Grippe H5N1, vers une nouvelle pandémie ?

Alors que la page de la pandémie de Covid-19 est tournée, l’Europe et le monde cherchent à mieux s’organiser pour prévenir et réagir en cas de nouvelle pandémie. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) travaille avec les Etats membres sur un accord international sur les pandémies. Et surveille certains agents pathogènes à risque, en particulier le virus de la grippe aviaire H5N1, dont les premiers cas de transmission à l’homme ont été récemment détectés. Explications.  

Le virus grippal H5N1, une menace pour l’homme ? 

Il n’existe pas un mais quatre types de virus de la grippe, les types A, B, C et D. Les virus des types A et B sont responsables des épidémies saisonnières de grippe humaine, face auxquelles des vaccins sont proposés chaque année. Parmi les virus du type A, se trouvent des virus qui infectent différentes espèces animales, dont les volailles (grippe aviaire). Les virus du type A, lorsqu’ils deviennent capables de passer d’une espèce à l’autre, peuvent déclencher une pandémie de grippe.  

Chaque année, les autorités de santé publique surveillent de près les épidémies de grippe aviaire, en raison d’un risque possible de transmission à l’homme. Décrite en 1997, la souche grippale H5N1 de grippe aviaire (virus de type A) alerte les autorités de santé publique mondiales depuis quelques mois. En effet, elle ne se propage plus uniquement au sein des élevages de volailles, mais elle touche aussi les élevages bovins. Aux Etats-Unis, depuis le 25 mars 2024, le virus H5N1 a été détecté dans 36 troupeaux de vaches laitières. Et le 2 avril 2024, un premier cas humain a été décrit, chez une personne travaillant dans un élevage bovin infecté. Jusque-là, les seuls cas rapportés en Asie du Sud-Est concernaient des transmissions de volailles à humains.  

Un premier cas humain aux Etats-Unis 

La transmission du virus H5N1 aux bovins puis à l’homme fait craindre une adaptation du virus aux mammifères et aux humains, rendant possible une épidémie de grippe. Pour l’instant, le virus ne se transmet que des bovins à l’homme, mais il pourrait demain, à la suite de nouvelles mutations, se transmettre directement d’homme à homme. Un scénario qui pourrait donner naissance à une nouvelle pandémie, comme la pandémie du virus grippal H1N1 en 2009.  

Alors que les scientifiques se concentrent sur l’étude du virus et de ses capacités de transmission des volailles aux bovins, l’OMS fait d’ores et déjà le point sur les stocks de vaccins disponibles pour lutter contre ce virus grippal, absent des souches vaccinales utilisées lors des campagnes saisonnières de vaccination. Et les Etats concernés mettent en œuvre les mesures préventives adaptées pour limiter la transmission dans les élevages.  

Le monde se prépare à affronter une nouvelle pandémie 

L’inquiétude sur un agent pathogène émergent réveille les craintes de voir survenir une nouvelle pandémie à peine 4 ans après celle de la Covid-19. En Europe et à travers le monde, cette pandémie a fait prendre conscience d’une nécessaire préparation et d’une organisation collective pour faire face à ces enjeux majeurs de santé publique. Masques, gestes barrière, limitation des transports, confinements, … autant de mesures à adopter et à ajuster dans l’ensemble des pays touchés si une nouvelle menace apparaissait.  

Dès 2021, plus de 20 pays dans le monde se sont engagés à collaborer au niveau mondial pour se préparer, prévenir et répondre aux pandémies. Un accord international est en cours de préparation, sous l’égide de l’OMS, pour définir les grandes orientations de la lutte mondiale contre les pandémies. Le 3 mars 2022, le Conseil Européen a adopté une décision autorisant l’ouverture de négociations pour cet accord international. Après déjà neuf sessions de négociations entre les Etats, l’OMS appelle à trouver un accord international rapidement pour mettre en place les mesures avant qu’une nouvelle pandémie ne se profile à l’horizon.  

Estelle B., Docteur en Pharmacie