Un risque accru de lymphome lié au traitement des MICI ?!

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Rédigé par Estelle B. et publié le 1 décembre 2017

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) affectent le plus souvent les enfants et les jeunes adultes des pays industrialisés. Parmi les traitements, les biothérapies représentent actuellement un traitement de choix lorsque la maladie est évolutive. Or une étude récente suggère que certains de ces médicaments immunomodulateurs, les anti-TNF-alpha, pourraient accroître le risque de survenue d’un lymphome.

Lymphome MICI anti-tnf

Les anti-TNF-alpha dans le traitement des MICI

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, les MICI, regroupent deux grandes pathologies :

Ces pathologies se caractérisent par une inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif, associée à un dérèglement du système immunitaire digestif.

Actuellement aucun traitement ne permet de guérir les MICI, mais les médicaments utilisés permettent chez la plupart des patients de contrôler l’évolution de la maladie, en prévenant l’apparition des poussées aigües et en prolongeant les phases de rémission. Il est ainsi possible de maintenir la qualité de vie des patients en dehors des poussées.

Parmi les médicaments proposés, les immunomodulateurs sont prescrits aux patients dont la maladie est évolutive. Ces médicaments permettent de réguler l’immunité digestive des patients, pour réduire l’inflammation à long terme. Les plus utilisés aujourd’hui sont les anti-TNF-alpha et les anti-interleukine 12 et 23, qui sont efficaces chez environ 70 % des patients.

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Les anti-TNF-alpha

Les anti-TNF-alpha utilisés dans le traitement des MICI sont les suivants :

  • L’infliximab;
  • L’adalimumab;
  • Le certolizumab pegol.

Ces trois médicaments sont des anticorps monoclonaux dirigés spécifiquement contre des facteurs d’inflammation impliqués dans les MICI. Efficaces rapidement, ils ont révolutionné le traitement de ces pathologies. Cependant, leur efficacité décroît dans le temps, ce qui nécessite de changer de médicaments après quelques années.

Par ailleurs, les anti-TNF-alpha sont également indiqués dans le traitement d’autres pathologies :

Malgré leurs bénéfices thérapeutiques, les anti-TNF-alpha ne sont pas dénués d’effets secondaires et exposent tous à des complications similaires :

  • Un risque infectieux, notamment par des agents pathogènes intracellulaires comme la tuberculose;
  • Des manifestations cutanées;
  • Une réaction d’hypersensibilité locale ou systémique (généralisée);
  • Le développement rare mais possible d’un lupus;
  • Rarement une insuffisance cardiaque chez les patients jeunes.

Concernant le risque de néoplasie (initiation d’un processus tumoral), leur prévalence chez les patients traités par anti-TNF-alpha semble en premier lieu proche de celle des patients n’en ayant pas reçu. Pourtant de récentes études semblent montrer un risque accru de lymphome.

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Un risque accru de lymphome ?!

L’ANSM, en collaboration avec l’AP-HP, a récemment mené une étude sur le risque de lymphome associé aux thiopurines et aux anti-TNF-alpha utilisés dans le traitement des MICI. Une large population de 189 289 patients a participé à cette étude. Les résultats montrent que les anti-TNF-alpha et les thiopurines, utilisés seuls, sont associés à un risque de survenue de lymphome multiplié par 2 à 3. En combinant ces deux traitements, le risque est alors multiplié par 6.

À savoir ! Les thiopurines sont des médicaments utilisés dans le traitement des MICI et sont représentés par deux principes actifs : l’azathioprine et la 6-mercaptopurine.

Si le risque de lymphome associé aux thiopurines était déjà établi, il demeurait mal connu pour les anti-TNF-alpha. Cette étude révèle que le traitement par anti-TNF-alpha est associé à un risque accru de lymphome, même si le risque à l’échelle individuelle reste faible. De plus, ces traitements sont actuellement les plus efficaces pour les MICI évolutives.

Portés à la connaissance des autorités de santé européennes, ces résultats pourraient avoir des conséquences sur les recommandations de prise en charge des MICI. Une nouvelle génération d’immunomodulateur spécifique de l’intestin, le vedolizumab, particulièrement bien toléré, vient d’arriver sur le marché et pourrait ainsi trouver sa place dans l’arsenal thérapeutique des MICI.

Parallèlement, des études similaires pourraient être nécessaires pour évaluer le risque de lymphome en lien avec les anti-TNF-alpha prescrits pour d’autres pathologies que les MICI.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Utilisation pratique des anticorps monoclonaux anti-TNF au cours des maladies inflammatoires de l’intestin. Allez, M. 2008. Gastroentérologie Clinique et Biologique Volume 32, n° 5P1 : pages 467-477.
– Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Dossier INSERM. Février 2016.
– Association Between Use of Thiopurines or Tumor Necrosis Factor Antagonists Alone or in Combination and Risk of Lymphoma in Patients With Inflammatory Bowel Disease. Lemaitre, Magali and al. 2017.