Sycosis


Rédigé par Charline D. et publié le 5 avril 2023

photo montrant un sycosis dans la barbe d'un homme.

Un sycosis est une affection dermatologique d’origine bactérienne (staphylocoque doré) ou mycosique (dermatophytes) localisée aux zones pileuses du visage chez l’homme. Elle se traduit par l’apparition de plaques pustuleuses rouges, suintantes et douloureuses au niveau de la barbe, sous les narines, des joues ou au-dessus de la lèvre supérieure. Le diagnostic d’un sycosis repose sur l’aspect clinique des éruptions cutanées associé à l’identification de l’agent biologique en cause à partir de prélèvements au niveau des lésions. La prise en charge d’un sycosis consiste d’abord à associer des soins antiseptiques locaux et un antifongique ou un antibiotique local selon le type de sycosis. En cas d’échec, un traitement antibiotique ou antifongique par voie orale, parfois associée à une corticothérapie, est prescrit par le médecin. A noter que des cicatrices persistent souvent malgré la guérison de l’affection.

Définition et symptômes du sycosis

Une folliculite typiquement masculine

Un sycosis correspond à une inflammation des follicules pilosébacés (invagination de l’épiderme contenant entre-autres le poil et sa glande sébacée) au niveau du visage chez les hommes. Le terme sycosis signifie en grec « tumeur en forme de figue » par analogie avec l’aspect que les lésions peuvent parfois prendre.

À savoir ! Le sycosis est un type de folliculite qui concerne plus volontiers les hommes de 30 à 50 ans. Une folliculite est une infection localisée à la racine d’un poil caractérisée par l’inflammation du follicule pileux (sorte de bulbe sous-cutané abritant la racine du poil). Ce type d’affection cutanée est à l’origine d’un bouton à la base du poil et d’une légère douleur

Cette affection peut être causée par une infection bactérienne, souvent en lien avec un staphylocoque doré, ou une infection mycosique. Les champignons impliqués font partie du groupe des dermatophytes.

Les staphylocoques sont des bactéries en forme de coque impliquées dans bon nombre de maladies. Il existe, en effet, plus d’une quarantaine d’espèces de staphylocoque. Le plus fréquemment rencontré est le fameux Staphylococcus aureus ou staphylocoque doré. Il est le premier en cause dans les infections nosocomiales, autrement dit contractées à l’hôpital, mais également des infections communautaires, contractées en dehors des établissements hospitaliers. L’homme et l’animal représentent l’habitat naturel de ce type de bactéries. En effet, les staphylocoques appartiennent à la flore cutanée naturelle et colonisent volontiers les muqueuses externes (particulièrement le nez mais aussi les aisselles ou les parties génitales). Ils sont également très souvent retrouvés dans l’environnement, notamment dans les sols, les eaux non-traitées ou sur les objets souillés.

On distingue plusieurs types de sycosis différents.

Le sycosis staphylococcique est localisé au niveau de la lèvre supérieure, du menton, des joues et en dessous des narines. Il est souvent secondaire à un épisode de rhinite (sycosis sous-narinaire) ou à l’utilisation d’un rasoir. L’affection débute par la survenue de points superficiels de folliculite qui s’étendent progressivement pour former des plaques de pustules rougeâtres en relief. Ces lésions sont suintantes et squamo-croûteuses. Parfois, les lésions sont plus profondes et prennent l’aspect de nodules parsemés de pustules et de trous qui suppurent.

Le sycosis dermatophytique est plutôt observé en milieu rural, et plus particulièrement chez les éleveurs de bétails. On parle également de teigne de la barbe. Il diffère du sycosis staphylococcique par sa localisation et l’aspect de ses lésions. Elles ne sont, en effet, pas symétriques et même parfois unilatérales. Les plaques ont une délimitation plus nette et plus régulière. Par ailleurs, le sycosis dermatophytique est moins douloureux et moins inflammatoire. En revanche, les poils sont plus ternes, fragiles et entourés d’une gaine squameuse grisâtre à leur base. Ce type d’affection est majoritairement transmis entre l’animal et l’homme via Trichophyton mentagrophytes ou Trichophyton verrucosum. Le sycosis dermatophytique est plus rarement d’origine interhumaine via Trichophyton violaceum ou megninii. Enfin, la contamination est parfois environnementale.

Enfin, le sycosis lupoïde est un type de folliculite profonde et chronique qui affecte exclusivement la barbe. Cette affection est généralement résistante aux traitements habituels. Elle est, par ailleurs, caractérisée par une zone centrale cicatricielle sans poil (ou alopécique). Le sycosis lupoïde est également un type de dermatophytose. Il est souvent causé par Trichophyton mentagrophytes ou Trichophyton verrucosum.

Les manifestations d’un sycosis

Un sycosis se manifeste par des éruptions cutanées principalement au niveau des zones de rasage. Ces dernières prennent la forme de plaques rougeâtres de plusieurs centimètres. Elles sont suppuratives et douloureuses.

Des cicatrices peuvent persister une fois l’infection guérie.

Sycosis, diagnostic et traitement

Le diagnostic clinique et biologique d’un sycosis

Le diagnostic d’un sycosis est basé sur l’appréciation des lésions cutanées et de leur contexte d’apparition par le médecin.

Dans un second temps, des prélèvements au niveau des lésions sont réalisés afin de les envoyer à un laboratoire pour la mise en culture ou l’analyse au microscope des échantillons. Ces examens permettent d’identifier et d’analyser l’agent biologique responsable de l’affection afin d’adapter la stratégie thérapeutique.

Un traitement local de première intention

La prise en charge d’un sycosis nécessite l’application de mesures d’hygiène rigoureuses, pendant plusieurs semaines, incluant l’utilisation de savons antiseptiques type chlorhexidine ou hexamidine. A noter que durant la période de traitement, tout rasage est proscrit. Les poils trop longs sont coupés au ciseau si besoin. Par la suite, l’utilisation d’un rasoir électrique est recommandée afin d’éviter les récidives.

En cas de sycosis lié à une rhinite, un lavage quotidien du nez au sérum physiologique est nécessaire. Les croûtes présentes sous les narines devront également être nettoyées avec des compresses imbibées de sérum physiologique ou d’eau thermale avant l’application d’une lotion antiseptique.

Parfois, pour le sycosis staphylococcique, le médecin complète la prise en charge par l’application d’acide fusidique ou de mupirocine en crème.

Lorsque le sycosis est d’origine mycosique, un traitement antifongique par voie locale type miconazole, éconazole ou ciclopirox est prescrit pour être appliqué après les soins d’hygiène.

La voie orale en seconde intention

En cas d’échec des traitements locaux, les médicaments par voie orale prennent le relais. Dans un contexte de staphylocoque, une cure de 5 à 10 jours d’un antibiotique type pyostacine ou orbénine est proposée. Tandis qu’en cas de sycosis mycosique, le médecin prescrit l’antifongique de référence dans cette indication : la griséofulvine pendant plusieurs semaines.

Une corticothérapie d’une ou deux semaines peut être associée en association avec le traitement antifongique lorsque les lésions du sycosis sont très inflammatoires.

Les mesures annexes

De manière générale, les mesures d’hygiène classiques permettent de limiter la contamination par un dermatophyte ou un staphylocoque lorsqu’elles sont systématiquement appliquées : lavage des mains, ne pas partager ses effets personnels, éviter les contacts physiques avec les individus atteints.

Par ailleurs, les dermatophytoses étant des affections très contagieuses, il est recommandé de traiter l’environnement en même temps que le patient afin d’éviter tout risque de récidive ou de contamination de l’entourage en lavant tous les objets ayant été en contact avec la zone affectée à 60°C ou en utilisant un spray désinfectant contenant un antifongique.

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– Sycosis. Thérapeutique dermatologique. www.therapeutique-dermatologique.org. Consulté le 23 février 2023.
– Teigne de la barbe. www.msdmanuals.com. Consulté le 23 février 2023.

Lire nos autres dossiers Maladies