Un nouveau métier fondé sur l’entraide entre usagers, celui de médiateur de santé-pair, s’installe dans les établissements français de santé mentale. Malgré les réticences de certains professionnels, il semble que cette profession soit judicieuse dans la prise en charge des patients souffrants de troubles mentaux.
Médiateur de santé-pair, quel utilité ?
La pair-aidance est une notion d’entraide entre les personnes souffrant d’une même pathologie. Elle passe par le partage des anciens patients de leur vécu, de leur expérience et de leur parcours de rétablissement, auprès des personnes souffrantes. Le médiateur de santé-pair va ainsi pouvoir aider les patients en les conseillant à propos des démarches d’accès aux droits sociaux, en leur apportant un soutien relationnel, le tout combiné à une éducation thérapeutique.
Ce médiateur, par la pertinence de son approche, incarne l’espoir en donnant un exemple positif de rémission. Il montre aux personnes souffrantes qu’il est possible de sortir de la maladie.
Certains professionnels sont opposés à ce nouveau dispositif. Il s’agit peut-être d’un manque d’ouverture d’esprit d’une partie du personnel soignant, qui ne croit pas en la rémission complète de certaines pathologies psychiatriques. L’idée de concurrence est également évoquée : les infirmiers, aides-soignants ou encore psychologues craignent ces nouveaux intervenants. Pourtant, justement en favorisant l’alliance thérapeutique avec l’équipe médicale et en diminuant le taux de ré hospitalisation, la pair-aidance semble avoir un impact nettement positif.
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Une formation reconnue
C’est à l’initiative du CCOMS (Centre de Collaborateurs de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la recherche et la formation en santé mentale), que la formation des médiateurs de santé-pairs a pu être lancée en France. Cette formation a été développée en 2011 par la FNAPSY (Fédération Nationale des Associations d’Usagers en Psychiatrie), l’université Paris VIII et le ministère de la santé.
Le programme national est divisé en deux phases : une première, qui consiste en un diplôme universitaire (Médiateur de santé / Pair – DU) d’une durée de 1 an, puis une deuxième phase de mise en situation. Cette seconde étape consiste en l’intégration du nouveau médiateur de santé-pair directement dans l’établissement de santé mentale, où il travaillera en partenariat avec les équipes médicales.
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Qui peut devenir médiateur de santé-pair ?
Les personnes en rémission complète ayant souffert dans le passé de troubles mentaux et connaissant bien les systèmes de soins en lien avec la santé mentale, s’ils sont volontaires, peuvent postuler à cet apprentissage. Le candidat, pour être admis, se doit d’être de niveau Bac+2. Cependant, la notion de rétablissement est essentielle : en effet, les patients doivent disposer d’assez de recul sur leur maladie pour être préparé au partage de leur histoire. Cette rémission est obligatoire, surtout face à la difficulté de la confrontation permanente au passé pathologique, qui peut être compliqué à gérer. Autre complexité, le médiateur de santé-pair doit également savoir garder la bonne distance avec les patients, élément qui n’est pas évident et qui nécessite une certaine expérience.
Clémence R. Pharmacienne
Sources
Dupont S, Le Cardinal P, Marsili M, François G, Caria A, Roelandt JL. Intégrer d’anciens usagers aux équipes soignantes en santé mentale : une expérience pilote. La santé de l’homme n°423. Mai-juin 2011.
Programme « Médiateur de santé/pairs ». CCOMS. 2014
Rapport final de l’expérimentation « Médiateurs de santé/pairs (MSP) » AQRP, Mars 2015
Médiateur de santé/Pair – DU, Université Paris 8