Hémophilie


Rédigé par Charline D. et publié le 25 janvier 2022

Mains d'une mère et de son enfant qui tiennent une goutte de sang en papier pour représenter l'hémophilie

L’hémophilie est une maladie hémorragique héréditaire, rare et grave Elle touche principalement les garçons dès la naissance. On estime que 1 garçon sur 7 500 né avec une hémophilie de type A, tandis que 1 sur 30 000 est touché par l’hémophilie de type B. En France, environ 7 500 personnes sont hémophiles. Cela en fait la maladie hémorragique grave la plus fréquente.

Définition et symptômes de l’hémophilie

Qu’est-ce que c’est ?

Normalement, lors d’une plaie ou d’un traumatisme, le processus de coagulation se déclenche, ayant pour objectif de colmater la brèche. Le principe est donc de solidifier le sang par formation de caillots afin de stopper le saignement. Or, ce processus nécessite l’intervention de ce que l’on appelle les facteurs de coagulation. Il en existe plusieurs, numérotés en chiffres romains, qui s’activent en cascade les uns après les autres.

Chez l’hémophile, l’absence ou le déficit d’expression d’un de ces facteurs perturbe le processus de coagulation. Le sang coagule mal, un saignement prolongé en est la conséquence.

Il existe deux types d’hémophilie :

    1. L’hémophilie A, la plus fréquente qui résulte d’un déficit du facteur VIII de coagulation ;
    2. L’hémophilie B, provoquée par un déficit du facteur IX de coagulation.

Les facteurs de coagulation en cause peuvent être soit présents, mais dysfonctionnels, soit totalement absents. Ainsi, le taux de facteur dans le sang détermine le degré de gravité de la maladie. S’il est inférieur à 1%, l’hémophilie sera sévère (50% des cas). Si le taux est supérieur à 1%, mais inférieur à 5%, l’hémophilie sera modérée (10 à 20% des cas), tandis qu’elle sera mineure à partir du moment où le taux dépasse les 6%.

Chromosome

L’hémophilie est une maladie d’origine génétique et héréditaire. Elle se transmet à l’enfant par le chromosome X.

Les garçons sont porteurs d’un chromosome Y hérité de leur père et d’un chromosome X donné par leur mère. Les filles reçoivent 2 chromosomes X, l’un de leur mère et l’autre de leur père. C’est ainsi que le sexe de l’enfant est déterminé : XX lorsque l’enfant est une fille, XY lorsque c’est un garçon.

Ainsi, chez les filles qui reçoivent un chromosome porteur de l’anomalie, la maladie ne s’exprimera pas puisqu’elles ont deux chromosomes X et que le second pourra compenser. En revanche, elles seront porteuses et donc susceptibles de transmettre la maladie à leur descendance. Les garçons ne peuvent pas compenser avec leur deuxième chromosome X, puisqu’ils n’en ont qu’un seul. Ils développeront donc la maladie.

À savoir ! Dans 30% des cas, il n’y a aucun antécédent familial. La maladie résulte d’une néo-mutation ayant lieu, soit au sein de l’ovule ou du spermatozoïde, soit chez le fœtus.
À savoir ! Dans 30% des cas, il n’y a aucun antécédent familial. La maladie résulte d’une néo-mutation ayant lieu, soit au sein de l’ovule ou du spermatozoïde, soit chez le fœtus.

Quels sont les symptômes de l’hémophilie ?

L’hémophilie se traduit par des saignements prolongés qui constituent le symptôme principal. La sévérité des saignements dépend de leur localisation et de l’ampleur du déficit en facteur de coagulation. Ainsi, les hémorragies peuvent être plus ou moins fréquentes, et plus, ou moins importantes. Dans les formes sévères par exemple, les saignements apparaissent après un traumatisme tellement minime qu’il passe inaperçu.

Femme qui saigne du nez, atteinte d'hémophilie

Le diagnostic est rapidement posé du fait des saignements excessifs qui peuvent se manifester dès l’âge de 3 mois. Des bleus apparaissent dès les premiers pas de l’enfant, en particulier au niveau des jambes. D’autres saignements, potentiellement très douloureux, peuvent se manifester au niveau des muscles (hématomes) ou des articulations (hémarthrose) comprimant des nerfs ou des vaisseaux. Ils nécessitent alors une intervention chirurgicale.

Des saignements internes, plus redoutables, peuvent se manifester plus tard, par exemple au niveau du cerveau ou de l’abdomen. Les hémorragies internes sont graves et peuvent être mortelles si elles ne sont pas prises en charge rapidement.

À savoir ! L’hémophilie n’est pas évolutive, sa sévérité sera la même tout au long de la vie.

La maladie peut cependant évoluer en arthropathie hémophilique, due à la répétition des épisodes hémorragiques au niveau des articulations et des muscles. Ces saignements fréquents finissent par endommager les articulations ainsi que les os de manière durable, entraînant des déformations. Cette complication peut être source de handicap lié à la perte de mobilité de certaines articulations. Sans traitement, la destruction articulaire est irréversible.

Diagnostic et traitement de l’hémophilie

Comment diagnostiquer la maladie ?

Le diagnostic de l’hémophilie repose sur le dosage dans le sang des facteurs de coagulation en cause, à savoir le VIII et le IX. Il suffit d’une simple prise de sang. Ce dosage permettra également d’établir le degré de sévérité de la maladie.

Concernant l’arthropathie hémophilique, le diagnostic ainsi que le suivi sont effectués par un examen clinique en assurant le comptage du nombre de saignements survenus sur l’articulation.

Quels sont les traitements disponibles ?

Tout d’abord, il faut savoir que l’on ne guérit pas de la maladie : on reste hémophile à vie. Néanmoins, des traitements substitutifs permettent de bien la contrôler. Le principe du traitement est d’injecter aux patients des facteurs de coagulation de substitution. Donc, un hémophile de type A recevra du facteur VIII, tandis que l’hémophile B recevra du facteur IX. La transfusion de facteurs de coagulation de substitution est aussi bien utilisée en prévention qu’en curatif (en cas d’hémorragie).

Le traitement préventif ou prophylactique est indiqué dans les cas d’hémophilie modérée à sévère. Après un apprentissage adéquat, les patients concernés s’injectent par voie intraveineuse 2 à 3 fois par semaine le facteur de coagulation. Les patients hémophiles de type B ont des injections plus espacées (tous les 15 jours). L’objectif de cette thérapie est d’assurer une concentration suffisante en facteur de coagulation afin de permettre une coagulation aussi normale que possible en cas d’hémorragie. La prise de desmopressine vient compléter le traitement de substitution, afin de prolonger la durée de vie des facteurs de coagulation pour les personnes atteintes d’hémophilie modérée.

En cas d’hémorragie, en absence de traitement prophylactique, le patient doit pouvoir s’injecter le plus rapidement possible une dose de facteur de coagulation.

L’inconvénient majeur de la thérapie de substitution est l’apparition chez 5 à 30 % des hémophiles, d’anticorps dirigés contre les facteurs injectés, conduisant à l’inefficacité du traitement. Les risques de développer des anticorps ne sont pas les mêmes selon la sévérité de l’hémophilie. Ainsi, lorsque le facteur est totalement absent, les chances de rejet sont plus importantes.

Diverses approches sont toujours en cours d’étude pour augmenter l’efficacité du traitement de substitution, notamment pour augmenter la durée de vie des facteurs de substitution. Certaines molécules sont, par ailleurs, déjà sur le marché comme l’émicizumab qui semble montrer une bonne efficacité sur l’hémophilie A.

La thérapie génique reste cependant l’alternative la plus prometteuse. Elle repose sur l’apport d’une nouvelle version, cette fois-ci fonctionnelle, du gène responsable de l’hémophilie. Cette technique permettrait alors aux patients de synthétiser leur propre facteur, et de se passer de la thérapie de substitution. Des résultats très encourageants (sur 10 patients) ont été publiés en 2015 mais demandant à être confirmés par des études de plus grande ampleur. De quoi donner de l’espoir aux hémophiles et à leur famille.

Publié le 16 mars 2017. Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie, le 26 juillet 2021.

Sources
– Hémophilie. inserm.fr. Consulté le 25 janvier 2022.
– Hémophilie. msdmanuals.com. Consulté le 25 janvier 2022.

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