Ostéopathie


Rédigé par Estelle B. et publié le 6 juillet 2018

Femme chez un ostéopathe

L’ostéopathie appartient aux médecines alternatives ou complémentaires. En plein essor depuis quelques années, cette méthode thérapeutique vise à déterminer puis à traiter les limitations de mobilité, qui peuvent toucher les différentes structures (osseuses, musculaires, organiques, …) composant le corps humain.

Ostéopathie : définition et règlementation

Selon les Ostéopathes de France, l’ostéopathie est « une méthode de soins qui s’emploie à déterminer et à traiter les restrictions de mobilité qui peuvent affecter l’ensemble des structures composant le corps humain ». Au sens de la réglementation française, l’ostéopathe, « dans une approche systémique, après diagnostic ostéopathique, effectue des mobilisations et des manipulations pour la prise en charge des dysfonctions ostéopathiques du corps humain ».

A l’échelle mondiale, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a publié en 2010 un référentiel de l’ostéopathie. Parallèlement, une organisation internationale, l’Osteopathic International Alliance (OIA), regroupe les structures professionnelles et académiques de l’ostéopathie dans tous les pays du monde où elle est pratiquée.

En Europe, une procédure de normalisation européenne des pratiques ostéopathiques a été élaborée en septembre 2015 après plusieurs années de concertation entre les pays européens.

L’ostéopathie est pratiquée par un ostéopathe, professionnel qui diagnostique et traite de nombreux troubles de l’état de santé, qu’ils soient ou non à l’origine de douleurs. En France, cinq années d’études après le baccalauréat sont requises pour obtenir un diplôme d’ostéopathe.

Bref historique de l’ostéopathie

L’ostéopathie est une médecine complémentaire née aux USA au XIXème siècle, à l’initiative d’Andrew Taylor Still, qui fonda la première école d’ostéopathie en 1892 à Kirksville. L’un de ses élèves, John Martin Littlejohn, introduisit l’ostéopathie en Europe en 1917, en créant la British School of Osteopathy.

L’arrivée de l’ostéopathie en France survint à la fin des années 40, après plusieurs tentatives infructueuses. En 1949, un ouvrage dédié à cette pratique fut publié en 1949 par le Dr. Lavezzari, qui fonda en 1952 la Société Française d’Ostéopathie. Parallèlement, Paul Gény créa en 1950 l’Ecole Française d’Ostéopathie. En 1960, cette école fut fermée à la demande de l’Ordre National des Médecins, puis en 1962, un arrêté interdit la pratique de l’ostéopathie aux personnes non titulaires d’un doctorat de médecine.

L’ostéopathie ne fut officiellement reconnue en France qu’en 2002, dans un article de la loi n°2003-303 du 4 mars 2002. Depuis, cette médecine complémentaire connaît un essor constant.

Le principe de l’ostéopathie

L’ostéopathie repose sur trois principes fondamentaux :

  • Une médecine manuelle avec la main comme outil d’analyse et de soin ;
  • Une médecine holistique, avec la prise en compte de l’individu dans sa globalité ;
  • Un principe d’équilibre tissulaire.

Selon ces principes, toute perte de mobilité au niveau d’une articulation, d’un muscle, d’un ligament ou d’un organe est susceptible de provoquer un déséquilibre de l’état de santé d’une personne. L’ostéopathie consiste à rechercher ces pertes de mobilité pour les traiter. Elle nécessite ainsi des connaissances approfondies en anatomie et en physiologie.

Le dysfonctionnement d’un élément de l’organisme peut résulter d’évènements aussi divers que :

  • Des mauvaises postures ;
  • Un traumatisme ;
  • Un faux mouvement ;
  • Le stress ;
  • Une alimentation déséquilibrée ;
  • L’existence d’une pathologie aigüe ou chronique.

Le corps humain ayant une tendance naturelle à s’auto-équilibrer, un déséquilibre au niveau d’un système peut se répandre à d’autres systèmes, en interactions constantes avec le système initialement perturbé.

L’ostéopathie cherche d’abord à comprendre l’origine des symptômes ressentis par la personne, à partir d’une analyse détaillée des différents systèmes du corps. Cette approche systémique permet d’agir sur les troubles fonctionnels et sur les symptômes résultant des déséquilibres des différents systèmes.

L’ostéopathie pour quel public ?

L’ostéopathe choisit les techniques les plus adaptées pour chaque patient, en tenant compte des éléments suivants :

  • L’âge de la personne, du nourrisson à la personne âgée ;
  • La morphologie de la personne ;
  • La zone du corps à traiter.

L’ostéopathie peut être utilisée à tous les âges de la vie et s’adresse à différents publics, comme :

  • Les nourrissons et les jeunes enfants en prévention ou en traitement de symptômes fréquemment observés chez les nourrissons après l’accouchement ou chez les jeunes enfants au cours de la croissance et du développement. L’ostéopathie est par exemple indiquée en cas de plagiocéphalie ou de régurgitations fréquentes.
  • Les enfants et les adolescents, pour un suivi régulier tout au long de la croissance. L’ostéopathie peut être indiquée en cas de troubles de la croissance ou de troubles de l’attention.
  • Les adultes pour améliorer l’état de santé en restaurant toutes les mobilités, dans le traitement de symptômes fonctionnels ou en complément de la médecine traditionnelle dans le suivi des pathologies chroniques. L’ostéopathie peut être utile par exemple en cas de lombalgies ou de troubles génito-urinaires.
  • Les femmes enceintes pour soulager les symptômes liés aux transformations physiques de la grossesse et préparer le corps à l’accouchement. L’ostéopathie est notamment indiquée en cas de sciatique ou en préparation à l’accouchement au cours du dernier trimestre de la grossesse.
  • Les personnes âgées, en complément de la médecine traditionnelle, pour améliorer l’état de santé général et favoriser la prise en charge des maladies chroniques fréquentes dans cette catégorie de population. L’ostéopathie peut être bénéfique par exemple en cas de douleurs et de raideurs articulaires, d’arthrose ou de rhumatisme.
  • Les sportifs, en prévention ou en traitement des problèmes de mobilité, liés à la pratique sportive, pour en limiter les conséquences et améliorer les performances, quel que soit le niveau d’activité physique. L’ostéopathie est notamment utile en cas de tendinite ou à la suite d’une blessure, comme une déchirure musculaire.

Ostéopathie et indications thérapeutiques

L’ostéopathie est pratiquée dans deux grands types de contextes cliniques :

  • Le traitement de nombreux troubles physiques et fonctionnels ;
  • La prévention des troubles de l’état de santé, pour améliorer l’état de santé global.

Attention ! Avoir recours à l’ostéopathie ne dispense pas de consulter un médecin. En aucun cas, une séance d’ostéopathie ne peut se substituer à un avis médical.

D’une manière générale, l’ostéopathie s’applique à tous les grands systèmes de l’organisme, tels que :

  • Le système musculo-squelettique, avec des motifs de consultation pour des problèmes comme les entorses, les douleurs lombaires, les douleurs articulaires ou encore les douleurs de la mâchoire ;
  • Le système nerveux, par exemple pour les névralgies cervico-brachiales ou faciales, les sciatiques ou les cruralgies ;
  • Le système cardiovasculaire, avec les problèmes de circulation sanguine dans les membres inférieurs, le syndrome dit des jambes sans repos, les migraines, les hémorroïdes ou encore les palpitations ;
  • Le système digestif, avec un grand nombre de troubles gastro-intestinaux, comme les problèmes de constipation, les hernies hiatales, les flatulences, les colites, le syndrome du côlon irritable ou encore les troubles hépatobiliaires ;
  • Le système respiratoire, aussi bien au niveau des voies respiratoires hautes (sinusites, rhinites, otites, …) que des voies respiratoires basses (asthme, bronchites, bronchiolite, …) ;
  • Le système génito-urinaire, avec un intérêt dans les infections urinaires chroniques, certaines formes d’incontinence, certains troubles sexuels, mais aussi en accompagnement de certaines difficultés de conception ;
  • Le système neurovégétatif, avec tous les troubles concernant la dépression et l’anxiété, les troubles du sommeil, le stress, etc.

L’ostéopathie est actuellement de plus en plus utilisée pour la prise en charge des douleurs liées aux troubles du système musculo-squelettique. Un nombre croissant d’études scientifiques confirme l’intérêt de cette médecine complémentaire dans ce contexte. Parallèlement, l’ostéopathie bénéficie d’une reconnaissance croissante pour aider au traitement de nombreux troubles affectant les autres systèmes de l’organisme. Dans le cas d’un grand nombre de pathologies, l’ostéopathie demeure une approche d’accompagnement de la prise en charge médicale classique, pour aider à soulager les symptômes ou les effets secondaires des traitements médicaux et chirurgicaux.

Par ailleurs, l’ostéopathie trouve également sa place dans la prévention des problèmes de santé. Par sa capacité à détecter les problèmes de mobilité au niveau d’un système, cette approche peut permettre de traiter une limitation de mobilité avant qu’elle n’impacte le fonctionnement d’autres systèmes de l’organisme. L’une des applications les plus connues de l’ostéopathie en prévention est le suivi des nourrissons dans les premières semaines et premiers mois de vie. Ce suivi consiste à repérer et à traiter les dysfonctionnements liés à la vie in utero et aux conditions de l’accouchement pour prévenir leurs conséquences à court et moyen terme. Une telle démarche préventive peut être appliquée à toutes les classes d’âge et tous les types de personnes, y compris les plus fragiles.

La démarche ostéopathique

En pratique, la démarche de l’ostéopathe consiste dans un premier temps à interroger et à examiner minutieusement la personne, en la considérant dans sa globalité. Il se base également sur les examens médicaux (examens d’imagerie et/ou de biologie) précédemment effectués, pour déterminer les indications et contre-indications de la pratique ostéopathique.

Grâce à des tests de palpation spécifiques, l’ostéopathe recherche les limitations de mobilité sur l’ensemble du corps. Par une approche manuelle, des gestes spécifiques et adaptés, il rééquilibre les structures corporelles perturbées, en restaurant la mobilité et l’élasticité des tissus.

Selon les contextes, l’ostéopathe peut résoudre les limitations de mobilité en une seule séance, ou avoir besoin de plusieurs séances. En prévention, l’ostéopathe peut recommander une ou deux séances annuelles, en fonction du cas spécifique de chaque personne.

Actuellement, en France, les séances d’ostéopathie ne sont pas remboursées par l’Assurance Maladie. En revanche, certains organismes complémentaires prennent en charge tout ou partie d’un certain nombre annuel de séances.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– L’ostéopathie : Une thérapie originale et naturelle. Ostéopathes de France. Consulté le 31 mai 2018.
– L’ostéopathie : Une profession de la santé. SFDO. Consulté le 31 mai 2018.

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