Haut potentiel intellectuel (HPI), haut potentiel émotionnel (HPE)

Jusqu’à récemment, certains enfants étaient qualifiés d’enfants précoces ou surdoués. Désormais, les spécialistes parlent d’enfants et d’adultes avec un haut potentiel intellectuel (HPI) ou un haut potentiel émotionnel (HPE). De quoi s’agit-il ? Comment reconnaître le haut potentiel dès l’enfance ? Comment accompagner ces enfants dans leur scolarité, leur vie sociale et affective ?

D’enfants surdoués ou précoces aux enfants et adultes à haut potentiel

Longtemps, les enfants dits « surdoués » ou « précoces » ont été l’objet de nombreuses idées reçues dont certaines persistent encore aujourd’hui. Les progrès des neurosciences et de la neuropsychologie ont permis de mieux comprendre les capacités intellectuelles et émotionnelles de ces enfants et de définir de nouveaux contextes :

• Les enfants à haut potentiel intellectuel (HPI);
• Les enfants à haut potentiel émotionnel (HPE).

Être à haut potentiel n’est pas une maladie. Il désigne des capacités de l’enfant différentes de la moyenne des autres enfants de sa classe d’âge. Un enfant peut être HPI uniquement, HPE uniquement ou encore HPI et HPE. Tous les situations existent. Il faut également savoir que le haut potentiel ne concerne pas que les enfants. Les enfants HPI ou HPE deviennent ensuite des adultes HPI et HPE.

À savoir ! Un autre terme est parfois utilisé pour décrire les enfants à haut potentiel : la surdouance

Qu’est-ce que le Haut Potentiel Intellectuel (HPI) ?

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a défini le HPI comme le fait d’avoir un quotient intellectuel (QI) supérieur ou égal à 130. En France, cette situation pourrait concerner plus de 200 000 enfants. Mais résumer le HPI au seul critère du QI apparaît une vision réductrice du Haut Potentiel. Les enfants HPI semblent posséder des capacités cognitives supérieures à celles des enfants du même âge.

En pratique, certains signes peuvent être évocateurs d’un haut potentiel intellectuel et doivent interpeler les parents ou les adultes qui encadrent l’enfant (assistante maternelle, personnel de crèche, enseignant, …), entre autres :

• Une créativité forte ;
• Une hypersensibilité aux émotions et aux sensations ;
• Une empathie développée ;
• Des capacités cognitives accrues (logique, pensée, lucidité, …) ;
• Un sentiment de décalage par rapport aux enfants de son âge ;
• Un idéalisme et un perfectionnisme ;
• Une appétence importante pour les activités intellectuelles.

De tels signes, surtout s’ils sont associés, doivent amener à en parler avec un professionnel (médecin, pédiatre, psychologue). Plusieurs tests sont utilisés pour déterminer le quotient intellectuel, en fonction de l’âge :

• Le WPPSI-IV pour les jeunes enfants ;
• Le WISC-V pour les enfants et les adolescents ;
• La WAIS-IV pour les adultes.

Mais la détermination du QI n’est pas le seul critère retenu pour évaluer le haut potentiel intellectuel. Un bilan complet coordonné par le médecin et un (pédo)psychiatre est nécessaire pour confirmer que l’enfant ou l’adulte est HPI.

Si le haut potentiel intellectuel n’est pas une maladie, il est considéré comme une forme de neuro-atypie. Les imageries cérébrales révèlent un fonctionnement neurologique différent chez les HPI, par rapport aux personnes sans haut potentiel.

À savoir ! Certains HPI n’ont pas un QI supérieur à 130, mais révèlent des capacités cognitives supérieures à la moyenne de leur classe d’âge pour certaines compétences cognitives, par exemple le raisonnement logique ou la mémoire à court terme. Les spécialistes parlent alors de surdouance locale. De telles situations expliquent pourquoi la seule détermination du QI ne suffit pas à décrire le HPI. Certains sites internet proposent de s’auto-diagnostiquer avec un simple test de QI. Il ne faut pas se fier à ces sites et consulter en cas de signes évocateurs d’un haut potentiel

Le décalage ressenti par le HPI par rapport aux personnes de son âge peut entraîner une grande souffrance psychologique et des situations complexes dans la scolarité, les activités extra-scolaires et plus tard au cours des études ou de la vie professionnelle. L’identification et l’accompagnement des personnes HPI sont déterminants pour soulager cette souffrance et permettre aux HPI d’évoluer sereinement au cours de l’enfance puis de l’âge adulte.

Qu’est-ce que le Haut Potentiel Émotionnel (HPE) ?

Comme le haut potentiel intellectuel, le haut potentiel émotionnel (HPE) correspond à des capacités supérieures aux personnes de la même classe d’âge cette fois dans le domaine des émotions. Le test central pour évaluer les compétences émotionnelles est le QE, le Quotient Emotionnel. Historiquement, l’intelligence a longtemps été caractérisée uniquement par les capacités cognitives, c’est-à-dire par le QI. Plus récemment, l’intelligence émotionnelle a été découverte, décrite et déterminée et a permis de mettre en évidence des personnes HPE, aux aptitudes émotionnelles très développées.

À savoir ! Il est parfois difficile de délimiter les frontières entre HPI et HPE. L’avancée des connaissances en neurosciences pourrait également changer ces limites. Certains experts évoquent l’existence d’un Haut Potentiel Créatif (HPC), pour les personnes présentant des aptitudes très élevées dans le domaine de la créativité et de l’intelligence créative

Comme pour les personnes HPI, certains signes peuvent faire évoquer un HPE, notamment :

• Une hypersensibilité aux émotions et aux sensations ;
• L’empathie ;
• Le perfectionnisme et l’idéalisme ;
• Des compétences intuitives ;
• Une sensibilité à l’injustice ;
• Une activité de réflexion importante ;
• Une résilience.

La plupart de ces signes sont communs avec les signes de l’HPI. Seul le bilan complet émotionnel et de personnalité, ainsi que la détermination du QE et du QI permettent de déterminer si une personne est HPI, HPE ou HPI et HPE. Un seul test, proposé en ligne par certains sites internet, ne suffit pas à déterminer le haut potentiel.

Comme pour les HPI, les HPE se sentent en profond décalage avec les autres personnes de leur âge, qu’elles soient enfants ou adultes. Comprendre l’origine de ce décalage en sachant qu’ils sont haut potentiel, leur permet d’acquérir des clés pour mieux se connaître et mieux s’adapter à toutes les situations de la vie quotidienne.

A savoir ! Souvent on pense que les personnes haut potentiel sont précoces et qu’il faut donc « faire sauter » des classes aux enfants HPI ou HPE. Ce n’est pas aussi simple en réalité, car si un enfant HPI a des capacités cognitives supérieures aux enfants de son âge, il a aussi une hypersensibilité qui peut compliquer ses relations avec les autres. La décision de changer l’enfant de niveau scolaire n’est donc pas toujours la meilleure solution pour l’enfant.

Estelle B., Docteur en Pharmacie