Plus de 300 000 personnes sont décédées dans le monde depuis le début de l’épidémie de COVID-19. Des dizaines d’essais cliniques sont actuellement menés pour tenter de trouver un traitement efficace et sûr contre l’infection par le SARS-CoV-2. Une récente étude clinique de phase 2 menée à Hong-Kong met en avant une trithérapie prometteuse. Explications.
Vers un traitement contre la COVID-19
Actuellement, en parallèle de la mise au point d’un vaccin contre le SARS-CoV-2, plusieurs options thérapeutiques sont explorées contre la COVID-19. Sur l’ensemble des études cliniques menées dans le monde, l’une d’elles vient d’aboutir à des résultats prometteurs. L’étude multicentrique, randomisée, ouverte, a inclus 124 patients, dont le diagnostic de COVID-19 avait été confirmé par un test de dépistage. Ils présentaient des symptômes de la maladie depuis moins d’une semaine.
Ces patients ont été aléatoirement répartis en deux groupes :
- Un groupe de 86 patients traités par une trithérapie de 14 jours basée sur les médicaments suivants :
- L’association lopinavir / ritonavir (400 et 100 mg respectivement) toutes les 12 heures par voie orale ;
- ribavirine 400 mg toutes les 12 heures par voie orale ;
- Une à trois injections sous cutanées d’interféron béta-1b à la dose de 8 millions d’UI espacées de 48 heures.
- Un groupe de 41 patients constituant le groupe contrôle et recevant pendant 14 jours l’association lopinavir / ritonavir (400/100 mg).
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Une réduction plus rapide de la charge virale
Les patients recrutés dans l’étude présentaient fréquemment d’autres pathologies que la COVID-19 :
- Une hypertension artérielle ;
- Des troubles lipidiques ;
- Un diabète.
Les principaux symptômes des patients étaient la fièvre, la toux et des expectorations. En moyenne, le traitement était instauré 5 jours après le début des symptômes.
Les résultats de l’étude ont mis en évidence que la charge virale au niveau nasopharyngé diminuait plus rapidement sous trithérapie que dans le groupe contrôle (7 jours en moyenne contre 12 jours). Cet effet de la trithérapie se vérifiait pour les autres types de prélèvement, pour les marqueurs de l’inflammation (comme l’interleukine-6 impliquée dans la réponse inflammatoire excessive au virus) et au niveau de l’amélioration clinique des patients.
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Une efficacité et une tolérance prometteuses
En moyenne, la durée d’hospitalisation sous trithérapie était de 9 jours, contre 14,5 jours dans le groupe contrôle. L’oxygénothérapie s’est avérée nécessaire pour 14 et 12 % des patients des groupes trithérapie et contrôle. Et seul un patient du groupe contrôle a nécessité une intubation et une ventilation invasive.
Sur le plan de la tolérance, le taux d’effets indésirables était similaire dans les deux groupes de patients et étaient principalement représentés par des nausées et des diarrhées transitoires. Les résultats de cette étude clinique de phase 2 révèlent l’intérêt d’une trithérapie lopinavir/ritonavir, ribavirine, interféron contre la COVID-19. Ces conclusions prometteuses devront néanmoins être confirmées par un essai clinique de phase 3.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Triple combination of interferon beta-1b, lopinavir–ritonavir, and ribavirin in the treatment of patients admitted to hospital with COVID-19: an open-label, randomised, phase 2 trial. The Lancet. Consulté le 17 mai 2020.