L’utilisation des biomatériaux commence à faire ses preuves en France, dans le cadre de la chirurgie orthopédique, dentaire ou de la colonne vertébrale. Le bioverre, biomatériau de pointe, boosterait la régénération osseuse.
Le bioverre : un composant naturel
Les os humains ont une certaine capacité à se régénérer de manière naturelle. Mais dans certains cas, comme lors de fractures graves ou de lésions vertébrales, les processus de cicatrisation ne sont pas suffisants. Le bioverre – ou verre bioactif – peut être appliqué lors de l’opération chirurgicale pour favoriser la reconstruction naturelle de l’os.
Il est constitué à 45% de silicium, 24,5% de calcium, 24,5% de sodium et 6% de phosphore. A l’état brut, la poudre de bioverre a l’aspect du gros sel. Une fois mélangé à du sérum physiologique et à des morceaux d’os prélevés sur le patient durant la première partie de l’opération, il prend l’aspect d’une pâte compacte et cohésive, appliquée directement sur la partie endommagée. Les éléments du bioverre sont ensuite « digérés » par l’organisme et permettent de fabriquer, de manière naturelle, de nouvelles cellules osseuses.
L’avantage du bioverre est qu’il a la capacité de se résorber entièrement dans l’organisme au bout de 3 à 6 mois, contrairement aux autres techniques de substitution osseuse. De plus, ses propriétés biologiques lui confèrent une action antibactérienne et anti-inflammatoire. A titre de comparaison, le ciment acrylique n’est jamais éliminé de l’organisme et peut fragiliser les os à long terme.
Point historique ! Le bioverre a été inventé en 1969 aux Etats-Unis durant la guerre du Vietnam, dans le but de limiter le nombre d’amputations des soldats Américains. Les recherches n’avaient pas donné suite. Ce n’est qu’en 2005 que le principe a été de nouveau étudié, en qu’en 2015 que son utilisation a été lancée dans les hôpitaux publics.
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Noraker, start-up française
Née en 2005 grâce aux travaux de Rachid Zenati, ingénieur de l’Institut national des sciences appliquées de Lyon, la formule « 45S5 » est désormais produite en France par la start-up Noraker. L’entreprise n’a que 2 concurrents : le finlandais BonAlive et l’américain NovaBone.
Noraker se distingue par un processus son processus de fabrication : un mélange de sels minéraux et de quartz chauffé à 1400°C durant 14 h, puis plongé directement dans l’eau froide. Ce refroidissement forme une structure cristalline, cassée en morceaux pour former le bioverre.
Jusqu’ici, le verre bioactif est un succès. A l’hôpital Pierre Werthmer, où 80 opérations ont déjà eu lieu depuis 18 mois, les premiers résultats sont plus qu’encourageants. Les médecins responsables de l’essai attendent la confirmation de son efficacité dans le temps, mais sont très optimistes quant à sa généralisation.
A savoir ! Cette technique reste coûteuse : une boîte de bioverre de 16 mg coûte 230€ alors qu’il faut en moyenne 36 mg pour remplacer deux disques vertébraux par exemple. En France, cette innovation est d’ores et déjà remboursée par l’assurance-maladie.
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Clémence R. Pharmacien.
Sources :
Un bioverre conçu pour stimuler la reconstruction osseuse. AFP, Sciences et avenir. 17 juin 2016
Un bioverre pour régénérer de l’os humain. Marc Cherki, Le Figaro Santé. 24 juin 2016