L’infection par Helicobacter pylori correspond à une infection bactérienne, le plus souvent chronique, de l’estomac. Cette infection, à l’origine de troubles gastriques chroniques, représente un facteur de risque majeur de développer un cancer de l’estomac ou un ulcère gastroduodénal. Après des examens spécialisés pour confirmer le diagnostic, le traitement repose sur un traitement médicamenteux adapté.
Qu’est-ce que l’infection par Helicobacter pylori ?
L’infection par Helicobacter pylori est une infection bactérienne de l’estomac par la bactérie Helicobacter pylori. Cette infection est fréquente, puisque les spécialistes estiment que 15 à 30 % de la population seraient contaminés par cette bactérie, un chiffre qui s’élèverait jusqu’à 50 % chez les personnes de plus de 60 ans. La prévalence de l’infection augmente ainsi avec l’âge. Cette infection se retrouve partout dans le monde, mais les populations noires, hispaniques et asiatiques seraient plus fréquemment concernées que les autres.
La bactérie Helicobacter pylori peut être présente :
- Dans l’estomac ;
- Dans les selles ;
- Dans la salive ;
- Au niveau de la plaque dentaire.
La transmission de l’infection peut se faire directement d’une personne à l’autre, avec un risque majoré en cas de mauvaise hygiène des mains. Une fois dans l’estomac, la bactérie prolifère au niveau du mucus qui tapisse la muqueuse gastrique. Elle produit de l’ammoniaque, qui atténue l’acidité de l’estomac et facilite son entrée dans le mucus.
Le plus souvent, les personnes sont contaminées au cours de l’enfance et l’infection persiste toute la vie, si elle n’est pas détectée et traitée.
Les symptômes et les complications de l’infection par Helicobacter pylori
Une infection par Helicobacter pylori peut passer inaperçue pendant de nombreuses années et la plupart des personnes contaminées ne décrivent aucun symptôme. Chez d’autres personnes, elle peut se manifester par différents symptômes, parmi lesquels :
- Des troubles digestifs ;
- Une gêne et/ou une douleur au niveau de l’estomac ;
- Des remontées acides.
Ces symptômes sont caractéristiques d’une inflammation de la muqueuse gastrique, la gastrite, d’abord aigüe puis chronique. Sans traitement, la gastrite envahit l’ensemble de l’estomac et peut aussi devenir érosive, lorsque la muqueuse gastrique est directement attaquée.
Si la gastrite provoquée par l’infection par Helicobacter pylori n’est pas détectée ni traitée, elle évolue insidieusement et peut entraîner deux grands types de complications :
- Un ulcère gastrique (70 % des ulcères gastriques seraient dus à cette infection) ou duodénal (95 % seraient liés à cette infection), encore appelé ulcère gastroduodénal. Ces ulcères sont marqués par une douleur importante dans le haut de l’abdomen et caractérisés par l’augmentation de la production d’acide gastrique, la production de toxines et la perturbation des mécanismes de protection de l’estomac ;
- Certains types de cancers de l’estomac : l’adénocarcinome et le lymphome du Malt gastrique.
Les études estiment que 6 à 10 % des personnes infectées par Helicobacter pylori souffriront un jour d’un ulcère et qu’1 % développeront un cancer de l’estomac après plusieurs décennies.
Le diagnostic et le pronostic de l’infection par Helicobacter pylori
Comme de nombreux cas d’infections par Helicobacter pylori ne provoquent aucun symptôme, une grande partie des personnes infectées ne bénéficient d’aucun diagnostic, avant l’apparition éventuelle d’une complication.
Une infection par Helicobacter pylori doit être recherchée par le médecin dans les contextes suivants :
- Un ulcère gastrique ou duodénal ou un antécédent d’ulcère ;
- Des troubles gastriques chroniques (dyspepsie chronique) ;
- Une anémie par carence en fer ou par carence en vitamine B12 sans autre cause possible ;
- Un purpura thrombopénique immunologique (trouble auto-immun rare de la coagulation, caractérisée par une baisse du taux de plaquettes sanguines) ;
- Un lymphome du Malt gastrique ;
- Des antécédents familiaux de cancers de l’estomac ;
- Une prédisposition aux cancers digestifs ;
- Avant une chirurgie de l’obésité ;
- Avant la prescription d’antiinflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou d’aspirine à faible dose, chez des sujets ayant des antécédents d’ulcères gastroduodénaux.
Pour établir le diagnostic, le médecin s’appuie sur les symptômes ressentis par le patient et sur plusieurs examens complémentaires :
- Une épreuve respiratoire (test respiratoire à l’urée marquée au carbone 13) pour détecter la bactérie dans l’air expiré ;
- Une analyse des selles pour mettre en évidence la bactérie (recherche d’antigènes) ;
- Des sérologies sanguines (recherche d’anticorps dirigés contre Helicobacter pylori) ;
- Une endoscopie haute (gastroscopie) pour visualiser l’intérieur de l’estomac et effectuer des biopsies de la muqueuse gastrique.
La gastroscopie est le seul examen qui permet à la fois de :
- Confirmer le diagnostic de l’infection par Helicobacter pylori ;
- Déterminer la sensibilité de la bactérie aux différentes classes d’antibiotiques ;
- Détecter d’éventuelles lésions gastriques précancéreuses.
Le pronostic et l’évolution de l’infection par Helicobacter pylori sont étroitement liés au traitement mis en place ou non. Sans traitement antibiotique, le risque de récidive d’un ulcère gastroduodénal dû à Helicobacter pylori est de 50 % sur une année, contre seulement 10 % chez les patients traités par des antibiotiques. Le traitement adapté de l’infection peut permettre de guérir des ulcères non soulagés par les autres traitements, en particulier les traitements antiacides.
La prise en charge de l’infection par Helicobacter pylori
Le traitement de l’infection par Helicobacter pylori repose sur une tétrathérapie, constituée de :
- Trois antibiotiques efficaces contre la bactérie ;
- Un inhibiteur de la pompe à protons (IPP), pour réduire la production d’acide gastrique.
Dans certains contextes, le traitement peut être complété avec un sel de bismuth. Deux principaux schémas thérapeutiques sont utilisés :
- Un traitement de 14 jours associant un IPP, l’amoxicilline, la clarithromycine et le métronidazole ;
- Un traitement de 10 jours combinant un sel de bismuth, un IPP, une tétracycline (antibiotique) et le métronidazole.
À savoir ! Auparavant, l’infection par Helicobacter pylori était traitée par une trithérapie associant deux antibiotiques et un IPP. Aujourd’hui, le recours à une quadrithérapie est devenu quasiment systématique face au développement de la résistance bactérienne aux antibiotiques. De nombreuses souches d’Helicobacter pylori sont notamment résistantes à la clarithromycine.
Si la sensibilité de la bactérie n’a pas pu être déterminée à partir des résultats de la gastroscopie, les antibiotiques sont choisis arbitrairement par le médecin, et leur efficacité évaluée après plusieurs jours de traitement.
Environ un mois après la fin du traitement, il est nécessaire d’effectuer une nouvelle épreuve respiratoire pour confirmer que la bactérie a bien été éradiquée.
L’instauration d’un traitement de l’infection par Helicobacter pylori n’est pas une urgence médicale. Il peut être différé en cas de besoin, par exemple en cas de grossesse ou d’allaitement.
En dehors de l’éradication de la bactérie, le traitement de l’infection a démontré son efficacité sur plusieurs critères :
- La cicatrisation de l’ulcère gastroduodénal ;
- La prévention des récidives d’ulcères et du développement de cancers de l’estomac ;
- La rémission, voire la guérison des lymphomes gastriques du Malt de bas grade.
Estelle B. / Docteur en Pharmacie