Santé mentale : un nouvel état des lieux post-covid
Une enquête, élaborée par la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) et l’INSERM (Institut Nationale de la santé et de la recherche Médicale), avec Santé Publique France et l’Insee, dresse un état des lieux de la santé mentale des Français entre mai 2020 et l’automne 2022. Focus sur les conclusions de cette étude de suivi incluant plus de 64 000 personnes vivant en France et âgées de plus de 15 ans.

Dépressions et pensées suicidaires : quelles évolutions ?
Lors du suivi des volontaires, interrogés par sondages à quatre reprises, il s’avère que les syndromes dépressifs reculent entre 2021 et 2022.
Entre l’été 2021 et 2022, les syndromes dépressifs dans la population diminuent et passent de 10.6% à 9.6%, avec un net recul des symptômes légers chez les plus de 25 ans. Cependant, les syndromes sévères de la dépression maintiennent toujours le même niveau et touchent 5.3% de la population.
Il est important de noter que les femmes sont plus concernées que les hommes par les syndromes dépressifs : 11% contre 8%. Un écart qui fluctue en fonction de l’âge, mais qui est plus marqué chez les moins de 25 ans. Dans cette tranche d’âge, 17% des femmes sont concernées par les symptômes dépressifs contre 8% des hommes. Ce surrisque de dépression pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs : dépendance aux réseaux sociaux et aux injonctions liées, cyberharcèlement, appartenance à une minorité sexuelle et population subissant davantage de discriminations.
Concernant les pensées suicidaires, les autorités sanitaires observent une augmentation : 2.8% de la population était concernée en 2020 contre 3,4% en 2022.
Cette tendance à la hausse est retrouvée dans toutes les classes d’âge et de sexe, mais surtout chez les jeunes femmes de moins de 25 ans. A l’automne 2022, 9% d’entre elles déclarent avoir pensé à se suicider au cours des douze derniers mois, une proportion en progression positive de 2,4 points par rapport à 2020. Les jeunes hommes commencent également à montrer des signes de vulnérabilité : plus de 5 % d’entre eux sont concernés par des pensées suicidaires à cette même période, une hausse de 1,3 point par rapport à 2020.
Des jeunes en proie aux difficultés émotionnelles
L’enquête EpiCov comporte un module spécifique de questions qui concernent l’un des enfants mineurs vivant avec l’adulte répondant au questionnaire.
Entre l’été 2021 et l’automne 2022, aucune amélioration n’est constatée sur les difficultés psychologiques et sociales des enfants de 5 à 17 ans.
En revanche, les difficultés émotionnelles (anxiété et tristesse) augmentent de façon significative, et surtout chez les jeunes garçons de 8-10 ans (+4,1 points entre 2021 et 2022) et chez les jeunes filles de 15-17 ans (+5.9 points entre 2021 et 2022).
Des jeunes en proie aux difficultés émotionnelles
L’enquête EpiCov comporte un module spécifique de questions qui concernent l’un des enfants mineurs vivant avec l’adulte répondant au questionnaire.
Entre l’été 2021 et l’automne 2022, aucune amélioration n’est constatée sur les difficultés psychologiques et sociales des enfants de 5 à 17 ans.
En revanche, les difficultés émotionnelles (anxiété et tristesse) augmentent de façon significative, et surtout chez les jeunes garçons de 8-10 ans (+4,1 points entre 2021 et 2022) et chez les jeunes filles de 15-17 ans (+5.9 points entre 2021 et 2022).
Concernant les difficultés liées à l’attention, les chiffres sont relativement stables entre l’été 2021 et l’automne 2022. Néanmoins, l’enquête montre une hausse de 1,7 point des difficultés d’attention chez les garçons de 8-10 ans et une hausse de 2 points chez les jeunes filles appartenant à la même classe d’âge.
Du côté des difficultés relationnelles, les chiffres sont stables ou en décroissance dans pratiquement toutes les classes d’âges. Les jeunes garçons de 15 à 17 ans se voient entre cette année, de 2021 à 2022, moins exposés aux difficultés relationnelles avec un recul de 3.7%.
Des causes multifactorielles
Plusieurs facteurs sont associés à la survenue de syndromes dépressifs : situation financière dégradée, faible soutien familial et amical, manque d’intérêt de la part de son entourage face à ce que l’on fait, difficultés à obtenir de l’aide par ses voisins, origine migratoire extraeuropéenne et niveau de diplôme.
Par exemple, parmi les personnes déclarant une situation financière difficile, plus d’une sur cinq présente un syndrome dépressif, contre 6 % parmi les personnes sans difficulté.
En parallèle, cette étude montre que les discriminations sont aussi un puissant facteur de risque du syndrome dépressif.
Les personnes qui se définissent homosexuelles ou bisexuelles présentent presque deux fois plus fréquemment un syndrome dépressif que celles se définissant comme hétérosexuelles (15.5% contre 8.8%). Aussi, les individus déclarant avoir subi des traitements discriminatoires en raison de leur état de santé, d’un handicap ou de leur poids (maigreur ou surpoids) ont une prévalence de syndrome dépressif 1,5 fois plus élevée que celles n’étant pas victimes de discriminations.
Autre facteur précipitant l’apparition de la dépression : une exposition intensive aux écrans hors raisons professionnelles ou scolaires et la consultation des réseaux sociaux au moins une fois par heure.
Enfin, notons que cette étude met en évidence une hausse de recours aux spécialistes de santé mentale que sont les psychiatres (3 % de la population adulte, +1 point par rapport à l’été 2021) et des psychologues (6 %, +2 points). Au total, 11,4 % de la population déclarent avoir consulté un professionnel de santé pour motif psychologique entre juillet 2021 et l’automne 2022.
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