Une consommation d’alcool plus forte dans les pays froids

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Rédigé par Julie P. et publié le 15 décembre 2018

Existe-t-il un lien entre le niveau de consommation d’alcool et le climat ? C’est en voulant répondre à cette question que des médecins spécialistes des maladies hépatiques de l’université de Pittsburgh ont commencé une étude basée sur les données publiques d’une multitude de pays. Verdict ? Un thermomètre bas et un taux d’ensoleillement faible augmentent le niveau d’alcool consommé et par conséquent, les maladies associées à l’abus d’alcool.  Retour sur les travaux publiés dans la revue Hepatology.

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Plus le mercure descend, plus la consommation d’alcool augmente

Même s’il est communément admis que vivre dans des contrées glacées comme la Russie est propice à boire de l’alcool très régulièrement, aucune étude exhaustive n’a été faite sur le sujet.

Pour remédier à cela et s’appuyer sur les faits, une équipe dirigée par Meritxell Ventura-Cots du centre de recherche sur le foie de Pittsburgh, a réuni et analysé statistiquement un nombre important de données cliniques internationales pour mettre en lien la consommation moyenne d’alcool et le climat.

De plus, ils ont également examiné, dans ces 193 pays, la prévalence de la cirrhose causée par une consommation excessive d’alcool.

Selon l’équipe, l’étude a révélé des disparités fortes entre les pays étudiés, mais aussi, des différences à l’intérieur d’un même pays.

Ainsi, en Europe, les Ukrainiens boivent 13,9 litres d’alcool par habitant et par an, tandis que les Italiens en boivent 6,7 litres par habitant.

Aux États-Unis, les habitants du Montana ont bu 11,7 litres d’alcool par habitant et par an, contre 7,8 litres pour les habitants de la Caroline du Nord, région où les températures sont plus clémentes.

En modélisant leurs données sur une carte du monde, ils ont mis en évidence que la consommation d’alcool augmentait à mesure que la température et l’ensoleillement diminuaient.

Ces facteurs climatiques étaient également liés à la consommation excessive d’alcool et à la prévalence de maladies hépatiques, l’une des principales causes de mortalité chez les patients présentant une addiction à l’alcool.

 » Nous n’avons trouvé aucun article établissant un lien entre le climat, la consommation d’alcool et la cirrhose alcoolique. Il s’agit de la première étude qui démontre systématiquement que partout dans le monde et aux États-Unis, dans les régions plus froides et moins ensoleillées, il y a plus d’alcool et de cirrhose alcoolique «  précise Ramon Bataller, chef d’hépatologie à l’Université de Pittsburgh et superviseur de cette étude.

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Comment expliquer que le climat joue un rôle dans la consommation d’alcool ?

Plusieurs raisons viennent expliquer ce constat montrant qu’un climat froid donne davantage envie de boire plusieurs verres de vodka ou de vin chaud.

Les chercheurs avancent plusieurs hypothèses :

  • L’alcool augmente la sensation de chaleur. Grâce à son action vasodilatatrice, l’alcool augmente le flux sanguin sur la peau sur laquelle se trouvent des capteurs de température.
  • Le froid et les durées d’ensoleillement réduites favorisent la dépression qui, à son tour, peut provoquer une attraction importante pour l’alcool ;
  • Les régions froides peuvent être géographiquement isolées et l’ennui (voire la dépression provoquée par cet isolement) pourrait favoriser le recours abusif à l’alcool.

Pour Timothy Stockwell, professeur à l’Université de Victoria et directeur de l’Institut canadien de recherche en toxicomanie : « Cela a été bien fait, mais je pense qu’il y a beaucoup de questions. Cela soulève plus de questions que de réponses. Il faudrait désormais comprendre comment les facteurs d’éloignement interviennent. En d’autres termes, les habitants des petites communautés du Nord boivent-ils parce qu’il fait froid et sombre, ou parce qu’il n’y a rien d’autre à faire pour s’amuser ? « .

Cette remarque est d’autant plus pertinente que la carte des chercheurs montre que certains territoires isolés en Australie affichent des taux de consommation d’alcool très importants.

Même s’il faut poursuivre cette étude pour mettre en lumière quelques points et identifier d’autres facteurs aggravant la consommation d’alcool, cette étude va permettre de mettre en place des campagnes de prévention plus ciblées vers ces populations soumises au froid.

Par ailleurs, les chercheurs rappellent que 5 % des décès dans le monde sont causés par l’abus l’alcool et que le nombre de décès par cirrhose est en augmentation, en particulier, chez les 25 à 34 ans.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Study finds a relationship between cold weather and drinking alcohol. MedicalXpress. Stacey Burling. Consulté le 5 décembre 2018.
– Colder, darker climates increase alcohol consumption and liver disease. MedicalXpress. Stacey Burling. Consulté le 6 décembre 2018.
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