L’allaitement mixte est comme son nom le suggère un mélange entre l’allaitement et les biberons de lait infantile. Qu’il soit momentané, à visée de sevrage ou simplement par choix, ce mode d’allaitement est fréquemment choisi par les mamans françaises car il présente de nombreux avantages !
Définition de l’allaitement mixte
L’allaitement mixte correspond à l’alternance du lait maternel et du lait artificiel pour nourrir un nouveau-né. En France, contrairement aux autres pays européens, l’allaitement mixte est très fréquent. On parle également d’allaitement au sein partiel.
Les recommandations internationales de l’OMS et nationales de la HAS préconisent pourtant un allaitement exclusif pendant les 6 premiers mois de l’enfant. Or, seulement 10% des petits français sont réellement allaités jusqu’à leurs 6 mois. Plusieurs raisons sont évoquées, les principales restent le manque de soutien, tant des professionnels de santé que de l’entourage, et la désinformation.
L’allaitement mixte est donc pour beaucoup de françaises un bon compromis entre les biberons de lait infantile et le sein ou les biberons de lait maternel. Cette solution est fréquemment envisagée à l’approche du terme du congé maternité afin de faciliter la garde de l’enfant. Parfois, l’allaitement mixte est également la seule façon de pouvoir poursuivre un allaitement.
A noter qu’un allaitement mixte est toujours réversible. La maman peut revenir à l’allaitement exclusif si elle change d’avis. Il suffit alors de proposer davantage le sein au petit pour relancer la lactation. Progressivement, les portions de lait infantile vont diminuer.
Les avantages de l’allaitement mixte
L’allaitement mixte, plus souple qu’un allaitement classique, présente de nombreux avantages :
- La maman a moins de pression et plus de temps pour elle. En effet, le bébé n’est pas dépendant uniquement d’elle pour se nourrir.
- La garde du bébé est plus simple lorsque la maman reprend le travail. En effet, bien que les employeurs soient tenus de permettre aux mères de tirer leur lait, en pratique ce n’est pas forcément réalisable pour toutes.
- L’alternance des tétées de lait infantile et maternel permet d’entretenir la lactation pour maintenir l’allaitement maternel et prolonger ce dernier.
- Le papa ou co-parent est inclus. Il peut donner le biberon à son enfant et ainsi en profiter pour créer un lien avec celui-ci.
- Une solution lorsque la courbe de poids n’évolue pas correctement à cause d’une production de lait maternel insuffisante.
Les inconvénients de l’allaitement mixte
Bien que pratique et idéal pour contenter aussi bien maman que papa, l’allaitement mixte a cependant également des inconvénients qu’il faut avoir pris en compte avant de se lancer.
- Lorsque le lait artificiel est introduit, on observe une baisse naturelle de la lactation car les seins sont moins stimulés.
Il est donc primordial de conserver au minimum 2 ou 3 tétées par jour.
- Par ailleurs, il existe également un risque de confusion entre le sein et la tétine. Le nourrisson peut, en effet, s’habituer au biberon qui a un débit plus rapide, et s’agacer lorsqu’il est au sein.
Pour limiter ce risque, il est recommandé d’utiliser un biberon avec un débit lent et une tétine souple qui se rapproche au maximum du mamelon de la mère.
- Un allaitement mixte conduit parfois à un sevrage précoce vis-à-vis de l’allaitement maternel.
L’allaitement mixte en pratique
Quand débuter un allaitement mixte ?
En pratique, un allaitement mixte peut être débuté dès la maternité ou le retour à la maison. Néanmoins, la lactation n’étant pas encore complétement installée, il existe un risque de sevrage précoce important. Afin de maintenir l’allaitement maternel, il est préférable de réaliser au moins 6 semaines d’allaitement maternel exclusif avant d’introduire un premier biberon de lait artificiel.
La répartition lait infantile / lait maternel
Le nombre de biberons par jour et la répartition entre le lait infantile et le lait maternel varie selon divers paramètres : les besoins, l’âge et les compétences pour téter de l’enfant, les objectifs, les besoins et les contraintes de la maman.
Certaines mamans ne donnent qu’un seul biberon de lait artificiel par jour, tandis que d’autres en donnent trois, et que d’autres alternent sein et biberon au cours de la journée. Il n’existe donc pas de formule type, l’essentiel est que maman et bébé y trouvent leur compte.
Le choix du lait artificiel
Le choix du lait artificiel peut être guidé par le pédiatre. Cependant, en l’absence d’antécédents familiaux d’intolérance ou d’allergie spécifique qui nécessitent des préparations spécifiques, tous les laits infantiles disponibles en grandes surfaces ou en pharmacie se valent.
A noter que le lait maternel et le lait artificiel peuvent être mélangés dans un même biberon. C’est par ailleurs un bon moyen de progressivement apporter du lait artificiel chez un bébé exclusivement allaité qui n’en apprécie pas le goût. Les proportions de lait infantile sont augmentées petit à petit.
Le choix du biberon
Le choix du biberon, et plus particulièrement de la tétine, est important dans le cadre d’un allaitement mixte. Il est préférable que celle-ci soit souple et étirable afin que le bébé puisse correctement positionner sa langue pour téter comme au sein.
A noter ! Toutes les marques de biberon proposent des biberons adaptés à l’allaitement mixte qui imitent le sein au maximum.
Le biberon doit être proposé au bébé en lui chatouillant le menton et la lèvre supérieure avec la tétine. L’objectif est qu’il ouvre grand la bouche comme pour attraper le sein. La tétine utilisée doit avoir un débit lent afin de se rapprocher le plus possible du sein et éviter la confusion.
Le refus du biberon
Pour faciliter l’introduction du biberon, quelques conseils peuvent être utiles :
- Proposer le biberon pour les premières fois lorsque le bébé est calme et pas trop affamé. Il est même recommandé de le proposer en collation dans un premier temps ;
- Mettre le papa à contribution, pendant que la maman s’éloigne discrètement au moment des repas ;
- Proposer le biberon avec du lait maternel dans un premier temps ;
- Présenter le biberon de façon différente que le sein ;
- Être patient ! Réessayer dans plusieurs jours en cas d’échec.
Bien que ce soit rare chez les bébés (surtout de moins de 4 mois), certains peuvent refuser le biberon. Pas de panique, il existe d’autres moyens de nourrir un nourrisson : la tasse à bec ou non, le DAL (dispositif d’aide à la lactation, ou paille).
Le refus du sein
Le refus du sein est un phénomène possible chez les bébés nourris au biberon. Il existe deux cas de figure :
- Un arrêt progressif. On parle de sevrage.
Dans ce cas, il convient d’accepter pour la maman que c’est la fin de l’allaitement.
- Un arrêt brutal. On parle de grève de la tétée.
Le bébé pleure, se cambre et s’éloigne dès la mise au sein alors que tout se passait bien jusqu’ici. Plusieurs causes sont possibles : une candidose, une infection, une modification du goût du lait (nouvelle grossesse, retour des règles, nouveau plat mangé, etc.), une poussée dentaire, une préférence pour le biberon, etc.
Dans ce cas, il faut rester calme et confiante : ce n’est qu’une petite crise temporaire. Le bébé doit passer plus de temps avec la maman, en portage, en peau à peau ou pour les siestes par exemple. Le sein doit lui être proposé régulièrement lorsqu’il est calme et dans une atmosphère détendue. Finalement, il faut ré apprivoiser bébé progressivement !
Charline D., Docteur en pharmacie
