10,5 millions de français souffrent d’écoanxiété

Par |Publié le : 5 mai 2025|Dernière mise à jour : 1 mai 2025|4 min de lecture|

Inondations à répétitions, feux incontrôlables, sécheresse grandissante des terres arables, recul de la biodiversité…la dégradation des équilibres environnementaux est source d’anxiété pour 10,5 millions de Français. Retour sur les conclusions du rapport de l’ADEME, l’Agence pour la transition écologique.

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Qu’est-ce que l’écoanxiété?

Sur le plan médical, aucune définition consensuelle n’existe sur le terme de l’écoanxiété. Il ne s’agit pas d’un diagnostic psychiatrique référencée au DSM-5, le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux dont la dernière édition date de 2013.

Selon l’American Psychological Association (APA) ou Association Américaine de psychologie, l’écoanxiété est assimilable à une peur chronique d’une catastrophe environnementale.

Les différentes définitions s’accordent généralement sur deux points : un sentiment de préoccupation, d’inquiétude, d’anxiété et d’angoisse ressenti par certains individus qui est provoqué par des bouleversements actuels ou bien par des menaces qui pèsent sur l’environnement, et en particulier au dérèglement climatique. 

Différentes écoles existent sur le sujet : certains pensent que l’écoanxiété touche des personnes ayant un terrain favorable à la survenue de l’anxiété et le changement climatique serait un motif propulsant l’expression de leur anxiété. D’autres pensent, au contraire, que les personnes les plus susceptibles de développer de l’écoanxiété ont une connexion particulière à la Nature et n’ont pas, initialement, une anxiété exacerbée.

Cette deuxième vision a d’ailleurs été mise en avant dans deux études. L’une, réalisée en Australie en 2021, a montré que la population la plus sensible à l’écoanxiété concerne les enfants, les jeunes adultes et les populations indigènes. Une autre, menée par Sciences Po Grenoble en 2021 avait mis en évidence que les « écoanxieux » sont une population majoritairement jeune, urbaine, féminisée et éduquée, mais sans trouble d’anxiété particulier.

Ecoanxiété : un impact plus important chez les jeunes

Dans son étude, publiée le 15 avril, l’ADEME, a interrogé un échantillon représentatif de la population française de 998 personnes âgées de 15 à 64 ans.

Le rapport indique d’abord que ce mal-être n’affecte pas tout le monde avec le même impact. Sur les 10,5 millions de Français se disant concernés par 6,3 millions seraient « moyennement touchés », 2,1 millions « fortement touchés » et 2,1 autres millions « très fortement touchés ».

Selon l’ADEME, 420 000 personnes « seraient en risque psychopathologique » car leurs angoisses liées à la dégradation de l’environnement pourraient provoquer une dépression ou un trouble anxieux.

L’écoanxiété affecte tous les âges, mais ce sont les moins de 34 ans qui sont davantage touchés : dans la population générale, 5% sont très fortement écoanxieux contre 8% pour les moins de 24 ans et 10 % pour les 25-34 ans.

 Sont concernés fortement et très fortement par l’écoanxiété, 13% des 15-24 ans et 13% des 25-34 ans, 11% des 35-49 ans et 6% des 50-64 ans.

Le genre est aussi un facteur déterminant sur le niveau d’écoanxiété. Bien que les femmes aient tendance à être davantage en proie à l’écoanxiété (58 %) que les hommes (42 %), ces derniers sont plus susceptibles de présenter des symptômes plus sévères d’angoisse.

Les urbains diplômés sont plus écoanxieux

Plus on vit dans une grande ville, plus l’écoanxiété est forte. Parmi l’ensemble des régions, c’est dans les villes de plus de 100 000 habitants et en Île-de-France que les individus sont le plus angoissés par les changements climatiques. 9% des personnes vivant en milieu rural sont fortement ou très fortement ecoanxieux contre 12% en agglomération parisienne.

Plus on est diplômé, plus le risque d’être écoanxieux est grand. Par exemple, 20 % des personnes qui ont un niveau bac pro sont concernées contre 34 % pour les bac+3 et 35 % pour les bac+4 et bac+5.

Dans ses conclusions, l’ADEME rappelle d’abord que « l’écoanxiété est une réponse légitime (et non irrationnelle) au regard de la crise environnementale ».

Pour préserver la santé mentale des écoanxieux, elle plaide pour que l’État poursuive ses efforts en matière de transition écologique et qu’ « il faut se rendre à l’évidence que l’écoanxiété est un enjeu de santé mentale, voire de santé publique, qui pourrait susciter une réflexion complète des institutions publiques en matière de prévention puis de prise en charge pour certains individus ».

Le rapport préconise par ailleurs de permettre aux citoyens français de réaliser un autodiagnostic qui pourrait donner suite à une prise en charge psychologique. Il recommande également de créer une chaire de recherche sur l’écoanxiété, mettant en lien chercheurs et professionnels en santé mentale.

Sources
– L’éco-anxiété, une maladie mentale, vraiment ?. presse.inserm.fr. Consulté le 22 avril 2025.
– L’écoanxiété ronge 10,5 millions de Français. reporterre.net. Consulté le 22 avril 2025.

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Julie P.
Journaliste scientifique
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