Antibiogramme


Rédigé par Estelle B. et publié le 22 novembre 2017

Une infection peut être provoquée par un certain nombre de germes tels que des bactéries, des virus, des parasites ou des champignons. Quand l’origine est bactérienne, le traitement peut nécessiter la prescription d’antibiotiques. Un antibiogramme est un examen microbiologique permettant de choisir l’antibiotique le plus adapté à l’infection du patient.

Antibiogramme

Qu’est-ce qu’un antibiogramme ?

Un antibiogramme est un examen microbiologique ayant pour but d’apprécier la sensibilité et la résistance d’une bactérie face à plusieurs antibiotiques susceptibles d’être efficaces dans le traitement d’une infection bactérienne.

L‘antibiogramme n’est effectué qu’après confirmation de l’existence d’une infection bactérienne, grâce à la mise en culture. En fonction des symptômes du patient, un ou plusieurs prélèvements microbiologiques sont effectués :

  • Un prélèvement de pus ou d’écoulement ;
  • Un prélèvement vaginal ;
  • Un prélèvement de crachats ;
  • Un prélèvement d’urines ;
  • Un prélèvement de sang ;
  • Un prélèvement de liquide céphalo-rachidien ;
  • Un prélèvement sur du matériel de perfusion ;
  • Etc.

Lorsque la mise en culture de ce prélèvement met en évidence la présence d’une ou plusieurs bactéries pathogènes, responsables des symptômes de l’infection, le médecin peut demander ou non un antibiogramme.

À savoir ! La technique de la mise en culture, suivie d’un antibiogramme, est également utilisée pour certains champignons microscopiques, responsables de diverses infections, comme les Candida sp.

Dans un certain nombre de contextes, l’antibiogramme est inutile. Le médecin prescrit alors un traitement antibiotique dit probabiliste, c’est-à-dire le traitement antibiotique efficace contre les bactéries fréquemment rencontrées dans l’infection du patient. Par exemple, une cystite aiguë de la femme jeune, non récidivante et sans facteur de risque, est traitée par une prise unique d’un antibiotique. Le médecin ne prescrit alors ni ECBU (Examen CytoBActériologique des Urines), ni antibiogramme.

Parfois, un prélèvement microbiologique et un antibiogramme sont décidés si le traitement probabiliste ne permet pas de réduire les symptômes de l’infection en quelques jours.

Dans tous les cas, le traitement antibiotique ne doit pas être commencé avant la réalisation du prélèvement microbiologique, car il fausserait les résultats de l’antibiogramme. Généralement, le prélèvement est effectué, puis le traitement antibiotique probabiliste est initié juste après. Les résultats de l’antibiogramme sont donnés par le laboratoire d’analyses médicales après 48h. En fonction des résultats, le traitement probabiliste est poursuivi ou modifié.

Dans quel but est réalisé un antibiogramme ?

Il ne faut jamais débuter un traitement antibiotique en automédication. En effet, en cas de réalisation d’un antibiogramme, les résultats ne seraient pas fiables et l’infection plus difficile à traiter.

Un antibiogramme est utile pour définir l’antibiothérapie la plus efficace pour soigner l’infection du patient. Dans la majorité des cas, une antibiothérapie probabiliste est débutée avant les résultats de l’antibiogramme. Lorsque les résultats sont disponibles, l’antibiogramme permet :

  • De confirmer l’efficacité de l’antibiothérapie probabiliste. Le patient poursuit le traitement jusqu’à son terme ;
  • De modifier le traitement pour choisir un antibiotique plus efficace contre la bactérie en cause. Le patient arrête le premier antibiotique et débute un nouveau traitement plus efficace.

L’antibiogramme est un examen très utile pour améliorer le bon usage des antibiotiques. Il évite de prescrire d’emblée des antibiotiques qui doivent être réservés à la lutte contre certaines bactéries.

Comment est effectué l’antibiogramme ?

L’antibiogramme s’effectue après la mise en culture du prélèvement biologique pour révéler la présence de la bactérie en cause, sur le même prélèvement.

Un antibiogramme consiste à mettre en contact un antibiotique (disque pré-imprégné d’une dose connue d’antibiotique) avec des colonies de bactéries précédemment obtenues par la mise en culture du prélèvement. L’antibiotique diffuse à partir du disque en formant un gradient de concentration (les bactéries situées à proximité du disque reçoivent une dose de médicament plus importante que celles qui sont plus éloignées). Lorsque la bactérie est sensible à l’antibiotique, un halo dépourvu de colonies se forme autour du médicament testé. Ce dernier peut être plus ou moins étendu selon l’efficacité de l’antibiotique sur la bactérie. La mesure du diamètre de ce halo permet d’estimer la concentration minimale inhibitrice et donc le caractère sensible ou résistant de la bactérie vis à vis de l’antibiotique testé.

La concentration minimale d’inhibition (CMI) est la concentration d’antibiotique la plus faible capable de bloquer la croissance bactérienne. Autrement dit, la CMI détermine la quantité d’antibiotique nécessaire pour stopper la croissance bactérienne. Ainsi, grâce aux résultats de l’antibiogramme, le médecin va pouvoir prescrire l’antibiotique le plus efficace pour traiter l’infection du patient.

À savoir ! Un autre paramètre existe : la concentration minimale bactéricide ou CMB, qui est la concentration la plus basse d’antibiotique permettant la destruction de pratiquement 100% des bactéries présentes.

En analysant les résultats de l’antibiogramme, le médecin peut :

  • Connaître les antibiotiques auxquels la bactérie est sensible : ces antibiotiques sont capables de stopper l’infection bactérienne
  • Connaître les antibiotiques auxquels la bactérie est résistante : ces antibiotiques n’auront pas d’effet sur l’infection du patient.

Parfois, l’antibiogramme peut révéler que la bactérie responsable de l’infection du patient est résistante à plusieurs antibiotiques. On parle alors de bactérie multi-résistante, responsable d’infections parfois très difficiles à traiter. Ces bactéries sont généralement retrouvées chez des patients hospitalisés ou des patients âgés, atteintes de plusieurs pathologies.

L‘antibiogramme reste aujourd’hui un examen très utilisé en pratique clinique courante. Il est complété et parfois remplacé par des technologies plus modernes, comme les techniques PCR. Ces techniques peuvent permettre de mettre en évidence plus rapidement la présence de bactéries dans un prélèvement, de déterminer l’espèce de bactéries en cause. Des tests moléculaires peuvent également permettre d’identifier très rapidement des gènes de résistance des bactéries à certains antibiotiques.

Mis à jour le 05 février 2024 par Estelle B., Docteur en pharmacie.

Sources
– Antibiogramme. Maria T. Vazquez-Pertejo. www.msdmanuals.com. Consulté le 5 février 2024.
– Comité de l’Antibiogramme de la SFM (CA-SFM) V1. www.sfm-microbiologie.org. Consulté le 5 février 2024.

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