou moins complet qui se traduit par une incapacité de maturation des follicules ovariens. On parle aussi parfois d’hypogonadisme.

Ce trouble se manifeste par une absence de production (ou une production intermittente) d’ovules et d’hormones ovariennes. Il peut :

  • Être congénital, dans ce cas, on parle du syndrome de Turner ;
  • Survenir à la suite d’un traumatisme, par exemple une chirurgie ou une chimiothérapie ;
  • Être associé à une pathologie auto-immune.

Quels sont les symptômes ?

Une femme qui présente une insuffisance ovarienne primitive souffre d’une infertilité inexpliquée. C’est majoritairement ce motif qui amène la patiente à consulter.

L’insuffisance ovarienne prématurée se traduit également souvent par une aménorrhée (ou absence de règles) ou des menstruations irrégulières. Les symptômes d’un déficit en estrogènes peuvent être associés : diminution de la libido, vaginite, ostéoporose, etc. Des changements d’humeurs, notamment des dépressions, sont parfois présents aussi.

Dans la plupart des cas, les ovaires sont petits, à peine palpables. Cependant, l’inverse arrive aussi, notamment en cas de trouble immunitaire, les ovaires ont un volume augmenté.

Aux symptômes de l’insuffisance ovarienne, il faut ajouter les signes de la maladie causale, par exemple une dysmorphie faciale en cas de syndrome de Turner ou une diminution de la pilosité des aisselles, une hyperpigmentation et une hypotension orthostatique encas d’insuffisance des glandes surrénaliennes.

Sans traitement à base d’estrogènes, le risque de démence, de maladie de parkinson et de maladie coronarienne est augmenté. En cas d’insuffisance coronarienne prématurée ou primaire d’origine auto-immune, la complication la plus redoutée est l’insuffisance surrénalienne primaire parfois mortelle (maladie d’Addison).

Diagnostic et traitement

Technicien de laboratoire retient une maquette d’utérus avec des ovaires, ainsi qu’un tube à essai pour tester insuffisance ovarienneQuel diagnostic ?

Une insuffisance ovarienne primitive est évoquée chez une femme de moins de 40 ans ayant des difficultés à concevoir un enfant, des anomalies du cycle menstruel ou des signes de carences en estrogènes.

Les taux d’hormone folliculo-stimulante (FSH) et d’oestradiol sont mesurés chaque jour pendant 2 à 4 semaines. Lorsque les taux de FSH sont élevés et les taux d’oestradiol sont bas, l’insuffisance ovarienne est confirmée.

À savoir ! La FSH est une hormone sécrétée par l’hypophyse (glande au niveau du cerveau) qui agit sur le fonctionnement des ovaires.

Les autres examens consistent à déterminer la cause de l’insuffisance.

Si une cause auto-immune est suspectée, les tests effectués reposent sur la mesure de la thyréostimuline (TSH), de la thyroxine (T4) et de certains anticorps spécifiques.
En cas d’insuffisance surrénalienne potentielle, c’est le taux de cortisol du matin et un test de stimulation qui permet de confirmer le diagnostic.

À savoir ! La TSH est une hormone sécrétée par l’hypophyse (glande au niveau du cerveau) qui gère la sécrétion des hormones thyroïdiennes (T4 et T3) par la thyroïde, une glande localisée à la base du cou indispensable au bon fonctionnement de l’organisme.

À noter que le dosage sanguin de l’hormone antimüllérienne produite uniquement dans les petits follicules ovariens permet d’estimer la diminution de la réserve ovarienne. En effet, les taux normaux sont compris entre 1,5 et 4,0 ng/mL. Un niveau abaissé suggère une diminution de la réserve ovarienne. Ce dosage permet aux médecins de prédire quelles femmes répondront mal aux médicaments de fertilité, et quels couples sont les moins susceptibles de répondre à un traitement de fertilité.

Quel traitement ?

Sans désir de grossesse, les femmes souffrant d’insuffisance ovarienne reçoivent un traitement hormonal (association d’œstrogène et de progestatif). Ce traitement permet de soulager les symptômes en lien avec la carence en œstrogène, et permet de maintenir la densité osseuse. Le risque de survenue de maladies coronariennes, maladie de Parkinson, des changements d’humeur, de démence et de vaginite atrophique sont également prévenus par la prise du traitement.

Les femmes qui désirent une grossesse ont la possibilité d’avoir recours à la fécondation in vitro avec don d’ovocytes. Un traitement hormonal est associé afin de permettre à l’utérus d’accueillir l’embryon.

La fécondation in vitro consiste à forcer la rencontre entre un ovule et un spermatozoïde. Majoritairement, les deux gamètes sont issus des conjoints. Dans le cas d’une insuffisance ovarienne, la FIV est également réalisable avec un gamète de donneur (un ovocyte).

La première étape, repose sur la stimulation des follicules par un traitement hormonal. Une fois les follicules matures, ils sont prélevés et envoyés au laboratoire. Le sperme est recueilli dans un même temps au laboratoire.

Le prélèvement d’ovocytes est réalisé par ponction transvaginale sous anesthésie locale ou générale. Le médecin utilise une aiguille avec laquelle il va transpercer un par un les follicules matures pour aspirer leur contenu. Ce dernier est ensuite examiné au microscope afin de détecter la présence d’ovocytes. Lorsqu’il y en a, ils sont extraits et placés en boîte de culture.

L’étape de fécondation a lieu in vitro, autrement dit à l’extérieur du corps de la femme. Les gamètes sont mis en contact dans une boîte de culture et les ovocytes fécondés deviennent des embryons. Quelques jours après la fécondation, les embryons sont transférés sous contrôle échographique dans l’utérus de la femme grâce à un cathéter.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Insuffisance ovarienne primitive. Le manuel MSD – version pour les professionnels de la santé. Consulté le 6 octobre 2019.