La stimulation magnétique transcrânienne pour faire reculer les TOC

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Rédigé par Sarah Lachhab et publié le 2 avril 2024

Entre 2 et 3% de la population souffrira, à un moment donné de sa vie, de troubles obsessionnels compulsifs ou TOC. Pour renforcer la prise en charge de patients résistants aux thérapies médicamenteuses et cognitivo-comportementales, un groupe international de scientifiques a mesuré les bénéfices d’un traitement par stimulation magnétique transcrânienne profonde. Focus sur des premiers résultats très encourageants.

Stimulation magnétique

La stimulation magnétique transcrânienne profonde

Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) est une maladie chronique invalidante qui répond souvent de manière partielle aux agents pharmacologiques (antidépresseurs) et/ou aux traitements psychologiques. Des essais, sur un nombre restreint de patients, ont déjà montré certains bénéfices de la stimulation magnétique transcrânienne non profonde pour diminuer l’intensité des symptômes du TOC.

Définir la stimulation magnétique transcrânienne ou TMS

Il s’agit d’une technique de stimulation cérébrale non invasive dans laquelle des champs magnétiques, générés par une bobine placée sur le cuir chevelu, viennent activer les circuits cérébraux de la zone ciblée. En modifiant l’activité électrique de cette région cérébrale, le patient va voir ses symptômes s’améliorer. Pour l’instant, cette technique est utilisée dans le traitement des dépressions sévères résistantes aux traitements antidépresseurs. Durant ce traitement ciblant le cortex préfrontal dorsolatéral, le patient reste conscient car la TMS est indolore.

Une réduction de 30% de l’intensité des symptômes pour la moitié des patients atteints de TOC

C’est le Docteur Lior Carmi du Centre médical Chaim Sheba en Israël qui a coordonné un groupe international de neuroscientifiques pour mener à bien  un essai contrôlé randomisé réparti dans 11 centres internationaux.

Dans ces 11 centres répartis aux Etats-Unis, au Canada et en Israël, 99 patients atteints de TOC ont été répartis de façon aléatoire pour recevoir soit un traitement par stimulation magnétique transcrânienne profonde par haute fréquence (20 Hz) soit  un traitement placebo.

Pendant six semaines, ils ont reçu le traitement (actif ou placebo) ciblant le cortex préfrontal médian et le cortex antérieur cingulaire.

“Un point intéressant à propos de cet essai est le fait que nous avons délibérément provoqué les patients environ 5 minutes avant chaque session de TMS. Nous l’avons fait en adaptant une provocation à chaque patient en fonction de ses propres obsessions. Par exemple, si quelqu’un avait l’obsession d’être contaminé, nous l’avons exposé à une situation suscitant cette obsession comme celle de toucher la poignée d’une porte ou ouvrir une poubelle. L’idée est d’appliquer le traitement lorsque les circuits du cerveau sont excités et non pas quand le patient pense aux achats qu’il doit faire après la session “ précise le Docteur Lior Carmi.

Pour mesurer l’évolution des symptômes avant et après la période de six semaines, les chercheurs ont utilisé l’échelle d’obsession-compulsion de Yale-Brown ou échelle YBOCS.

À savoir ! L’échelle YBOCS est une permet d’évaluer la sévérité des symptômes obsessionnels. L’entretien, d’une durée de 90 minutes, est structuré en 10 items mesurant 5 dimensions dont la durée, la gêne dans la vie quotidienne, l’angoisse, la résistance, le degré de contrôle. En fonction du score obtenu, allant de 0 à 40, on distinguera un TOC léger, un TOC causant détresse et handicap et un TOC engendrant un handicap sévère exigeant une aide extérieure.
les chercheurs ont également évalué le taux de réponse au traitement de chaque patient défini par une réduction supérieure ou égale à 30% du score YBOCS.

Les résultats sont encourageants :

  • 38% des personnes traitées ont répondu favorablement au traitement ;
  • La réduction du score YBOCS chez les patients ayant reçu un traitement par stimulation magnétique était supérieure à celle observée chez les patients du groupe placebo ;
  • Les patients ayant bénéficié du traitement ont vu leur score YBOCS diminuer de 6 points contre 3,3 points pour les patients appartenant au groupe témoin.

Un mois après le traitement, les taux de réponse étaient de 45,2% dans le groupe test et de 17,8% dans le groupe placebo.

Lors de la présentation de ces travaux à la conférence ECNP (European College of Neuropsychopharmacology), à Copenhague, les chercheurs ont annoncé que la stimulation magnétique transcrânienne à haute fréquence sur des zones du cortex préfrontal peut être considérée comme une alternative  thérapeutique pour les patients qui ne répondent pas correctement aux thérapies pharmacologiques et psychologiques.