Une toxine marine responsable d’intoxications après l’inhalation d’embruns

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Rédigé par Alexia F. et publié le 8 février 2022

Découvertes en France en 2018, les brévétoxines, toxines marines produites par des microalgues rouges, sont responsables de troubles sanitaires et environnementaux majeurs. Elles avaient d’abord été repérées comme causes d’intoxications après l’ingestion de mollusques contaminés. Un rapport, publié début février par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), met en lumière les conséquences de l’inhalation d’embruns contaminés par la brévétoxine. Eternuements, irritations de la gorge, de la peau ou des yeux, autant de symptômes qui font de la toxine marine un problème de santé publique préoccupant.

Une toxine marine responsable d’intoxications après l’inhalation d’embruns

Les brévétoxines, qu’est-ce que c’est ?

Les brévétoxines (BTX) ont été détectées pour la première fois en France en 2018 dans des moules élevées en Corse. Ce sont des neurotoxines produites par des microalgues marines proliférant lors de marées dites « rouges ». Elles présentent une grande toxicité, notamment pour la faune marine, du fait qu’elles induisent le blocage de la propagation de l’influx nerveux au sein de l’organisme.

Les marées rouges sont un type d’efflorescence algale, c’est-à-dire d’augmentation relativement rapide de la concentration d’une espace d’algues. Cette prolifération se traduit par une coloration de l’eau due aux pigments contenus dans les microalgues.

L’augmentation de la prolifération de ces algues est un phénomène naturel régulé par les périodes d’ensoleillement, la température de l’eau et les courants marins. En revanche, le phénomène peut être favorisé par des pollutions d’origine terrestre et causées par l’activité humaine (notamment les nitrates et les phosphates qui sont ramenés dans les étendues d’eau par les courants). En cas de pollution, les proliférations d’algues intenses et longues peuvent conduire à des « zones mortes » en raison de la consommation de la totalité de l’oxygène dissout dans l’eau par les algues ou d’émissions de toxines.

Les brévétoxines, toxine marine impactant l’environnement et la santé

Devenues nuisibles dans certaines régions, la forte concentration en algues rouges engendre plusieurs conséquences sur les écosystèmes. Elle peut conduire à des épisodes de mortalité massive de poissons, d’oiseaux marins, de tortues et de mammifères marins, notamment dans le Golfe du Mexique, mais elle touche également la faune terrestre qui se nourrit de poissons et qui s’abreuve dans les eaux contaminées. L’appauvrissement de l’eau en oxygène dérègle également les écosystèmes. Enfin, les BTX présentent des conséquences en matière de santé publique de plus en plus étudiées en France et en Europe.

Dans un rapport publié en début avril 2021, l’Anses revient sur les cas d’intoxication par la BTX suite à une ingestion de mollusques contaminés. Les mollusques ingèrent et accumulent la BTX présente dans leur environnement et celle-ci met à mal notre santé lorsque nous les consommons. On parle de Neurotoxic Shellfish Poisoning qui se traduit par des douleurs musculaires, des nausées, des diarrhées, des maux de tête et la sensation de chaud en touchant un objet froid et inversement. Dans les cas les plus fréquents, l’intoxication est bénigne. Elle provoque alors des picotements et un engourdissement du visage et des extrémités des membres. L’intoxication est rarement mortelle chez l’Homme. Le traitement proposé est un traitement de soutien visant à surveiller l’évolution des symptômes et à les gérer. Il n’existe actuellement pas d’antidote contre la BTX, mais des molécules sont à l’essai.

L’intoxication alimentaire par la BTX n’est pas la seule conséquence sanitaire d’une exposition à cette substance. Dans un rapport, paru début février 2022, l’Anses alerte sur les effets de l’inhalation d’embruns contaminés par la BTX au cours de baignades ou d’activités sur et à proximité des plages. En effet, l’inhalation d‘embruns contaminés peut provoquer des intoxications. Elles se traduisent par des éternuements, le nez qui coule et des irritations de la gorge. Également, en se déposant sur la peau et le visage, la BTX peut être responsable d’irritations cutanées et oculaires. Les professionnels qui travaillent sur les plages dans des zones à risque ou à proximité sont particulièrement exposés aux effets des embruns contaminés. Par ailleurs, les femmes enceintes, les personnes asthmatiques et toutes personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques présentent une sensibilité accrue aux effets des intoxications par inhalation de la BTX.

Une surveillance poussée est préconisée

Actuellement, en Europe, la BTX est considérée comme une toxine marine émergente. Elle n’est donc pas soumise à une réglementation particulière, contrairement à la Floride, l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou le Mexique où elle est classée comme toxine à risque avéré.

Dans ses rapports datant de 2021 et 2022, l’Anses demande un recueil conséquent de données sur la BTX. En effet, depuis janvier 2018, les taux de BTX sont seulement quantifiés dans les coquillages afin de protéger les consommateurs. D’ailleurs, la valeur du seuil pour les toxines présentes dans les mollusques avait été fixée par l’Anses à 180 µg/Kg de chair de coquillage.

En revanche, à ce jour, aucun relevé n’est réalisé dans l’eau. L’Anses préconise d’effectuer un plus grand nombre de mesures notamment via le suivi environnemental des sites de baignades situés à proximité des sites de surveillance où des espèces productrices de BTX ont été repérées. Ces connaissances permettront d’anticiper l’apparition des marées rouges sur le littoral français et de définir les mesures de gestions des littoraux les plus adaptées.

Alexia F., Docteure en Neurosciences

Sources
– Brévétoxines : l’inhalation d’embruns peut être responsable d’intoxications. anses.fr. Consulté le 6 février 2022.
– Brévétoxines dans les coquillages : proposition d’une valeur guide pour la protection des consommateurs. anses.fr. Consulté le 6 février 2022.
– Coquillages et crustacés mais sans brévétoxines. sciencesetavenir.fr. Consulté le 6 février 2022.
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