Alors que l’Académie Nationale de Pharmacie exprime son refus catégorique de la légalisation du cannabis, le ministère de la santé allemand autorise officiellement le cannabis médicinal à partir de 2017. Santé sur le Net décrypte le phénomène.
Le corps médical opposé
L’Académie Nationale de Pharmacie réitère son opposition à la dépénalisation du cannabis par un communiqué (daté du 25 avril 2016) dans lequel elle exprime tous ses arguments. Selon l’Académie, l’introduction légale du cannabis aurait des conséquences « catastrophiques en terme de santé publique ».
– Le cannabis perturbe la maturation cérébrale chez les jeunes, en particulier de 12 à 20 ans ;
– Il est une cause importante d’accident de la route ;
– L’usage régulier peut entraîner des troubles psychiatriques tels que l’anxiété, une dépression, accompagnées d’une baisse des performances scolaires chez les jeunes et d’une diminution irréversible du Quotient Intellectuel (QI) ;
– Il entraine des complications vasculaires (au niveau du cœur, du cerveau, ou encore des membres inférieurs) possiblement fatales ;
– La fumée est plus cancérogène que celle du tabac ;
– La consommation entraîne une diminution de la libido et de la fertilité masculine ;
– La concentration en THC – le principe actif – aurait été multipliée par 5 ces dernières années, ce qui renforce tous les effets cités précédemment.
L’Académie Nationale de Pharmacie qualifie le cannabis de véritable « fléau destructeur ». Cette hostilité n’est pas isolée : selon un sondage Odoxa réalisé pour Le Figaro, 59% des Français seraient opposés à la légalisation du cannabis.
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Pourtant, en France, les avis restent partagés. Selon certains partis-pris, la législation du cannabis permettrait :
– Le contrôle du marché, qui entrainerait la fin du trafic criminel ;
– La garantie de la santé publique, via la bonne qualité des produits vendus légalement ;
– L’instauration d’une réelle éducation et prévention auprès de la jeunesse ;
– Un gain financier important : en effet, la lutte contre le cannabis en France coûte 500 millions d’euros par an à l’état. De plus, il est estimé que l’Etat français, via la légalisation du cannabis, pourrait toucher 1 milliard d’euros grâce aux taxes.
Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat et médecin de profession, parlait mi-avril de cette dépénalisation qui, selon lui, pourrait être intéressante d’un point de vue médical. Cependant, il précise que cette levée d’interdiction devrait être, si elle a lieu, très sélective, en interdisant la consommation aux enfants et adultes de moins de 21 ans.
Pendant ce temps, chez les allemands…
Le ministère de la Santé allemand a annoncé le 3 mai dernier un projet de loi autorisant la consommation de cannabis à des fins médicinales. Si ce projet est accepté par le conseil des ministres, il entrera en vigueur en 2017.
Cette légalisation n’intervient que dans un cadre thérapeutique : la vente à des fins récréatives reste bannie. Ainsi, la vente de produits contenant du cannabis ne sera autorisée que dans des pharmacies, et évidemment sur ordonnance.
A savoir ! Cette décision intervient peu de temps après une affaire qui a fait grand bruit en Allemagne. En avril, un patient a remporté un procès l’autorisant à cultiver sa propre marijuana. Pour cela, il a dû démontrer que seule la plante en question était capable de soulager ses douleurs.
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Clémence R. Pharmacienne
Sources
Dépénalisation du cannabis : l’Académie dit NON, preuves à l’appui ! Académie Nationale de Pharmacie, 25 avril 2016
Le cannabis médicinal autorisé en Allemagne en 2017, AFP, France tv Info, 4 mai 2016