Peste


Rédigé par Charline D. et publié le 16 août 2018

peste

La peste est une pathologie d’origine infectieuse qui a fortement impacté l’histoire : connue sous le nom de « peste noire » au 14ème siècle, elle a été à l’origine de plus de 50 millions de décès à travers l’Europe. Au cours du 20ème siècle, l’utilisation d’antibiotiques et le renforcement des mesures de santé publique ont permis de réduire de façon très importante la morbidité et la mortalité liée à la maladie, sans pour autant parvenir à la faire disparaître. La peste est une maladie à réglementation internationale.

Définition : Peste

La peste est une pathologie en réémergence. En effet, elle sévit encore de nos jours en Afrique, en Asie et en Amérique. Elle relève, par ailleurs, d’un règlement sanitaire international qui impose à l’ensemble des pays de déclarer les cas à l’Organisation mondiale de la santé (OMS, ou WHO en anglais). Entre 2010 et 2015, 3248 cas de peste ont été enregistrés dans le monde, dont 584 mortels. L’une des caractéristiques des épidémies de peste est leur faculté de s’éteindre momentanément (parfois plusieurs années) avant de réapparaître brutalement.

À savoir ! En France, les derniers cas de peste sont survenus en 1945 en Corse.

La peste est une zoonose bactérienne impliquant la bactérie Yersinia pestis que l’on trouve d’ordinaire chez les petits mammifères et les puces. C’est Alexandre Yersin qui découvrit en 1894 le bacille à l’origine de la maladie. L’homme peut être contaminé de différentes manières :

  • Les piqûres de puces infectées ;
  • Par contact non protégé avec des liquides corporels infectés ;
  • Par inhalation de gouttelettes respiratoires en provenance d’un individu atteint de peste pulmonaire.

Cette pathologie est très grave chez l’homme, particulièrement les formes septicémiques et pulmonaires. Le taux de létalité (décès découlant de la maladie) est compris entre 30 et 100% sans traitement. La peste pulmonaire est systématiquement mortelle si elle n’est pas prise en charge rapidement. Cette dernière est également très contagieuse (transmise via les gouttelettes respiratoires expulsées suite à une toux, un éternuement, etc.), et peut être à l’origine de très importantes épidémies.

Symptômes

Dans les 1 à 7 jours qui suivent la contamination, les premiers symptômes de la peste apparaissent. Ce sont des symptômes peu spécifiques de la maladie : fièvre d’apparition brutale, frissons, céphalées, des douleurs dans le corps, un état de faiblesse, des vomissements et des nausées.

Selon le mode d’infection, on distingue deux types de peste : la bubonique et la pulmonaire.

La peste bubonique est la forme la plus fréquente provoquée par la piqûre d’une puce infectée. Lors de la piqûre, la bactérie en cause passe dans le système lymphatique du patient afin d’atteindre le ganglion le plus proche et se multiplier. En conséquence, on note une inflammation du ganglion concerné : on parle de « bubon ». A un stade avancé, ces ganglions enflammés finissent par s’ulcérer et suppurer. Enfin, la peste bubonique peut se propager aux poumons. On parle alors de peste pulmonaire qui est la forme la plus sévère de la maladie.

À savoir ! La transmission interhumaine de la peste bubonique est rare !

La peste pulmonaire est rare, mais grave. Les symptômes peuvent apparaître en moins de 24 heures. Si elle n’est pas diagnostiquée et traitée rapidement, elle est fatale. Si le traitement intervient dans les 24 heures qui suivent les premiers signes, alors les taux de guérison sont élevés.

Diagnostic

Tout d’abord, le diagnostic de la maladie est évoqué sur la présence des symptômes associés à un récent voyage en zone endémique ou un contact avec un patient atteint de la peste.

Le diagnostic est ensuite confirmé grâce à des tests réalisés en laboratoire. La bactérie Yersinia pestis est identifiée dans un échantillon de pus provenant d’un bubon, de sang ou des expectorations. Diverses techniques permettent de mettre en évidence la présence de bactéries. L’une d’entres elles est un test rapide sur bandelettes. Il est actuellement utilisé en Afrique et en Amérique du Sud avec l’appui de l’OMS.

Traitement

Pour traiter efficacement la maladie, il faut agir vite. Ainsi, un diagnostic et un traitement rapide sont essentiels à la survie du patient et à la limitation des potentielles complications.

Sans traitement, le décès peut survenir dans les 18 à 24 heures qui suivent les premiers symptômes.

Le traitement efficace est un antibiotique. La streptomycine, les tétracyclines et les fluoroquinolones sont les antibiotiques de référence pour le traitement de la peste.

Gestion d’une épidémie

En cas de flambée épidémique, plusieurs mesures sont prises pour la contrôler.

  1. Tout d’abord, la priorité est de trouver et éliminer la source de l’infection. C’est-à-dire qu’il faut identifier la source la plus probable dans la zone où les malades ont été contaminés. L’objectif est de rechercher des zones groupées où de petits animaux sont morts en nombre important. Il faut ensuite, lutter contre les vecteurs (les puces) et les rongeurs.
  2. Il est important d’assurer la protection des agents de santé en les informant et les formant à la prévention de l’infection et à sa lutte. Les individus directement en contact avec les malades doivent respecter les précautions standards et recevoir une antibiothérapie préventive pendant toute la durée de l’exposition.
  3. Il convient de s’assurer de la disponibilité des traitements : à la fois en quantité et en qualité.
  4. Il faut isoler les patients atteints de peste pulmonaire, et leur fournir des masques afin de limiter la propagation de l’infection.
  5. Il est nécessaire de surveiller les proches des patients atteints de peste pulmonaire et de leur administrer une antibiothérapie préventive de 7 jours.
  6. Il est demandé de collecter des échantillons en respectant les procédures appropriées et les envoyer au laboratoire pour analyse.
  7. Il faut se laver très régulièrement les mains à l’eau et au savon. Il est possible d’utiliser une solution hydro-alcoolique. Pour les parties du corps plus étendues, il est aussi possible de les désinfecter avec de l’eau de javel diluée à 10%.
  8. Une personne dont on suspecte le décès par la peste pulmonaire doit être recouverte d’un linge imbibé de désinfectant.

Prévention

La première mesure de prévention est l’information. En effet, il est avant tout important que le grand public ait conscience de la présence de la peste et des précautions basiques à adopter :

  • Prévenir les piqûres de puces ;
  • Ne pas manipuler des carcasses d’animaux.

Il est également important d’éviter tout contact direct avec des tissus ou des liquides corporels infectés.

Ainsi, pour les voyageurs se rendant dans des zones endémiques, il est recommandé :

  • D’éviter les contacts avec les rongeurs ;
  • De se protéger des piqûres de puces en utilisant des répulsifs cutanés adaptés ;
  • De consulter un médecin rapidement en cas de contact avec une personne atteinte de peste qui tousse.

À savoir ! La vaccination contre la peste n’est pas recommandée par l’OMS, sauf pour les personnes exposées à un risque important de contamination (le personnel de laboratoires, certains agents de santé).En effet, les premiers vaccins entraînaient des effets indésirables importants.

Plusieurs vaccins sont actuellement à l’étude, mais nécessitent encore une validation chez l’homme.

 

Charline D., Docteur en pharmacie

– Peste. OMS..Consulté le 31 octobre 2017.
– Peste. Institut Pasteur..Consulté le 14 août 2018.

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