L’exposition à des bruits trop intenses conduit à des troubles auditifs, voire à une perte d’audition, chez une proportion croissante de jeunes. Même si la prévention reste le meilleur moyen de préserver son ouïe, une récente étude révèle un moyen pour le moins original de limiter la perte d’audition en cas de traumatismes sonores.
Les jeunes, les principales victimes du bruit
Selon une récente enquête menée pour la Journée Nationale de l’Audition en mars 2018, les adolescents et les jeunes adultes sont les principales victimes des traumatismes sonores. Dans ce sens, l’association JNA, qui lutte contre les problèmes auditifs, lance une campagne de prévention pour mettre en garde contre les traumatismes sonores aigus et chroniques faisant suite à l’écoute d’une musique trop forte. Cette campagne débutera le 21 juin 2018 et durera tout l’été.
Dans une récente étude menée par cette association, les jeunes se révèlent les principales victimes de ce type de situations, avec des chiffres alarmants :
- 60 % des 15-17 ans ont déjà ressenti des sifflements ou des bourdonnements dans les oreilles ;
- 25 % des 25-34 ans souffrent régulièrement ou constamment d’acouphènes ;
- 9 % des 15-17 ans déclarent avoir une perte auditive.
Selon les spécialistes, la moitié de ces troubles auditifs serait évitable. L’écoute de musique trop forte est très souvent à l’origine de ces problèmes d’audition. Les 15-24 ans sont les plus exposés à ce type de traumatisme sonore. Après 24 ans, les enquêtes révèlent en effet un changement dans le comportement d’écoute de la musique.
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Un moyen original de prévenir la perte d’audition
Dans ce contexte, une étude récente s’est penchée sur un moyen pour le moins original de prévenir les pertes d’audition en cas de traumatisme sonore. Les résultats de cette étude viennent d’être publiés dans la revue scientifique PNAS.
Les chercheurs ont étudié l’impact d’un souffle explosif sur l’oreille interne de souris. Ils ont observé plusieurs conséquences au cours des trois heures qui suivaient le traumatisme sonore :
- Une perte d’une partie des cellules chargées de l’amplification mécanique des sons ;
- Un hydrops endolymphatique, plus connu sous le nom de maladie de Ménière ;
- Une déformation d’une membrane de l’oreille interne (membrane de Reissner) ;
- Une destruction des neurones chargés de la transmission nerveuse au nerf auditif.
En analysant plus précisément les conséquences physiques et physiologiques du traumatisme sonore, ces chercheurs ont eu l’idée d’injecter une solution hypertonique (solution plus concentrée que le sérum physiologique) au niveau du tympan dans les 3 heures suivant le traumatisme sonore. Ce procédé original permettait chez la souris de réduire significativement la destruction des neurones transmettant le signal auditif.
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Prévenir les traumatismes sonores
Des études complémentaires sont nécessaires pour étudier la possibilité de transposer ces résultats chez l’Homme. Si les résultats préliminaires se confirment, ce procédé simple pourrait avoir un intérêt dans toutes les situations à risque de perte auditive après un traumatisme sonore (musique trop forte, mais aussi coup de feu, explosion, …).
En attendant, la meilleure approche reste de prévenir autant que possible les traumatismes sonores, notamment ceux liés à l’écoute de la musique. L’association JNA, soutenue par de nombreux artistes, sensibilisera tout au long de l’été sur les risques liés à une écoute trop forte de la musique.
L’association rappelle ainsi quelles sont les bonnes pratiques pour écouter de la musique sans faire souffrir ses oreilles :
- Sur smartphone :
- Maîtriser l’intensité et la durée de l’écoute musicale ;
- Faire des pauses au cours de la journée ;
- Privilégier les casques et écouteurs à réduction de bruit ;
- Instaurer au minimum 7 heures par jour de silence total, par exemple au cours du sommeil ;
- En discothèque, en concert ou lors d’un festival :
- Utiliser l’application sonomètre, développée l’association JNA, pour vérifier le niveau sonore ;
- Porter des protections auditives au-delà de 80 dB ;
- Faire régulièrement des pauses en s’éloignant du bruit ;
- Laisser les oreilles récupérer pendant au moins 7 heures après l’exposition au bruit ;
- Consulter un médecin ORL, si des symptômes auditifs persistent 6 à 7 heures après l’exposition.
Des mesures de prévention particulièrement destinées aux jeunes pour que la musique festive de l’été ne soit pas synonyme d’une perte d’audition définitive.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie