Surpoids et obésité, quelle prise en charge ?


Rédigé par Estelle B. et publié le 14 décembre 2023

obésité

Depuis plusieurs décennies, le surpoids et l’obésité sont en augmentation constante en France, comme dans la plupart des pays industrialisés. En cause, la malbouffe, mais pas seulement ! L’obésité est une véritable maladie, multifactorielle, qui nécessite une prise en charge et un accompagnement adapté des patients.

Du surpoids à l’obésité, l’IMC comme critère déterminant

Le surpoids et l’obésité sont définis par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme une accumulation anormale ou excessive de graisses, avec un impact néfaste sur la santé. Pour caractériser le surpoids ou l’obésité, les médecins utilisent l’Indice de Masse Corporelle (IMC), qui est calculé de la manière suivante :

IMC = Poids en kg / (Taille en m)²

En fonction de l’IMC, sont déterminés :

  • L’insuffisance pondérale si l’IMC est inférieur à 18,5 kg/m² ;
  • La corpulence normale si l’IMC est compris entre 18,5 et 25 kg/m² ;
  • Le surpoids si l’IMC est compris entre 25 et 30 kg/m² ;
  • L’obésité lorsque l’IMC est supérieur à 30 kg/m².

À savoir ! Chaque année, le 4 mars est consacré à la journée mondiale de l’obésité. Retrouvez notre article consacré à ce sujet : 4 mars : journée mondiale contre l’obésité 

Au sein même de la classe d’IMC définissant l’obésité, les médecins distinguent trois situations qui déterminent la sévérité de l’obésité, et donc sa prise en charge :

  • L’obésité modérée quand l’IMC est compris entre 30 et 34,9 kg/m² ;
  • L’obésité sévère quand l’IMC est compris entre 35 et 39,9 kg/m² ;
  • L’obésité massive quand l’IMC dépasse les 40 kg/m².

 

Obésité diagramme

L’obésité est une maladie chronique multifactorielle complexe

 

encadré obésité

 

Historiquement, l’obésité a longtemps été considérée comme le résultat d’une mauvaise hygiène de vie : une alimentation trop riches en graisses et en sucres et un manque d’activité physique. Certes, ces deux facteurs jouent un rôle important dans l’épidémie mondiale d’obésité que nous connaissons depuis quelques années. Mais les travaux de recherche ont montré que le surpoids et surtout l’obésité étaient des maladies multifactorielles complexes, mêlant différentes causes :

  • Des apports caloriques excessifs ;
  • Des dépenses énergétiques insuffisantes en lien avec un manque d’activité physique et une sédentarité trop importante ;
  • Une prédisposition génétique ;
  • Des facteurs psychologiques, notamment :
    • Des troubles du comportement alimentaire, comme la boulimie hyperphagique ou le grignotage ;
    • Des troubles anxieux ou dépressifs ;
    • Les troubles du sommeil.

Parallèlement, plusieurs facteurs de risque et périodes de la vie critiques ont été identifiées comme des périodes propices pour une prise de poids :

  • La surcharge pondérale ou l’obésité dans l’enfance ;
  • La grossesse ;
  • La ménopause ;
  • Certaines maladies chroniques, comme l’hypothyroïdie
  • La prise de certains médicaments, parmi lesquels des anxiolytiques, des antidépresseurs, des antiépileptiques ou des antidiabétiques oraux.

À savoir ! L’obésité infantile constitue un facteur de risque d’obésité à l’âge adulte. En 2017, 20 % des enfants français étaient en surpoids, dont 5,4 % étaient au stade de l’obésité. Parmi les enfants en surpoids ou obèses à l’âge de 6 ans, près de 50 % restent en surpoids ou obèses à la sortie du collège. Pour définir l’obésité infantile, les médecins utilisent également l’IMC, mais prennent aussi en compte l’âge et le sexe de l’enfant. Le dépistage du surpoids doit être précoce pour prévenir le risque d’obésité à l’âge adulte.

L’obésité à l’origine de multiples complications

L’obésité n’est pas une maladie chronique isolée. L’excès de graisses qui la caractérise constitue un facteur de risque de multiples complications ou comorbidités :

À savoir ! L’obésité se traduit par un excès de graisses sur l’ensemble du corps. Le syndrome métabolique se définit par un excès de graisses localisé au niveau abdominal associé à différentes perturbations métaboliques. Il est étroitement associé au surpoids et à l’obésité et constitue un facteur de risque cardiovasculaire majeur. Le syndrome métabolique retrouvé chez une proportion importante de sujets obèses est également déterminant dans les mécanismes physiopathologiques du foie gras ou stéatose hépatique, pouvant évoluer vers une NASH (Non Alcoholic Steatose Hepatitis). Pour définir le syndrome métabolique, les médecins se réfèrent au tour de taille et non à l’IMC.

 

Chez les femmes, l’obésité est également étroitement associée au syndrome des ovaires polykystiques pouvant affecter leur fertilité, mais aussi au risque de diabète gestationnel au cours de la grossesse.

Enfin, l’obésité constitue un facteur de risque pour plusieurs cancers :

Les liens entre obésité et cancer impactent également le pronostic des patients, avec une évolution aggravée et une augmentation du risque de récidive et du risque d’un autre cancer.

Le poids de l’obésité sur la santé est donc très important et doit dicter la prise en charge.

Dépister l’obésité tout au long de la vie pour accompagner au mieux

Dès l’enfance, l’IMC des enfants est régulièrement calculé par le médecin ou le pédiatre à la fois pour surveiller la bonne croissance et le bon développement des enfants, mais aussi pour dépister précocement le surpoids et l’obésité infantile. Ce contrôle régulier de l’IMC doit se poursuivre à l’adolescence, puis à l’âge adulte pour stopper dès que possible la prise de poids. Une prise en charge précoce est déterminante pour son succès !

Plus l’obésité est diagnostiquée tôt et prise en charge rapidement, moins les complications sont nombreuses et moins elles sont avancées. Il est capital de prévenir les comorbidités pour préserver la santé des patients, au-delà de l’objectif de leur faire perdre du poids.

dépistage

Au moindre doute sur votre IMC, demandez conseil à un professionnel de santé. Il est également conseillé d’agir dès le stade du surpoids sans attendre l’évolution vers l’obésité.

Une prise en charge axée sur les mesures hygiéno-diététiques et le traitement des comorbidités

Face au surpoids et à l’obésité, l’accompagnement des patients est pluridisciplinaire et associe des diététiciens, des nutritionnistes, des médecins, des endocrinologues, des chirurgiens, des psychologues, etc.

À savoir ! La stigmatisation des patients en surpoids ou obèses et les conséquences de l’obésité sont difficiles à porter psychologiquement. Un suivi psychologique peut être utile pour aider les patients.

La prise en charge repose en premier lieu sur deux aspects fondamentaux :

  • Des mesures hygiéno-diététiques:
    • Une alimentation saine et équilibrée, avec des apports nutritionnels et caloriques définis en lien avec un diététicien et un nutritionniste ;
    • Une hygiène de vie saine, avec le respect du nombre et des horaires de repas, la fin du grignotage, la baisse voire la suppression de l’alcool, l’arrêt du tabac, etc. ;
    • La pratique d’une activité physique adaptée et régulière ;
    • La lutte contre la sédentarité, en bougeant au quotidien.
  • La prise en charge des comorbidités, avec les traitements pharmacologiques et non pharmacologiques de chaque maladie associée.

Les médicaments contre l’obésité sont peu nombreux et réservés à certaines formes d’obésité. Par le passé, plusieurs médicaments contre l’obésité, essentiellement des médicaments coupe-faim, ont été à l’origine de scandales sanitaires. Désormais, les médecins et les autorités de santé publique se montrent très prudents sur l’utilisation de médicaments pour lutter contre l’obésité.

Récemment, une nouvelle classe de médicaments contre le diabète de type 2, les analogues du GLP-1 (Glucagon Like Peptide-1), ont montré un intérêt dans la prise en charge de l’obésité en induisant une perte de poids significative. Actuellement, seul un analogue du GLP-1, le liraglutide, est indiqué dans la prise en charge de l’obésité en France. Il est prescrit par des médecins spécialistes, dans des contextes très précis (sévérité de l’obésité, respect des mesures hygiéno-diététiques, existence et impact des comorbidités, …) et n’est pas remboursé par l’Assurance Maladie. Pour être considéré comme efficace, le traitement doit induire une perte de poids minimale de 5 % après 12 semaines de traitement.

Un autre médicament est disponible, l’orlistat, qui agit sur l’absorption des graisses au niveau intestinal. Il est prescrit chez certains patients obèses présentant des comorbidités importantes, pour accompagner le changement des habitudes alimentaires. Mais il est associé à un risque d’atteinte hépatique, nécessitant une surveillance médicale étroite.

La chirurgie bariatrique ou chirurgie de l’obésité

Si les médicaments sont peu nombreux et réservés à une petite proportion des patients obèses, la chirurgie bariatrique a connu ces dernières années un essor important. Entre 2006 et 2017, 450 000 interventions ont eu lieu en France, contre 240 000 sur la période 2006-2014.

Tous les patients en surpoids ou obèses ne peuvent pas bénéficier d’une chirurgie de l’obésité. Pour y être éligibles, les patients doivent répondre aux critères suivants :

  • Un IMC supérieur à 40 kg/m² ou supérieur à 35 kg/m² avec une comorbidité associée ;
  • Un âge compris entre 18 et 60 ans ;
  • L’absence de contre-indications psychologiques, par exemple des troubles du comportement alimentaire ;
  • L’absence de risque opératoire ;
  • L’échec des mesures hygiéno-diététiques bien suivies.

Actuellement, la chirurgie de l’obésité fait appel à plusieurs techniques chirurgicales :

  • La pose d’un anneau gastrique ajustable ;
  • L’ablation partielle de l’estomac (la sleeve gastrectomy) ;
  • La dérivation du tube digestif (le bypass).

Ces opérations sont pour certaines irréversibles et ne sont pas dénuées d’effets secondaires, parfois majeurs. Elles nécessitent un suivi médical à vie et le plus souvent des supplémentations nutritionnelles à vie, en particulier le fer et la vitamine B12. De plus, il existe un risque de récidive dans les années qui suivent la chirurgie, si les mesures hygiéno-diététiques ne sont pas respectées.

Pour suivre toute l’actualité sur l’obésité, rendez-vous sur notre site spécialisé : https://www.obesite.com/

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Publié le 6 août 2014. Mis à jour par Estelle B., Docteur en pharmacie, le 13 décembre 2023.
Sources
– Surpoids et obésité de l’adulte. www.ameli.fr. Consulté le 13 décembre 2023.
– Obésité et syndrome métabolique : une épidémie pour le nouveau siècle. www.academie-medecine.fr. Consulté le 13 décembre 2023.
– Guide du parcours de soins : surpoids et obésité de l’adulte. www.has-sante.fr. Consulté le 13 décembre 2023.

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