Traitement des seniors : attention à la polymédication !

Actualités Santé des séniors

Rédigé par Deborah L. et publié le 22 mai 2022

Les seniors pouvant souffrir de plusieurs pathologies à la fois, leur prise en charge passe par de nombreux traitements médicamenteux. Or cette polymédication n’est pas sans risque car elle les expose à de multiples effets indésirables. D’où la nécessité d’une prescription optimale et régulièrement réévaluée pour le traitement des seniors.  

seniors lisant son traitement médical

Les risques de la polymédication

La polymédication se définit par la prise de façon chronique d’au moins cinq médicaments différents par jour. Elle concerne 80 % des plus de 75 ans. Il faut dire qu’avec l’âge peuvent se développer de multiples pathologies qui nécessitent la mise en place concomitante de différents traitements médicamenteux.

Or, la polymédication quotidienne n’est pas sans risque pour le patient âgé. Elle l’expose en effet à des effets indésirables dont la fréquence et la gravité augmentent avec l’âge (fatigue, chutes, confusion).

À savoir ! Les familles de médicaments les plus souvent concernées par la problématique des effets indésirables sont les antithrombotiques, les hypoglycémiants, les psychotropes et les antalgiques.

La polymédication doit donc être appropriée. Elle demande aussi une prise en charge du patient dans sa globalité, en évitant les interactions médicamenteuses dangereuses ainsi que les traitements inutiles.

Traitement des seniors : nécessité d’une prescription juste et optimale

La juste prescription implique une analyse précise des indications, des doses et des durées de traitements. En pratique, comment évaluer la pertinence d’une prescription ? En estimant la balance bénéfice/risque des traitements mis en place au regard des pathologies du patient. Cette approche permet ainsi de détecter les prescriptions qui ne sont pas optimales, que ce soit par excès ou par défaut.

À savoir ! En gériatrie, deux familles de médicaments font régulièrement l’objet de sur-traitement : les benzodiazépines et les inhibiteurs de la pompe à protons. A contrario, la prise en charge de patients souffrant d’ostéoporose est souvent sous-optimale.

Les praticiens devront ainsi réévaluer régulièrement leurs prescriptions en fonction de :

  • L’évolution des pathologies ;
  • L’apparition de nouvelles comorbidités ;
  • L’autonomie du patient, son âge et son espérance de vie.

Un bilan minimal annuel sera le bienvenu pour explorer une éventuelle anémie voire une insuffisance rénale ou hépatique.

À savoir ! Certains traitements médicamenteux sont à éviter chez les personnes âgées en raison de leur rapport bénéfice/risque défavorable et/ou de leur efficacité discutable. Ces médicaments sont répertoriés en Europe par un outil de référence : l’échelle STOPP-START.

Alléger l’ordonnance grâce à la déprescription

L’allègement d’ordonnance ou « déprescription » ne peut être envisagé qu’à la suite d’une réévaluation minutieuse de l’ordonnance. Ce qui implique de vérifier le diagnostic et l’intégralité des traitements pris par le patient.

Par ailleurs, la déprescription s’appuie sur une approche pluri-professionnelle. Elle s’attachera à garder le patient au cœur de la prise en charge. Il est en effet primordial de rester à l’écoute de son ressenti et d’assurer de son adhésion et de celle de son entourage.

La déprescription devra enfin se faire préférentiellement de manière progressive en cessant de prescrire les médicaments un par un. L’objectif étant de mieux interpréter les effets indésirables liés au sevrage et ceux en lien avec la disparition d’une interaction médicamenteuse. Cette approche souligne le caractère indispensable de l’accompagnement des seniors polymédiquées vulnérables aux effets indésirables du traitement qu’ils suivent.

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Sujet âgé : la juste prescription. vidal.fr. Consulté le 18 mai 2022.