Cystite interstitielle

Une cystite interstitielle est un syndrome douloureux affectant la vessie. L’origine du trouble est inconnue. La maladie se manifeste par des troubles urinaires (impériosité et besoins fréquents d’uriner) et des douleurs plus ou moins invalidantes dans la partie inférieure de l’abdomen. Le diagnostic repose sur l’exclusion de toute autre pathologie pouvant provoquer les mêmes symptômes, et sur la réalisation d’une cystoscopie. La prise en charge d’une cystite interstitielle est uniquement symptomatique. Plusieurs traitements (antalgiques, anti-inflammatoires, injections, chirurgie, etc.) ont montré une certaine efficacité selon les patients.

Définition et symptômes de la cystite interstitielle

Qu’est-ce que c’est ?

Une cystite interstitielle ou syndrome de la vessie douloureuse, est une maladie de la vessie d’origine inflammatoire. Elle se manifeste par des envies pressantes et/ou fréquentes d’uriner, associées à des douleurs dans le bas ventre et au niveau de la vessie. Des difficultés à uriner peuvent également être présentes.

A la différence de la cystite commune, dont l’inflammation est engendrée par des bactéries, la cystite interstitielle est une infection chronique dont la ou les causes sont inconnues. Plusieurs maladies sont très probablement regroupées sous ce terme.

Le nombre exact d’individus concernés par cette maladie est difficile à évaluer. En Europe, on estime qu’une personne sur 12 500 à 1 500 en est atteinte. Tout le monde peut être concerné par la cystite interstitielle, cependant dans près de 90% des cas, elle affecte une femme. L’affection se manifeste généralement entre l’âge de 30 et 40 ans, mais un quart des patients à moins de 30 ans lors du diagnostic.

À noter ! Les pays occidentaux et nordiques semblent être plus touchés par la cystite interstitielle.

Quels symptômes ?

Les symptômes d’une cystite interstitielle sont très variables d’un patient à un autre. Ils peuvent être plus ou moins invalidants :

• Des envies d’uriner anormales, en termes de fréquence ou d’impériosité, aussi bien le jour que la nuit. Le besoin d’uriner est quasi permanent. En effet, le fait d’uriner soulage à peine le patient, et le besoin d’uriner peut revenir en quelques minutes. Finalement, le patient urine que très peu à chaque fois car sa vessie est vide, même s’il garde toujours la sensation qu’elle est pleine ;
• Des douleurs dans le bas du ventre. L’inflammation de la paroi de la vessie est la cause de la majorité des douleurs ressenties en cas de cystite interstitielle.

La cystite interstitielle évolue sous forme de poussées, entrecoupées de période d’accalmie où les symptômes sont moindres.

Les premières crises peuvent se manifester de façon spontanée ou suite à un évènement comme une opération, un accouchement ou une infection bactérienne.

Au fur et à mesure que la maladie évolue, le patient éprouve des difficultés de plus en plus grandes à uriner ou à vider sa vessie. Effectivement, les muscles qui entourent la vessie sont trop développés et ont du mal à se relâcher pour permettre de vider complètement la vessie.

La douleur associée à la cystite interstitielle peut être intermittente ou permanente. Elle est généralement plus intense lorsque la vessie est remplie, et moindre après avoir uriné. Les patients ressentent comme une brûlure, avec des spasmes et une tension dans le bas ventre. La douleur est souvent assimilée par les patients à un coup de poignard ou de lames de rasoir dans la vessie. Elle peut irradier dans le ventre ou le dos selon les patients. Chez les femmes, la douleur peut être ressentie dans le vagin, tandis que pour les hommes, elle peut être localisée dans le pénis et les testicules. Les rapports sexuels sont douloureux pour près de la moitié des patients.

Plus rarement, des douleurs articulaires ou musculaires, des migraines ou des troubles gastro-intestinaux peuvent être associés.

L’intensité des symptômes peut varier durant la semaine, ou même la journée. Elle peut tout aussi bien rester constante pendant des mois ou des années. Parfois, les douleurs disparaissent totalement, mais reviennent plusieurs années après.

Diagnostic et traitement de la cystite interstitielle

Quel est son diagnostic ?

Bien que relativement fréquente, la cystite interstitielle est pourtant mal connue. Le diagnostic est généralement tardif. En effet, il n’existe aucun marqueur spécifique de la maladie. Ainsi, pour pouvoir poser son diagnostic, le médecin doit d’abord éliminer les autres causes possibles.

Les symptômes évoquent au premier abord une cystite classique d’origine bactérienne. Cependant, les analyses d’urines reviennent stériles (exemptes de bactéries pouvant expliquer une infection).

Le médecin prescrit alors une cystoscopie afin d’observer directement la paroi de la vessie par l’introduction d’un cystoscope dans l’urètre. Cet examen est réalisé sous anesthésie générale. La vessie est mise en hydro-distension. Autrement dit, elle est remplie d’eau afin d’obtenir sa dilatation. En cas de cystite interstitielle, on observe dans 95% des cas des petits saignements dans la paroi vésicale, appelés glomérulations. Ces derniers témoignent de fissures dans la paroi de la vessie, un signe typique de la maladie. Dans 10% des cas, un ulcère de Hunner est également observé dans la paroi vésicale.

À savoir ! L’hydro-distension est parfois utilisée pour soulager les patients. En effet, environ un quart d’entre eux voient une amélioration de leurs symptômes grâce à l’examen.

Un examen urodynamique et une cystomanométrie peuvent aussi être prescrits pour évaluer la capacité de la vessie à retenir l’urine.

Le diagnostic de la cystite interstitielle est donc établi lorsque les symptômes, le test d’hydro-distension et les mesures urodynamiques évoquent l’affection. Cependant, il n’existe pas de diagnostic de certitude pour cette pathologie. Il est donc indispensable que le médecin ait éliminé toute autre cause possible au préalable.

Quel traitement ?

Pour l’instant, aucun traitement ne permet de guérir définitivement une cystite interstitielle. Plusieurs traitements ont montré une certaine efficacité, variable d’un patient à un autre. Il est fréquent de devoir essayer plusieurs traitements avant d’en trouver un qui convienne au patient.

La prise en charge symptomatique va surtout avoir une action sur la douleur et l’inflammation. Pour soulager les douleurs du patient, le médecin peut prescrire des anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène par exemple). Cependant, ils ont généralement une efficacité insuffisante, et non durable dans le temps. Par ailleurs, chez certains patients, les effets indésirables ne sont pas anodins (ulcère, hémorragie, etc.).

D’autres antalgiques peuvent être essayés également comme le paracétamol ou la morphine, seul ou en association, pour soulager les douleurs. Les antidépresseurs tricycliques sont parfois utilisés à faible dose lorsque les antidouleurs classiques ne fonctionnent pas. Les antispasmodiques ou anticonvulsivants permettent d’atténuer les contractions musculaires douloureuses.

L’allergie étant une cause potentielle de la cystite interstitielle, les antihistaminiques peuvent être efficaces, notamment chez les patients ayant des allergies connues.

L’hydro-distension, utilisée également pour le diagnostic de la maladie, s’est avérée efficace chez certains patients pour apaiser leurs douleurs. L’effet positif est généralement temporaire. Il dure entre plusieurs semaines et plusieurs mois.

L’administration d’héparine, ayant des propriétés anti-inflammatoires, a également démontré une certaine efficacité. Cependant, son temps d’action peut être très long (parfois jusqu’à 2 ans) et elle induit un risque hémorragique qui impose un suivi régulier.

L’injection de DMSO (Diméthyle sulfoxyde) est efficace chez certains patients, surtout en association avec des corticoïdes, de l’héparine ou un anesthésique local. Les résultats obtenus sont généralement bons, mais les injections doivent être répétées.

À noter ! Le DMSO peut être très mal toléré chez certains patients (brûlure et aggravation des symptômes).

L’acide hyaluronique a aussi montré son efficacité pour soulager la cystite interstitielle, cependant les injections ne sont pas remboursées par la sécurité sociale.

Enfin, la chirurgie est envisagée en dernière intention. Elle est réalisée dans près de 2% des cas de cystite interstitielle lorsqu’aucun autre traitement ne permet de soulager le patient. L’intervention est lourde et parfois inefficace. Elle consiste généralement à retirer la vessie (cystectomie).

Charline D., Docteur en pharmacie