Œdème de Quincke


Rédigé par Charline D. et publié le 31 octobre 2019

Oedeme
L’œdème de Quincke est une réaction fréquente qui se traduit par un gonflement rapide de la peau et des muqueuses au niveau du visage. Près de 20% de la population aura un œdème de Quincke, de sévérité variable, au moins une fois dans sa vie. Ce phénomène peut être d’origine inflammatoire ou allergique. Lorsque des symptômes respiratoires, des symptômes digestifs ou un malaise sont associés à l’œdème, une prise en charge en urgence s’impose.

Définition et symptômes

Qu’est-ce qu’un œdème de Quincke ?

Un œdème de Quincke, aussi appelé angioedème, correspond à un gonflement des couches profondes de la peau et des muqueuses au niveau du visage. En effet, cette affection localisée et passagère concerne essentiellement la tête et le cou, dont les paupières, les lèvres, la langue et le pharynx.

Entre 10 et 20% de la population est concerné par un œdème de Quincke au cours de leur vie.

Selon les mécanismes et les substances en jeu dans la réaction, on distingue trois types d’œdème de Quincke : l’angioedème allergique, angioedème non allergique et l’œdème angioneurotique.

L’angioedème allergique

Dans ce type d’angioedème, la substance en cause est l’histamine. Cette dernière est sécrétée par l’organisme après une exposition du corps à un ou des allergènes pour le ou lesquels l’individu est déjà sensibilisé (autrement dit qui est détecté comme corps étrangers depuis une précédente exposition). Ce type de réaction peut être :

  • Alimentaire (par exemple, fruits de mer, fruits à coques) ;
  • Médicamenteuse (par exemple, les antibiotiques de la famille des pénicillines) ;
  • Autre : latex, piqûre d’insecte (abeilles, guêpes, etc.).

A noter qu’un œdème peut aussi se manifester après un effort physique. Il peut être associé à d’autres réactions allergiques telles que l’asthme.

L’angioedème non allergique

Ce second type d’angioedème se développe suite à une sécrétion par l’organisme de substances favorisants l’inflammation : les leucotriènes. Ces réactions surviennent particulièrement lors de la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), dont l’aspirine et l’ibuprofène.

A noter que les angioedèmes allergiques et les angioedèmes non allergiques peuvent tous deux :

  • Apparaître très rapidement, et durer quelques heures ;
  • Etre associés à de l’urticaire ;
  • Etre très graves en cas de choc anaphylactique.

L’œdème angioneurotique

Cette forme d’œdème fut celle décrite en 1882 par le professeur Quincke qui lui donnera plus tard son nom. Tout le corps peut être concerné, les mains, les pieds et le tronc. Les zones affectées sont blanches, volumineuses voire déformées et douloureuses pendant plusieurs jours. Parfois, la gorge est également atteinte avec un risque d’obstruction des voies respiratoires du patient. Des vomissements et des douleurs abdominales importantes sont associées en cas d’atteinte de l’abdomen.

L’œdème angioneurotique survient lorsque la bradykinine est produite en trop grande quantité. Cette substance est, en effet, impliquée dans les réactions inflammatoires et allergiques de l’organisme. Cette production incontrôlée de bradykinine peut être en lien avec :

  • La prise de certains médicaments utilisés contre l’hypertension artérielle ou la prise de contraceptifs oraux ;
  • Un déficit ou un dysfonctionnement provoqué soit par une maladie auto-immune ou un cancer lymphatique (on parle d’angioedème acquis, ou AOA), soit par une altération génétique (on parle d’angioedème héréditaire, AOH).

Ce type d’angioedème peut se manifester régulièrement, sans pour autant pouvoir prévoir sa survenue. Il peut être déclenché par un stress, une intervention chirurgicale ou un traumatisme même minime comme par exemple un soin dentaire.

Quels symptômes ?

Lors d’un œdème de Quincke, l’œdème est généralement asymétrique, et plus ou moins douloureux. Il affecte volontiers le visage, principalement les lèvres et/ou la langue, mais peut aussi survenir au niveau des mains ou des pieds, voire des organes génitaux.

Lorsque l’œdème affecte les voies respiratoires, il peut être confondu avec de l’asthme.

Un œdème au niveau des intestins peut engendrer des nausées, des vomissements, des diarrhées et des douleurs abdominales.

Selon la substance impliquée, d’autres symptômes peuvent être associés :

  • Urticaire ;
  • Bouffées de chaleur ;
  • Choc anaphylactique ;
  • Démangeaisons ;
  • Etc.

Quels signes de gravité ?

Une consultation médicale en urgence est nécessaire en cas d’apparition soudaine et rapide de démangeaisons importantes sur l’ensemble du corps, d’une rougeur cutanée, d’un œdème et/ou d’une conjonctivite associés à un ou plusieurs des symptômes qui suit :

  • Gonflement de la langue et/ou du pharynx ;
  • Modification de la voix (plus faible, pratiquement inaudible) ;
  • Des difficultés à respirer ;
  • Un malaise, une fatigue, un étourdissement ou un affaiblissement important ;
  • Des nausées, vomissements, diarrhée ;
  • Des douleurs abdominales.

Ces symptômes peuvent, en effet, révéler la présence d’un choc anaphylactique ou d’une œdème angioneurotique.

Diagnostic et traitement

Quel diagnostic ?

L’origine d’un œdème de Quincke est souvent évidente. De ce fait, les tests diagnostiques sont rarement nécessaires.

Afin d’aider le médecin à déterminer la cause de l’angioedème, il peut être utile de prendre des notes sur les symptômes observés (présence d’urticaire ou non, aspect de l’œdème), les symptômes associés (asthme, douleurs abdominales, etc.), l’élément déclencheur (piqûre d’insecte, effort, certains aliments ou médicaments, etc.), le temps écoulé entre l’événement déclencheur et l’œdème, la durée des symptômes, la localisation de l’œdème, etc.

En cas d’origine allergique, que la réaction soit grave ou non, un bilan allergologique est proposé afin de permettre au patient d’avoir un traitement d’urgence (Adrénaline auto-injectable, corticoïde, ventoline, etc.) adapté à portée de main.

Lorsqu’aucune cause évidente n’apparaît, un dépistage génétique est envisagé afin de rechercher un angioedème héréditaire ou acquis.

Quel traitement ?

Les symptômes de l’angioedème allergique sont soulagés par des antihistaminiques. Pour les réactions plus sévères, un corticoïde (prednisone) peut être prescrit. En cas d’angioedème grave, l’administration intraveineuse d’un corticoïde et d’un antihistaminique associés est prescrite.

Concernant l’angioedème non allergique, le traitement dépend de la cause. Ainsi, lorsque l’œdème est lié à la prise d’un traitement antihypertenseur, il suffit de stopper ce dernier pour voir les symptômes s’estomper dans 24 à 48h qui suivent. Quand les symptômes sont sévères ou réfractaires, les traitements utilisés sont ceux de l’angioedème angioneurotique : l’écallantide, l’icatibant qui sont des inhibiteurs de la bradykinine.

Lorsque l’origine de l’angioedème est inconnue, ont dit qu’il est « idiopathique ». De forte dose d’un antihistaminique par voie orale peuvent être prescrite.

Comment prévenir ?

Pour les patients qui ont déjà présenté un œdème de Quincke ou un choc anaphylactique, il est conseillé de se faire prescrire une trousse d’urgence. Cette dernière contient un stylo auto-injecteur d’adrénaline à utiliser dès les premiers symptômes.

Par ailleurs, un comportement d’éviction doit être mis en place à l’encontre des éventuels facteurs déclenchant mis en cause, par exemple se protéger des piqûres d’insecte en portant des vêtements couvrant et de l’insecticide.

Parfois un traitement de fond (antihistaminique) est mis en place afin de diminuer les risques de récidives ou pour traiter une pathologie associée comme l’asthme ou l’urticaire chronique.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Œdème de Quincke. Ameli. Consulté le 22 octobre 2019.
– Œdème de Quincke. Le manuel MSD. Consulté le 22 octobre 2019.

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