Tout savoir sur le moustique tigre et le virus Zika

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Rédigé par Hadrien V. et publié le 15 janvier 2016

Isolé au cours des années 1970, le virus Zika concentre aujourd’hui toutes les attentions. Originaire d’Afrique et d’Asie, il a récemment révélé sa dangerosité dans d’autres régions du monde comme l’Océanie et l’Amérique du Sud. Le pays le plus sévèrement touché est le Brésil – 3174 cas de microcéphalie suspects – où le Ministère de la Santé a récemment déclaré le pays en état d’alerte sanitaire. Le Président de la Société brésilienne de la dengue, Artur Timerman, a jugé la situation « dramatique », évoquant la possibilité de 100 000 cas de microcéphalie dans les quatre à cinq ans à venir.

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Une propagation incontrôlable

Si le virus Zika tient la communauté internationale en haleine, c’est d’une part à cause de son expansion géographique rapide, et d’autre part pour ses capacités épidémiques. Le Pacifique et l’Amérique du Sud sont les zones les plus touchées par la maladie, mais les cas de diagnostic du virus Zika se multiplient à travers le monde. La Martinique et la Guyane recensent depuis peu leurs premières épidémies de fièvre Zika et d’autres pays tels que les Etats-unis ou la Finlande dénombrent régulièrement des cas isolés.

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Qu’est-ce que le virus Zika ?

Le virus Zika, comme le virus de la dengue ou de la fièvre jaune, est un arbovirus faisant partie de la famille des Flaviridae. Il tire son nom de la forêt Zika en Ouganda, lieu où il a fut découvert en 1947. Sa reconnaissance tardive tient à sa difficulté de diagnostic : ses symptômes sont très largement assimilables à de nombreuses infections d’autres arbovirus. Ce n’est qu’en 2007 que les premières épidémies ont été détectées dans les Îles du Pacifique, avec plus de 55 000 contaminations en à peine six années.

Les symptômes de l’infection

Le temps d’incubation du virus Zika varie de 3 à 12 jours. L’infection provoque une fièvre bénigne qui disparaît au bout d’une semaine dans la majorité des cas. Encore mal compris, les symptômes sont principalement basés sur de récentes observations et par analogie aux arbovirus apparentés :

  • Fièvre modérée à élevée (au-delà de 38,5°C)
  • Céphalées
  • Éruption cutanée maculo-papuleuse
  • Douleurs articulaires et/ou musculaires
  • Conjonctivite

D’autres symptômes peuvent apparaitre de façon variable : au niveau digestif (vomissement, constipation, diarrhée) et au niveau neurologique (sensation de fatigue, vertige, étourdissement).

Le virus Zika est davantage redouté pour ses complications graves pouvant apparaître chez le nouveau-né si la femme enceinte est infectée. Le principal risque est la microcéphalie, dont les taux observés ont explosé dans les régions épidémiques.

A savoir ! La microcéphalie est une malformation de la boîte crânienne qui se manifeste dès la vie fœtale et entraîne un retard de croissance du cerveau. Cet état donne lieu à des déficits psychomoteurs divers et variés (troubles du langage, difficultés d’alimentation, poly-handicap, etc.).

Moyen de transmission du virus

Le virus Zika est transmis par la piqûre du moustique tigre (Aedes aegypti). Déjà connu pour transmettre d’autres maladies comme la dengue ou le chikungunya, cet insecte sévit principalement dans les zones tropicales et subtropicales à travers le monde. Néanmoins, on l’observe de plus en plus dans les régions tempérées comme le pourtour méditerranéen. Ce moustique est connu pour vivre dans les zones urbaines, proches des points d’eau. La piqûre est faite par le moustique tigre femelle et pendant la journée, avec un pic au levé et au couché du soleil.

A savoir ! En France, il est recommandé de signaler les apparitions de ce moustique via le portail « signalement moustique tigre ».

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Existe-t-il un moyen de prévention?

Il n’existe à ce jour aucun traitement ni aucun vaccin. La plupart du temps, le paracétamol est prescrit pour contrôler les symptômes du virus Zika. En cas de voyage en région à risque, des moyens préventifs existent pour se prémunir de la piqûre du moustique :

  • Les répulsifs anti-moustiques cutanés (DEET, EBAAP, picaridine, PMDRBO) dont la durée de protection varie de 4 à 8 heures. Ce type d’application doit être renouvelé après chaque baignade. Aussi, il est important de savoir que l’action répulsive est annulée après l’application d’une crème solaire. Il est suggéré d’appliquer la crème solaire 30 minutes avant le répulsif. En raison de sa toxicité à l’ingestion, ce type de produit est à manier avec précaution chez l’enfant et la femme enceinte : les autorités préconisent de ne pas laisser les enfants manipuler les répulsifs, et de ne pas appliquer ces produits sur le visage et les mains des enfants de moins de 30 mois ;
  • Les répulsifs anti-moustiques pour tissus renferment les mêmes principes actifs que les produits cutanés, mais leur formulation est adaptée à une protection sur plusieurs supports (rideaux, tentes, couvertures, draps, vêtements, plastiques, bâches) ;
  • La moustiquaire est la protection nocturne la plus efficace. Elle doit être installée pour ne pas laisser de zones de passage. Le voile ne doit pas être au contact de la peau pendant le sommeil : un moustique est tout à fait capable de piquer à travers un tissu ;
  • Le port de vêtements amples et longs ;
  • La vérification de l’étanchéité des portes et des fenêtres dans l’habitat ;
  • La limitation des sorties aux heures de crépuscule.

Enfin, s’il s’agit de lutter contre la propagation du moustique tigre, les comportements à adopter doivent être en adéquation avec le mode de vie de l’insecte. Celui-ci voyage peu : le moustique tigre a un champ d’action d’à peine quelques centaines de mètres autour des lieux de ponte comme les eaux stagnantes. Il se pose dans les zones d’ombre et à l’abri du vent comme dans les zones d’habitation et les plantations denses. Les mesures à adopter vont donc consister à :

  • Éliminer les eaux stagnantes. Les habitations regorgent d’endroits où l’eau a tendance à stagner. Pour citer quelques exemples, les récipients, réservoirs, pots, bidons, pneus, dessous de terrasses, ou gouttières affaissées peuvent accumuler l’eau même en période estivale.
  • Tailler les buissons, bambous, et autres végétaux qui créent des zones ombragées. Les plantes grimpantes doivent également être surveillées. Les fossés mal taillés sont quand à eux un endroit idéal pour la reproduction et la vie du moustique.
  • Un autre moyen naturel consiste à ventiler l’habitat et à installer des plantes naturellement répulsives au bord des fenêtres (citronnelle, mélisse, thym citron, etc.).

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Hadrien V., Pharmacien


Sources :
Zika, le virus qui menace les bébés brésiliens, Claire Gatinois, Le Monde, 7 décembre 2016
Virus Zika : les infections se multiplient en Martinique et en Guyane, Rédaction d’Allo Docteur, FranceTV Info, 18 janvier 2016
Zika Virus Case Confirmed in Texas, Fiona Ortiz, Reuters, Drug Discovery & Development, 13 janvier 2016
Zika virus infection in a traveller returning from the Maldives, EM Korhonen and al., Euro Surveillance, 14 janvier 2016
Protection personnelle anti-vectorielle, ARS Haute-Normandie, consulté le 15 janvier 2016