Le terme hypospadias est un héritage du grec « hypo » qui signifie en dessous et « spade » que l’on traduit par ouverture. L’hypospadias est l’affection la plus fréquente du pénis. Elle concerne, en effet, entre 1 et 8 enfants sur 1000. Cette anomalie morphologique de l’appareil génital se traduit par la présence du méat urinaire au mauvais endroit. Au lieu d’être au bout du gland, celle-ci est parfois sous le gland, au milieu du pénis ou au niveau du scrotum. D’autres symptômes peuvent être associés comme un micropénis ou une ectopie testiculaire (aussi appelée cryptorchidie). Une intervention chirurgicale peut s’avérer nécessaire dans les mois qui suivent la naissance.
Définition et symptômes de l’hypospadias
Qu’est-ce que l’hypospadias ?
Les malformations affectant le pénis représentent la majorité des malformations génito-urinaires lors des consultations en service d’urologie pédiatrique. Heureusement, dans la majorité des cas, le préjudice n’est qu’esthétique. Les fonctions urinaires ou sexuelles sont plus rarement affectées. Ce type de malformations est majoritairement détecté à la naissance, ou au plus tard dans la petite enfance.
L’hypospadias, aussi appelée hypospade, est une malformation congénitale rare présente uniquement chez les petits garçons.
À noter ! On observe, tout de même, depuis plusieurs années, une augmentation des malformations génitales, dont l’hypospadias. L’une des hypothèses les plus probables évoque l’exposition aux pesticides pour expliquer l’augmentation du nombre de cas dans la population.
L’hypospadias est caractérisé par une anomalie morphologique du méat urinaire. Celui-ci ne se trouve pas à l’extrémité du pénis comme il le devrait, mais au niveau de la verge. L’hypospadias correspond à un développement incomplet des tissus constituant la face ventrale de la verge. Il peut être associé à une courbure du pénis et un développement incomplet du prépuce. Dans les cas les moins sévères, le méat urinaire est proche du sommet du pénis. A l’inverse, il se rapproche de la base du pénis dans les cas les plus sévères.
L’origine de l’anomalie congénitale reste encore inconnue. Les hypothèses sont variées. Un défaut de développement du pénis entre la 8ème et 14ème semaine de gestation est évident, mais d’autres facteurs sont également évoqués. De plus en plus de scientifiques parlent d’une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux. En effet, l’hypospadias serait héréditaire dans 10% des cas.
Par ailleurs, plusieurs facteurs de risque ont été identifiés, tels que :
- Le surpoids, l’âge de la mère, ou le recours à des traitements hormonaux durant les premiers mois de grossesse ;
- Une exposition in utéro à certains perturbateurs endocriniens présents dans les pesticides, des détergents, les peintures et les solvants.
Quels symptômes ?
L’ouverture du méat urinaire peut se former à plusieurs endroits de l’urètre. On distingue plusieurs formes cliniques d’hypospadias :
- L’hypospadias balanique ou antérieur qui se traduit par une ouverture sous le gland. C’est le type d’hypospadias le plus fréquent, et le moins grave ;
- L’hypospadias pénien est caractérisé par une ouverture au milieu du pénis;
- L’hypospadias péno-scrotal qui se manifeste par une ouverture au niveau du scrotum.
Généralement, l’hypospadias est associé à d’autres anomalies :
- Une ectopie testiculaire, l’un des testicules n’est pas totalement descendu dans le scrotum ;
- Une miction anormale, le patient est dans l’obligation de s’assoir pour uriner ;
- Une courbure au niveau du pénis;
- Un micropénis.
Diagnostic et traitement de l’hypospadias
Quel diagnostic ?
Le diagnostic d’un hypospadias est clinique. Il est réalisé par un médecin spécialisé en urologie.
Il repose, en effet, sur la présence de plusieurs symptômes caractéristiques comme la position anormale du méat urinaire ou l’aspect caractéristique des tissus constituants la face ventrale du pénis.
Par ailleurs, la présence de certains symptômes associés (courbure et taille anormale, du pénis, etc.) permet de confirmer le trouble.
Fréquemment, il est observé chez le nourrisson un prépuce incomplet associé à un méat urinaire correctement localisé. On parle dans ce cas d’hypospadias raté ou avorté.
Lorsqu’un hypospadias n’est pas diagnostiqué dès la naissance, il arrive parfois qu’un adulte consulte de lui-même. Dans ce cas, le médecin commence par poser diverses questions dans le but d’évaluer l’impact du trouble sur la qualité de vie du patient :
- Les érections du patient sont-elles droites ?
- Urine-t-il normalement ?
- La localisation du méat urinaire est-elle problématique ?
Quel traitement ?
Dans le cas où un traitement s’avère nécessaire, il est chirurgical. L’intervention est effectuée dans les mois qui suivent la naissance, entre l’âge de 3 et 18 mois. Elle est pratiquée sous anesthésie générale au sein d’un service spécialisé en chirurgie pédiatrique.
À noter ! L’objectif de la chirurgie peut être fonctionnelle ou esthétique. En effet, dans beaucoup de cas l’intervention chirurgicale est pratiquée pour permettre au patient d’avoir un pénis de forme et d’aspect plus normal.
Plusieurs types de chirurgie peuvent être pratiqués. Néanmoins, la spongioplastie est l’option privilégiée. Cette opération est réalisée en plusieurs étapes :
- En premier, la divergence spongieuse est corrigée ;
- Ensuite, l’ouverture du méat urinaire est relocalisée correctement et l’urètre est déplacée vers le gland. On parle d’urétroplastie ;
- La courbure du pénis est modifiée. Elle consiste à redresser la verge en réalisant une dissection de la face ventrale du pénis ;
- Enfin, la peau autour du méat urinaire est réparée ;
- Une ablation ou une reconstruction du prépuce, et la réparation des tissus environnants.
L’enfant est généralement hospitalisé plusieurs jours, entre 1 et 6 jours. Une sonde urinaire est mise en place au niveau de l’urètre pour permettre au patient d’uriner sans douleur durant la cicatrisation. Il est normal que la verge soit tuméfiée et rouge suite à l’intervention. Il faut environ 1 mois pour que celle-ci retrouve un aspect normal. Des antidouleurs sont prescrits pour le soulager dès son réveil.
Les principales complications de l’intervention sont :
- Un œdème ou des hématomes. Bien qu’ils puissent être inquiétants, ils ne reflètent en rien le résultat final ;
- Une sténose (ou rétrécissement) de l’urètre ;
- Une fistule. Cette dernière correspond à la création anormale d’un point de communication entre l’urètre et la peau ;
- Un risque infectieux comme pour toutes interventions, bien qu’il soit rare en pratique ;
- La nécessité d’un nouvel acte chirurgical quelques années après la première intervention. En effet, la correction de la courbure du pénis est une intervention chirurgicale compliquée ;
- La nécessité d’une seconde posthectomie (ablation du prépuce) car la reconstruction du prépuce peut se dégrader avec le temps.
Un hypospadias non opéré peut induire des troubles urinaires (difficultés à uriner debout) ou sexuels (douleur pendant les rapports) chez l’adulte.
Concernant l’hypospadias avorté, le traitement chirurgical n’est pas obligatoire. Une reconstruction du prépuce ou une ablation du prépuce (posthectomie) peut être suffisante.
L’intervention chirurgicale n’est pas recommandée après la puberté, d’autant plus si le patient a vécu avec jusqu’à l’âge adulte. Ces hommes-là ont, par ailleurs, une vie généralement normale, et une érection convenable.
Charline D., Docteur en pharmacie
– Les malformations congénitales du pénis. urofrance.org.