Alcool : 8000 nouveau-nés victimes chaque année en France

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Rédigé par Hadrien V. et publié le 30 mars 2016

La consommation d’alcool pendant la grossesse pose problème dans un nombre grandissant de pays. Il est estimé qu’au moins 1% des naissances présentent les conséquences d’une consommation d’alcool. L’Académie Nationale de Médecine demande aux autorités une « tolérance zéro pendant la grossesse ».

Dangers de l'alcoolisme sur les nouveaux-nés

550 000 Français souffrent de séquelles

L’alcoolisation fœtale diminue dans l’Hexagone. Elle est passée de 50% en 2003-2004 à 23% en 2013. Une preuve que la campagne de prévention de 2004 a eu un impact positif. Mais dans son dernier rapport, l’Académie Nationale de Médecine s’inquiète des comportements à risque persistants pour la santé des fœtus.

L’Institut National de Prévention et d’Education Sanitaire (INPES) a rapporté que seules 23% des femmes considèrent que l’alcool représente un danger pour la vie de leur enfant. Pire, 37% d’entre elles sont convaincues que le risque est minime si la consommation n’est pas quotidienne. Un flou qui persiste en raison d’une absence totale d’études sur les conséquences d’une consommation « modérée » d’alcool pour la vie fœtale. Le résultat est affligeant : il est estimé que 550 000 Français souffrent de troubles liés à la consommation d’alcool de leur mère durant la grossesse.

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Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF)

Comme chacun sait, l’éthanol affecte les structures cérébrales. En raison de son développement incomplet et de son faible poids, le fœtus est grandement affecté par la consommation d’alcool de la mère, même modérée. Dans certains cas, sa croissance peut être perturbée par un Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF). Les symptômes les plus fréquents sont la dysmorphie cranio-faciale, l’hypotrophie générale, le retard de croissance et le retard mental avec déficit intellectuel.

A savoir ! Le SAF peut être partiel, c’est-à-dire ne présentant pas tous les symptômes mais avec un nombre de stigmates visibles limité à la naissance. Le retard mental est en revanche toujours présent. 

De la naissance à l’âge adulte, un individu peut aussi présenter des Troubles du Spectre de l’Alcoolisation Fœtale (TSAF). A la naissance, le nourrisson est victime d’un syndrome de sevrage, de troubles du sommeil et de difficultés d’allaitement voire d’alimentation. Les problèmes se poursuivent jusqu’à l’âge adulte avec des troubles du comportement, un déficit intellectuel, des difficultés d’apprentissage, de l’hyperactivité, une tendance à l’agressivité, une instabilité émotionnelle ou encore le développement de comportements toxicomaniaques.

Alcool et grossesse : Grande cause nationale ?

L’Académie Nationale se veut dithyrambique. Si l’alcool est un sujet historiquement sensible en France, l’organisation prêche la « tolérance zéro ». On comprend aisément que du point de vue de la santé publique, la prévention doit permettre aux parents de prendre conscience de la mise en danger de la vie de l’enfant. Il est tout de même précisé que les campagnes de prévention à destination du grand public ne doivent pas « stigmatiser ou culpabiliser ».

C’est la raison pour laquelle il est demandé aux institutions de faire de l’alcoolisation fœtale une « grande cause nationale ». Est aussi évoquée la modification de la loi Santé du 2 octobre 2006 relative à la prévention de l’alcoolisme chronique et aigüe, avec un renforcement de plusieurs symboles forts tels que le grossissement du logo apposé sur les spiritueux. L’Académie recommande également une surveillance de l’alcoolisation des femmes lors de la grossesse via des questionnaires et l’utilisation de tests biologiques.

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Hadrien V., Pharmacien

– « Rapport sur l’alcoolisation fœtale ». Académie Nationale de Médecine. Le 23 Mars 2016.