Musique ou langage, comment le cerveau les distingue ?

Neuroplasticité

Rédigé par Estelle B. et publié le 15 mai 2020

Comment le cerveau fait-il la différence entre un morceau de musique et un dialogue ou la lecture d’un texte ? Si cette distinction fait appel à des zones différentes du cerveau, les mécanismes physiologiques et neuronaux n’étaient jusque-là pas élucidés. Des chercheurs français viennent de publier dans la revue scientifique Science de nouveaux éléments de compréhension de ces mécanismes faisant appel à la plasticité neuronale.

musique et jeunes enfants

Musique ou langage ?

Tous les sons ne provoquent pas la même réaction dans le cerveau. Le cerveau est par exemple capable de distinguer :

  • La musique ;
  • Le langage.

Les scientifiques s’accordent sur l’idée que le cerveau ne mobilise pas ses deux hémisphères de la même manière lorsqu’il doit reconnaître un air de musique ou un texte lu à l’oral. L’hémisphère gauche est le plus impliqué dans la reconnaissance du langage, tandis que l’hémisphère droit est le plus mobilisé dans la détection de la musique. Mais quels sont les mécanismes physiologiques et neuronaux à la base de cette capacité de distinction ? Une équipe de recherche française, en collaboration avec des chercheurs canadiens, s’est intéressée de près à cette question, en utilisant une approche innovante.

Des combinaisons de textes et de mélodies

Les chercheurs ont enregistré dix phrases, chantées chacune par une soprane sur dix airs mélodiques spécialement composés pour cette étude. Les 100 enregistrements obtenus, sur lesquels la mélodie et les paroles sont dissociées ont ensuite été déformés selon l’une des deux dimensions du son. Au total, 49 participants ont été inclus dans cette étude et ils ont tous écouté les 100 enregistrements par paire. Ils devaient ensuite indiquer si les enregistrements écoutés par paire étaient identiques, soit au niveau du texte, soit au niveau de la mélodie. L’expérience était répétée en français et en anglais pour s’affranchir des barrières liées à la langue.

À savoir ! Les sons peuvent être représentés en deux dimensions, une dimension spectrale (la fréquence du son) et une dimension temporelle (le temps du son).

L’analyse des données obtenues a montré que, quelle que soit la langue, les participants étaient capables de reconnaître la mélodie mais ne pouvaient identifier le contenu du texte, quand la dimension temporelle du son était déformée. Par ailleurs, ils identifiaient le texte mais pas la mélodie, quand la dimension spectrale du son était altérée.

Une spécialisation des hémisphères cérébraux

L’analyse des données d’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) cérébrale des participants a par ailleurs montré que l’activité du cortex auditif gauche variait selon le texte, quelle que soit la mélodie. A l’inverse, l’activité du cortex auditif droit variait en fonction de la mélodie mais pas du texte. La capacité des participants à reconnaître la musique ou le langage pouvait également être prédite, en observant l’activité neuronale respective des deux cortex auditifs.

Ces données suggèrent que l’activité neuronale dans chaque hémisphère cérébral dépend du type d’information sonore perçue et est capitale pour différencier et reconnaître le langage et la musique. Les neurones du cortex auditif gauche seraient spécialisés dans la réception du langage par un meilleur traitement de l’information temporelle du son, tandis que les neurones du cortex auditif droit seraient plus à même de traiter l’information spectrale et donc de percevoir la musique. Cette spécialisation de chaque hémisphère cérébral permettrait au cerveau d’optimiser le traitement des signaux sonores pour mieux communiquer.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Musique ou langage ? Le cerveau divisé. presse.inserm.fr. Consulté le 8 mai 2020.
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