La dépression est une affection mentale qui concerne près de 280 millions de personnes dans le monde. L’anxiété concerne plus de 20% de la population. Une prise en charge psychologique et médicamenteuse efficace permet de lutter contre ces troubles.
La dépression et l’anxiété en Europe
Qu’est-ce que la dépression ?
La dépression est une maladie très répandue, dont les conséquences sur la vie sociale, professionnelle et affective des malades sont souvent importantes. Il s’agit d’une maladie psychosomatique dû à un dérèglement de l’humeur.
Il existe plusieurs types de dépressions :
- Névrotique / Psychotique : la dépression névrotique est une forme atténuée ou mineure de la dépression psychotique dans laquelle le contact avec la réalité est gravement altéré, jusqu’à l’émergence d’idées délirantes ;
- Psychogène / Endogène : la première est liée à des aspects psychologiques individuels préalables alors que la seconde est supposée imputable à des facteurs biologiques (en l’absence de facteur psychologique déclenchant) ;
- Réactionnelle / Autonome : la première apparaît en réaction à un événement extérieur alors que la dépression autonome ne semble pas avoir de facteur déclenchant précis.
Quels sont les symptômes de la dépression ?
L’état dépressif se caractérise par différents symptômes de type psychique, comportemental ou physique.
Les symptômes psychiques
Parmi les symptômes psychiques, on trouve : la tristesse, l’anxiété et les troubles cognitifs.
La tristesse d’une personne dépressive peut :
- Succéder à un état de morosité ;
- Imprégner la perception du présent, du passé et du futur ;
- Engendrer une incapacité à éprouver du plaisir (ou anhédonie) ;
- S’apparenter à celle d’une personne venant de subir le deuil d’un être cher ;
- Être associée à des idées suicidaires.
Il n’y a pas d’humeur dépressive sans anxiété et réciproquement.
L’état dépressif s’accompagne toujours de troubles cognitifs. Ils sont fonctionnels et réversibles. Ils se manifestent surtout lorsqu’un effort d’attention est nécessaire. A un premier degré, ces troubles cognitifs se manifestent sous la forme de difficultés à se concentrer ou de fatigabilité. Cela peut se traduire par une gêne la lecture, par exemple. Le jugement et le raisonnement sont imprégnés par la tristesse, l’anxiété et le pessimisme.
Chez le sujet âgé, les symptômes cognitifs peuvent aller jusqu’à une apparence d’état démentiel. La dépression peut induire un état de désorganisation mentale ressemblant à une maladie d’Alzheimer.
Les symptômes comportementaux
Les symptômes comportementaux se traduisent par un ralentissement psychomoteur, une paralysie de la pensée, des idées suicidaires et des troubles comportementaux.
Un premier symptôme peut être la fatigue, surtout matinale. Paradoxalement, elle peut s’atténuer au cours de la journée.
80 % des déprimés souffrent d’idées suicidaires. L’entourage doit essayer d’en faciliter l’expression. Le risque suicidaire est plus élevé si :
- La dépression est sévère ;
- Il existe des antécédents familiaux ou personnels de tentative de suicide ou de suicide.
Les tentatives de suicide sont plus fréquentes chez la jeune femme de 18 à 30 ans. Le suicide peut être longuement mûri ou au contraire accompli de manière impulsive. Plus les tentatives de suicide se répètent, plus le risque de mort par suicide devient important. Les idées suicidaires chez l’adolescent peuvent se traduire par certaines conduites particulières telles que : la prise de risques en voiture, l’utilisation de substances toxiques.
Les troubles du comportement peuvent se traduire par :
- Des troubles de l’humeur : Certaines formes de dépression s’expriment de façon hostile (dépressions dites hostiles). Elles associent humeur irritable et troubles du caractère (irritabilité, agressivité …). Ceci est surtout rencontré chez l’adolescent ou des jeunes femmes à personnalité fragile ;
- Des troubles du comportement alimentaire : Anorexie mentale, boulimie peuvent être un signe de trouble dépressif ;
- Une dépression conduisant à un homicide : Aussi exceptionnel que dramatique, l’homicide altruiste est un geste de déprimé grave. Le déprimé tue l’être ou les êtres qui lui sont les plus chers afin de leur épargner un futur qu’il perçoit comme épouvantable du fait de son délire mélancolique.
À savoir ! Chez les sujets atteints de troubles obsessionnels compulsifs (TOC), la dépression est le trouble psychiatrique le plus retrouvé, touchant entre 14 et 80 % des patients selon les études, et constituerait un facteur de mauvais pronostic du TOC. Attention, des symptômes obsessionnels et compulsifs peuvent survenir dans le cadre d’un épisode dépressif mais on ne peut parler de TOC s’ils n’existaient pas avant et s’ils disparaissent avec le traitement de la dépression. Dans l’autre sens, des éléments de démoralisation ou de fatigue, voire d’épuisement apparaissant chez des personnes ayant un TOC avéré ne constituent pas forcément un syndrome dépressif si d’autres symptômes typiques de la dépression sont absents (tristesse de l’humeur, culpabilité, troubles du sommeil, de l’appétit…). Cependant, la décompensation dépressive est l’un des principaux motifs de recours aux soins chez les sujets ayant un TOC, et motive souvent la première demande de prise en charge. La dépression survient le plus souvent après le TOC, laissant suggérer une dépression secondaire à la souffrance et au retentissement fonctionnel générés par le TOC. Les symptômes dépressifs semblent être plus fortement associés aux obsessions qu’aux compulsions.
Les symptômes physiques
Les principaux signes somatiques de dépression sont :
- Perte de poids en rapport avec l’anorexie, la perte du goût, la sensation d’oppression dans la gorge ;
- Troubles du sommeil : insomnie d’endormissement, réveils nocturnes avec cauchemars, insomnie de fin de nuit souvent associée à des idées suicidaires plus présentes. L’hypersomnie est une autre forme de trouble du sommeil. Le patient trouve refuge dans un sommeil qui a perdu sa valeur réparatrice d’où la sensation de fatigue dès le réveil ;
- Troubles de la libido : baisse de l’appétit sexuel, impuissance ou frigidité ;
- Symptômes digestifs : diarrhée ou constipation, anorexie, gastralgies, état saburral des voies digestives ;
- Troubles cardiovasculaires : palpitations, bouffées vasomotrices, hypotension et bradycardie dans les formes sévères.
Qu’est-ce que l’anxiété ?
L’anxiété est l’attente plus ou moins consciente d’un danger, d’un problème à venir. Le sujet pense à l’avance aux éventuelles difficultés qui pourraient survenir. Il peut, de ce fait, se sentir tendu, avant même que les problèmes ne soient survenus, ou avant même d’avoir repéré précisément ce qu’il redoute.
Les psychiatres appellent parfois l’anxiété une « peur sans objet ».
L’anxiété peut s’avérer un phénomène utile quand elle attire l’attention sur des dangers réels ou des situations à risque : le souci, l’inquiétude servent alors à prendre des précautions pour éviter ces risques.
Parfois, l’anxiété n’est plus seulement réactionnelle face à des difficultés quotidiennes, mais devient un trait de personnalité, une façon d’être : la personne a alors une vision du monde marquée par l’anxiété, prévoyant toujours le pire, de manière consciente ou non. Ainsi les personnalités anxieuses sont dans l’anticipation constante. Ces personnes ont tendance à toujours penser que le pire est probable ou du moins plausible et s’entourent alors d’un maximum de précautions pour éviter les difficultés.
Tous les problèmes importants ou non du quotidien s’amplifient et inquiètent la personne anxieuse. Par exemple, des évènements incontrôlables ou imprévisibles tels que le temps pour les vacances, les retards dans les transports, les préoccupations sur l’avenir ou la santé ou encore des événements plus anodins tels qu’une mauvaise note de son enfant à l’école…
Quels sont les symptômes de l’anxiété ?
Il existe une diversité des symptômes de l’anxiété et de leur intensité. Ils peuvent être physiques et psychiques.
Le patient anxieux a des émotions (peur intense et irrationnelle d’objets ou de situations, appréhension d’un danger) et des pensées anxieuses (inquiétudes, doutes, faible estime de soi) qui génèrent un comportement anxieux (évitement, mise en place de stratégie pour affronter la situation anxiogène, mise en place de rituels rassurants).
L’anxiété peut beaucoup impacter la vie quotidienne du patient. Lorsqu’elle est sévère et chronique, elle peut engendrer :
- Des troubles psychologiques (irritabilité, difficulté de concentration, incapacité à se projeter et faire des projets, dépendance affective, etc. ;
- Des troubles physiques comme des troubles digestifs, des douleurs, des insomnies, des vertiges, des maux de tête, de la fatigue, etc.
Comment sont diagnostiquées ces affections mentales ?
Le diagnostic de la dépression ou de l’anxiété est clinique. Il repose sur la présence de certains symptômes caractéristiques de ces pathologies. Le médecin évalue le retentissement des symptômes sur la vie des personnes dépressives ou anxieuses. Diverses échelles existent pour aider le professionnel de santé dans son diagnostic, par exemple l’échelle de dépression de Hamilton ou celle de Montgomery et Asberg.
Quels sont les traitements disponibles contre la dépression et l’anxiété ?
La prise en charge d’un trouble dépressif ou anxieux peut être psychothérapique et/ou médicamenteuse.
Les thérapies cognitivo-comportementales
Le choix du type de thérapie dépend des besoins du patient. Le patient peut bénéficier d’une thérapie dans un cabinet libéral, en centre médico-psychologique (CMP) ou en établissement de santé.
Le type de psychothérapie le plus utilisé est la thérapie cognitivo-comportementale qui peut inclure différentes techniques, par exemple de relaxation et respiration, d’exposition graduelle aux situations redoutées, de modification des fausses croyances. D’autres psychothérapies peuvent être utilisées : la thérapie de groupe ou la psychanalyse.
La prise en charge médicamenteuse de la dépression et l’anxiété
Une prise en charge médicamenteuse est parfois nécessaire. Elle repose sur la prescription d’antidépresseurs et/ou d’anxiolytiques. A noter que le délai d’action des antidépresseurs est compris entre 2 et 4 semaines. A l’inverse, les anxiolytiques ont une action rapide, ils sont parfois utilisés uniquement le temps que les antidépresseurs agissent.
Publié le 28 mars 2021 par Charline D., Docteur en pharmacie. Mis à jour par Alexia F., Docteure en Neurosciences, le 20 mai 2022.