Focus sur les biais cognitifs, des formes d’automatismes de la pensée qui influencent nos décisions à notre insu
Face à un monde complexe avec une multitude d’informations à analyser, notre cerveau se trouve obligatoirement limité. Pour compenser ces capacités cognitives souvent débordées, nous faisons naturellement des raccourcis risquant d’induire en erreur nos jugements et nos prises de décisions. Tour d’horizon de ces biais cognitifs ou distorsions cognitives qui nous impactent tous chaque jour.

Comment définir un biais cognitif ?
Les biais cognitifs sont des moyens rapides et intuitifs de se forger un jugement et prendre des décisions. Leurs recours sont quotidiens, car ils restent moins fastidieux qu’un raisonnement analytique. Cependant, cette « économie d’énergie de la pensée » n’est pas sans conséquence, ces biais contextuels sont souvent la source de jugements erronés.
Ce n’est que récemment, dans les années 1970, que le concept de biais cognitif a été introduit par deux psychologues : Daniel Kahneman et Amos Tversky pour expliquer les décisions irrationnelles prises dans le monde de l’économie. En 2002, Daniel Kahneman a d’ailleurs remporté le prix Nobel d’économie pour ses recherches intégrant la psychologie et l’économie, des travaux qui ont remis profondément en question la notion selon laquelle les gens agissaient de manière rationnelle !
Depuis, une multitude de biais intervenant dans plusieurs domaines ont été identifiés grâce aux travaux relevant de la psychologie sociale et cognitive.
Selon Sébastien Simon, psychologue : « Savoir repérer ces différents biais cognitifs sont essentiels car ils influencent profondément notre manière de percevoir le monde et donc notre vécu émotionnel ».
Résumé des principaux biais cognitifs
On dénombre des dizaines de biais cognitifs. Ils peuvent être organisés en quatre catégories : ceux qui découlent de trop d’informations, de manque de sens, de la nécessité d’agir rapidement et des limites de la mémoire.
Voici les biais cognitifs les plus fréquemment adoptés à notre insu :
- Effet de simple exposition : développer une préférence pour les objets, personnes ou situations après des expositions répétées (développement d’une forme de familiarité).
- Biais de négativité : tendance psychologique à accorder plus d’importance aux informations, événements ou émotions négatives qu’aux positives ;
- Biais d’ancrage : décrit la tendance à donner plus d’importance à la première information reçue sur un sujet, au détriment des données ultérieures ;
- Effet de récence : à l’inverse du biais d’ancrage, c’est la tendance à mieux retenir une information quand elle est à la fin d’une liste ou d’un discours ;
- Biais de confirmation : c’est une erreur de jugementoù l’on sélectionne les informations qui confirment nos croyances ou hypothèses préexistantes ;
- Effet de halo : tendance à laisser une première impression, qu’elle soit positive ou négative, influencer de manière excessive l’évaluation globale d’une personne, d’un objet ou d’un événement ;
- Biais de disponibilité : tendance à accorder plus d’importance aux informations qui viennent facilement à l’esprit, souvent parce qu’elles sont récentes ou marquantes. Cela peut fausser la perception de la fréquence ou de la probabilité des événements ;
- Biais de conformité : tendance à modifier nos opinions ou nos comportements pour nous conformer à ceux des autres ;
- Effet Dunning-Kruger : tendance qu’ont les individus moins compétents à surestimer leurs capacités ;
- Biais de faux consensus : surestimation sur le fait que nos croyances, opinions ou comportements sont partagés par les autres ;
- Biais d’optimisme : tendance à surestimer la probabilité que des événements positifs tout en sous-estimant celle des événements négatifs ;
- Biais de l’autruche ou déni : éviter ou à nier l’existence d’informations perçues comme menaçantes pour son bien-être émotionnel ;
Comment se prémunir de ces distorsions cognitives ?
Pour gérer les biais cognitifs au quotidien, il est recommandé d’apprendre à repérer celui qui se met en place dans une situation donnée et connaître ses effets sur la constitution de son jugement et sur sa prise de décision.
Ce qu’il faut savoir aussi c’est que notre sensibilité à certains biais est propre à notre personnalité et à notre vécu. Les expériences de vie, l’environnement et l’éducation influencent les types de biais auxquels une personne est la plus exposée.
Reconnaître ses propres vulnérabilités permet de cibler les efforts pour les contrer plus efficacement. Un processus de travail thérapeutique, avec un psychologue, peut aussi aider à remettre en question ses pensées automatiques et les remplacer par des réflexions plus nuancées et plus ouvertes. Le thérapeute pourra aider à recontextualiser la situation, à identifier les influences externes, à introduire le doute ou encore explorer un autre point de vue. Il va, en quelque sorte, apprendre à son patient à déconstruire son jugement en se posant les bonnes questions.
Ensuite, au quotidien, toute une stratégie consciente et nécessitant des efforts peut être développée pour contrer ces biais et réussir à se construire un jugement plus éclairé, plus équilibré et plus juste.
Reconnaître l’existence de ces biais est le premier pas vers une prise de décision plus éclairée, plus rationnelle et plus personnelle !
– Introduction aux Thérapies Cognitivo-Comportementales. tcc.apprendre-la-psychologie.fr. Consulté le 24 novembre 2025.
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