En 2025, comment décrire la sexualité des jeunes ?
Ce jeudi 20 mars, une étude vient de synthétiser les différentes tendances chez les 18-29 ans en matière de sexualité. Menés par l’Ined (Institut national d’études démographiques) sur 10 000 jeunes, ces travaux permettent de mieux comprendre quelles sont leurs pratiques relationnelles et sexuelles et quelle est leur vision du couple. Décryptage.

Premier rapport, nombre de partenaires sexuels et fréquence des rapports
Selon cette étude, réalisée en 2023, les jeunes femmes ont un premier rapport sexuel à 18,3 ans et à 17,9 ans pour les jeunes hommes. Cet âge a reculé puisqu’entre 2004 et 2008, les jeunes femmes et hommes affirmaient « avoir sauté le pas » vers 17 ans.
Plusieurs explications sont avancées sur ce recul de l’entrée dans la sexualité : les confinements liés au COVID-19, la mise en avant des liens avec petits comités au détriment des soirées en extérieur et la possible influence de la santé mentale des jeunes qui s’est fragilisée ces dernières années.
En revanche, cette jeunesse actuelle multiplie davantage les partenaires. En 1992, les jeunes femmes affirmaient avoir eu 4 partenaires sexuels alors qu’en 2023, ce nombre était de 7. Même tendance chez les jeunes hommes : ils précisaient avoir 7 partenaires sexuels en 2006 contre 11 en 2023.
Que conclut l’étude sur ce point ? Les jeunes s’accordent davantage d’expérimentations sexuelles et mettent en couple plus tardivement qu’auparavant, autour de 30 ans.
Les pratiques sexuelles sont aussi plus libres : comparativement à 1992, la jeunesse de 2023 rapporte pratiquer davantage la masturbation, la fellation ou encore le cunnilingus.
La fréquence des rapports a cependant tendance à reculer. Dans les quatre semaines précédant l’enquête, les jeunes hommes qui sont en relation estiment avoir eu 6,7 rapports, ce chiffre était de 9 en 1992. Idem pour les jeunes femmes : en 2023, elles affirment avoir eu en moyenne 6 rapports au cours du dernier mois contre 8.1 en 1992. Ainsi, les individus ont davantage de partenaires sexuels mais moins de rapports car les relations ne sont pas forcément continues.
Quelles places pour les réseaux sociaux ?
Cette génération de jeunes, nés entre 1994 et 2005, est la génération qui octroie la place la plus importante aux réseaux sociaux dans leur sexualité. Ce sont ceux qui ont rencontré le plus de partenaires sexuels sur des sites internet ou applications.
Selon une étude de 2023 réalisée par l’INSERM, 33,2 % des jeunes femmes se déclarent victimes d’une « expérience préjudiciable en ligne » et 24,7 % des jeunes hommes.
Aussi, l’expérience personnelle et les discussions entre amis et proches, de vive voix ou sur les réseaux sociaux, surpassent la pornographie comme source d’éducation sexuelle.
Autre fait mis en exergue dans cette étude : les lieux publics et applications de rencontre sont propices aux histoires sans lendemain tandis les lieux d’études et de travail restent des endroits privilégiés pour la rencontre des futurs couples.
Quid des attirances sexuelles, du genre et du couple ?
L’homosexualité est la transidentité sont relativement bien acceptées, surtout chez les adolescentes et jeunes femmes. Les statistiques réalisées au cours de cette étude mettent en évidence que 69, 6 % des jeunes femmes estiment que l’homosexualité est une sexualité comme les autres contre 56,2 % pour les jeunes garçons.
Pour ce qui est de la transidentité, elle est « une identité comme les autres » pour 41,9 % de jeunes femmes et 31,6 % de jeunes hommes.
Par exemple, une femme transgenre a une identité de genre féminin (la personne se sent femme) qui ne correspond pas à son genre reçu à la naissance (masculin). C’est l’inverse pour un homme trans. Ce dernier se sentait homme et possède donc une identité de genre qui ne correspond pas au genre qui lui a été donné à la naissance (féminin).
Autre fait intéressant à relever : il y a 20 ans, moins de 3% des femmes entre 18 et 29 ans se disaient appartenir à des sexualités minoritaires, contre 19% aujourd’hui. Ainsi, une femme sur cinq se définit autrement qu’hétérosexuelle. Cette augmentation est observable chez les deux sexes, mais elle est bien plus forte côté féminin. C’est surtout la part des bisexuelles et pansexuelles (le fait d’être attiré par une personne, pas par un genre) qui a beaucoup progressé.
Les auteurs de l’étude soulignent que ce sont des parcours où l’articulation des moments «en couple» à « hors couple» est plus fréquente. Une vraie diversification des relations est également détectée avec le couple traditionnel, les « sex-friends » et les relations suivies.
Cependant, et de manière plus marquée au fil du temps, les adolescents et jeunes adultes de la Gen Z recherchent la conjugalité. Presque 70% des sondés disent avoir été en couple lors des 12 derniers mois et 50% des 26-29 ans vivent en couple sous le même toit.
Comme le précise, à l’AFP, Marie Bergström, qui a coordonné l’étude fédérant une vingtaine de chercheurs : « Le couple reste la situation majoritaire et un idéal de vie très fort des jeunes adultes ». Avant d’ajouter : « Cela ne va plus de soi d’être exclusif. Or 88 % d’entre eux décident d’être exclusifs donc fidèles ».
Cette étude est à retrouver dans l’ouvrage La Sexualité qui vient, Jeunesses et relations intimes après #MeToo, aux Editions La Découverte, et dont la direction de la publication a été réalisée par Marie Bergström, sociologue.
– Enquête sur la sexualité des jeunes adultes : ni hypersexualisés, ni asexués. www.radiofrance.fr. Consulté le 28 avril 2025.
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