Le point sur le déficit attendu de la sécurité sociale en 2025
Ce mardi 3 juin, la Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS) a dévoilé un déficit prévisionnel de 21,9 milliards d’euros en 2025 dont 16 milliards attribués à la branche maladie. Pour l’exécutif, cette dégradation remet en cause le financement du modèle social. Eclairage sur la nature des dépenses et les pistes de réflexion pour endiguer la dette.

Le bilan chiffré de la CCSS
Le rapport, qui présente les résultats consolidés en 2024 et les projections de 2025, établit que le trou du régime général de la Sécurité sociale atteindrait 21,9 milliards d’euros en 2025 avec une perspective d’évolution de 25 milliards de déficits en 2029.
Même si le déficit attendu pour 2025 est de 200 millions d’euros inférieurs au niveau prévu dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2025 (PLFSS 2025), il dépasse de 6,6 milliards celui constaté en 2024, soit 0,7 point de PIB.
Plus de dépenses que de recettes
Pour la première fois depuis 2021, les recettes ont connu une progression plus faible que celle des dépenses. Comme le souligne le rapport, l’inflation de 2024 « majore fortement les dépenses, mais a un effet favorable plus limité sur l’évolution des recettes ».
En, 2025 les dépenses progresseraient encore « beaucoup plus » que les recettes, avec un différentiel de 1,4 point après 0,7 point en 2024 sur le champ du régime général.
Dans le domaine de la santé, le rapport s’attarde sur la période récente marquée à la fois par des dépenses exceptionnelles massives (Covid, revalorisation du Ségur avec un coût de 13 milliards, compensation accordée aux établissements pour l’inflation associée à un coût de 8,6 milliards) mais aussi par une accélération significative des dépenses de l’Ondam (Objectif national de dépenses d’assurance maladie) recouvrant les soins de ville et d’hospitalisation, mais aussi dans les centres médico-sociaux.
Selon le rapport, pour 2024, le dépassement de l’Ondam, dont l’enveloppe initiale était fixée à 254,9 milliards d’euros, « n’est pas imputable à des événements exceptionnels (crises sanitaire et inflationniste), à la différence des années précédentes ».
Le dépassement de l’Ondam à 256.9 milliards d’euros en 2024 s’explique par des surcoûts dans les soins de ville (médicaments, les indemnités journalières, et les honoraires des médecins spécialistes ont été les principaux postes de dépassement) et dans les établissements de santé.
Pour 2025, la loi de financement de la sécurité sociale a fixé à 265,9 milliards le montant des dépenses d’assurance-maladie dans le champ de l’Ondam, soit une progression de 3,4 % par rapport au montant révisé de l’Ondam pour 2024. Les dépenses de soins de ville augmenteraient de 2,8 %, celles des établissements de santé de 3,8 %, et celles des établissements médico-sociaux de 5,4 %.
Plusieurs économies restent cependant incertaines : 1,1 milliard d’économies restent à concrétiser, notamment dans le secteur des produits de santé (600 millions), des transports et de la radiologie.
Aussi, le rapport s’inquiète surtout de « l’alourdissement continu de l’endettement social » porté sur des échéances de court terme par l’Urssaf (Union de Recouvrement des cotisations de Sécurité Sociale et d’Allocations Familiales). Compte tenu des prévisions 2025, le montant de la dette sociale financée par l’Urssaf caisse nationale pourrait atteindre près de 54 milliards fin 2025.
Comment revenir à l’équilibre ?
Selon la présentation de Matignon, la commission est invitée à « réfléchir collectivement aux leviers de redressement ». S’agissant de la trajectoire des comptes de la Sécurité sociale, l’objectif est de revenir à l’équilibre avant 2029, selon l’objectif fixé par la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.
En l’absence de mesures, le déficit de la Sécurité sociale se creuserait en 2029 à 24,8 milliards d’euros selon le rapport de la commission des comptes.
Pour reconstruire la future loi de financement, il faudra regarder du côté des dépenses de santé, qui expliquent à 90 % l’actuel déficit, selon la Cour des comptes.
Plusieurs pistes de réflexion sont avancées par les parlementaires pour mieux gérer les dépenses de santé : réflexion sur les mesures d’efficience des soins, augmentation des contrôles, déremboursement de certains soins (cures thermales et taux de remboursement de certains médicaments à 15% au lieu de 35%), promotion des actions de prévention ou encore chasse aux actes redondants.
Devant les sénateurs, le Premier ministre François Bayrou a estimé la semaine dernière qu’il faudrait « reprendre totalement la question du financement de notre modèle social ».Il n’a pas exclu que la question fasse l’objet d’une discussion au niveau des partenaires sociaux. Il a promis par ailleurs de présenter au début du mois de juillet « un plan de retour à l’équilibre des finances publiques sur trois ou quatre années ».
– Comptes de la Sécurité sociale : « Il faut un véritable plan de retour à l’équilibre. Peut-être qu’il sera plus long, mais il sera plus réaliste ». Public Sénat. . www.publicsenat.fr. Consulté le 10 juin 2025.
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