Pourquoi les séniors perdent souvent l’appétit ?
Avec l’âge, l’appétit diminue fréquemment, parfois sans que l’on s’en rende compte. Cette perte d’envie de manger semble anodine, mais elle peut entraîner de graves conséquences : perte de poids, affaiblissement, risque de chute ou de dénutrition. Pourquoi les séniors perdent souvent l’appétit ? Quelles en sont les causes physiologiques et psychologiques ? Et comment prévenir la perte d’appétit liée à l’âge ? Voici ce qu’il faut savoir.

Avec l’âge, le corps change… et l’appétit aussi
Des mécanismes de faim et de satiété moins efficaces
À partir de 70 ans, les signaux de faim et de satiété deviennent moins précis. Le cerveau met plus de temps à percevoir la baisse du taux de sucre dans le sang, tandis que la sensation de satiété dure plus longtemps. Résultat : les repas sont plus espacés, les portions réduites et les apports énergétiques souvent insuffisants.
Un goût et un odorat émoussés
Le goût et l’odorat jouent un rôle essentiel dans le plaisir de manger. Or, après 75 ans, le nombre de papilles gustatives diminue et les bourgeons restants deviennent moins sensibles. Le goût du sucré, mieux conservé, domine, tandis que le salé et l’amer s’atténuent. La perception des odeurs s’affaiblit également. Les plats paraissent fades, moins appétissants, et le plaisir alimentaire s’amenuise.
Une digestion plus lente
Avec l’âge, la production de salive et de sucs gastriques baisse. L’estomac se vide plus lentement et la digestion prend davantage de temps. Cette lenteur digestive favorise une sensation de satiété prolongée, qui décourage la prise de repas réguliers.
Des facteurs physiques, psychologiques et sociaux étroitement liés
La santé bucco-dentaire et la mastication
Des dents fragiles, des prothèses mal ajustées ou une sécheresse buccale rendent la mastication difficile. Résultat, les séniors évitent les aliments durs ou fibreux (viandes, fruits, légumes crus) et se tournent vers des repas moins variés et souvent moins riches en protéines.
Les maladies chroniques et les traitements
Certaines pathologies, comme la maladie d’Alzheimer, la dépression, ou les troubles neurologiques, peuvent altérer la perception de la faim ou compliquer la préparation des repas. De plus, la polymédication (plusieurs traitements simultanés) peut modifier le goût, provoquer des nausées ou réduire l’appétit.
L’isolement et la perte de repères
Vivre seul, perdre un proche, entrer en institution ou devoir changer ses habitudes alimentaires peut aussi conduire à manger moins. L’alimentation, souvent perçue comme un moment de convivialité, perd alors sa dimension sociale. Les repas deviennent une contrainte plutôt qu’un plaisir.
Les contraintes économiques
Des difficultés financières peuvent amener à restreindre l’achat de produits frais ou de qualité, augmentant le risque de carences nutritionnelles.
Perte d’appétit chez les séniors : quand faut-il s’inquiéter et comment réagir ?
Repérer les premiers signes
Une perte de poids involontaire de plus de 2 à 3 kg en un mois, une fatigue inhabituelle, des vêtements qui flottent, une baisse de force musculaire ou des chutes répétées doivent alerter. Ces signes doivent conduire à évoquer une dénutrition, qui touche environ 2 millions de personnes en France, dont une majorité de séniors.
Prévenir la dénutrition au quotidien
Quelques gestes simples peuvent aider à stimuler l’appétit et limiter les risques :
- Adapter la texture : privilégier des aliments faciles à mâcher ou mixés si besoin, sans réduire la densité énergétique.
- Soigner la présentation des repas et varier les couleurs, les textures et les saveurs.
- Rehausser le goût avec des herbes, épices ou condiments plutôt que du sel.
- Multiplier les prises alimentaires : trois repas principaux et deux collations par jour.
- Maintenir un cadre convivial : partager le repas, écouter de la musique, dresser une belle table.
Le pharmacien ou le diététicien peuvent également accompagner la mise en place d’une alimentation adaptée.
La perte d’appétit chez les personnes âgées n’est pas une fatalité. Elle résulte souvent d’un ensemble de facteurs physiques, psychologiques et sociaux qu’il est possible d’identifier et de corriger. Préserver le plaisir de manger, maintenir des repas équilibrés et un environnement convivial sont des leviers essentiels pour éviter la dénutrition et préserver l’autonomie. Agir dès les premiers signes de perte d’appétit permet de prévenir un cercle vicieux : moins on mange, plus on s’affaiblit… et moins on a envie de manger.
– Dénutrition des personnes âgées : la repérer et la prévenir. www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr. Consulté le 5 novembre 2025.
– Pourquoi les personnes âgées mangent-elles moins bien ?. www.vidal.fr. Consulté le 5 novembre 2025.
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