Homéopathie


Rédigé par Estelle B. et publié le 5 juillet 2018

L’homéopathie, fondée à la fin du XVIIIème siècle, est l’une des médecines douces les plus utilisées en France depuis des dizaines d’années. Méthode thérapeutique basée sur trois principes fondamentaux, elle consiste à administrer à des doses très faibles des substances capables de provoquer, à des doses plus élevées chez la personne en bonne santé, des troubles proches des symptômes présentés par le patient.

comprimés homéopathie

Les trois principes fondamentaux de l’homéopathie

Fondée à la fin du XVIIIème siècle par Samuel Hahnemann, l’homéopathie est une méthode thérapeutique, basée sur trois principes fondamentaux, qui sont les suivants :

  1. La loi de similitude: Toute substance, capable d’entraîner certaines manifestations chez une personne en bonne santé, peut à très faibles doses supprimer ces mêmes symptômes chez une personne malade. Ainsi, une substance qui rend malade à forte dose est susceptible de guérir à faible dose.
  2. La loi de l’infinitésimalité: les remèdes homéopathiques sont préparés par des dilutions successives selon une méthode propre à l’homéopathie pour aboutir à des doses très faibles. A chaque dilution, les remèdes sont soumis à des secousses répétées, pour « activer » les substances selon un procédé spécifique appelé la dynamisation.
  3. Le principe de globalité ou d’individualisation : l’homéopathie appréhende la personne dans sa globalité (physique et psychique) pour rechercher les causes profondes des symptômes ressentis par le patient.

Cette thérapeutique suit donc une logique totalement différente de la médecine traditionnelle, qui vise à traiter les symptômes liés à la maladie. Elle connaît un essor croissant en France depuis plusieurs années.

Les préparations homéopathiques

Les médicaments ou remèdes homéopathiques sont préparés à partir de souches homéopathiques, qui proviennent de différentes ressources, toutes naturelles :

  • Les plantes, avec l’utilisation des plantes entières ou seulement de certaines parties de la plante (feuilles, racines, fleurs, …) ;
  • Les animaux, avec l’utilisation d’animaux entiers (comme l’abeille) ou de sécrétions animales (comme les venins de serpents) ;
  • Les minéraux, par exemple avec l’utilisation du soufre, du mercure ou encore du sel marin.

Les remèdes homéopathiques sont préparés par des dilutions successives d’un extrait initial (la teinture mère, obtenue par divers procédés selon la souche homéopathique). Ces dilutions peuvent être de deux types selon les remèdes :

  • Les dilutions hahnemanniennes, elles-mêmes subdivisées en deux types de dilutions :
    • Les dilutions décimales, notées DH pour Décimale Hahnemannienne, avec une dilution au 1/10ème;
    • Les dilutions centésimales, notées CH pour Centésimale Hahnemannienne, avec une dilution au 1/100ème;
  • Les dilutions korsakoviennes, notées K.

A chaque dilution, les remèdes sont soumis à des secousses répétées pour les « activer », selon un principe dit de dynamisation.

À savoir ! Les différentes dilutions notées sur les remèdes homéopathiques, comme 5CH ou 9CH, ne traduisent pas la force d’un remède, mais seulement l’importance de la dilution. Plus le chiffre est élevé, plus la dilution est importante.

Les remèdes homéopathiques peuvent se présenter sous des formes pharmaceutiques classiques, comme des pommades, des comprimés à avaler ou à sucer, des gommes, des suppositoires, des sirops, des ampoules buvables, etc. Les teintures mères sont également disponibles pour une administration sous forme de gouttes. Parallèlement, deux formes pharmaceutiques sont propres à l’homéopathie :

  • Les granules homéopathiques sont des petites sphères de saccharose (sucre de table) imprégnées de la substance active, présentées sous la forme de tubes granules contenant environ 75-80 granules. Selon les cas, il faut prendre 3, 5 ou plus de granules en une prise.
  • Les globules sont des sphères de saccharose, plus petites que les granules, et imprégnées de la substance active. Ils sont conditionnés dans des doses globules, contenant environ 200 globules à prendre en une seule fois.

Une autre forme pharmaceutique particulière à l’homéopathie est la trituration. Il s’agit de poudre préparée à partir de souches homéopathiques insolubles et donc impossible à dissoudre sous forme de teinture mère pour la diluer.

À savoir ! Les remèdes homéopathiques peuvent contenir une seule souche homéopathique, comme Arnica montana 9CH, ou plusieurs, comme Allium cepa composé, qui renferme sept souches homéopathiques. Il est également possible de faire préparer par la pharmacie des mélanges de souches homéopathiques spécifiques, sur prescription d’un médecin, lorsque ces préparations ne sont pas disponibles. De telles préparations peuvent permettre de réduire le nombre de granules à prendre chaque jour.

Les indications thérapeutiques de l’homéopathie

Les remèdes homéopathiques sont reconnus par le Code de la Santé Publique, comme une catégorie de médicaments à part entière, définis comme « tout médicament obtenu à partir de substances appelées souches homéopathiques, selon un procédé de fabrication homéopathique décrit par la pharmacopée européenne, la pharmacopée française ou, à défaut, par les pharmacopées utilisées de façon officielle dans un autre Etat membre de l’Union européenne. Un médicament homéopathique peut aussi contenir plusieurs principes ».

À ce jour, le mécanisme d’action des remèdes homéopathiques n’est pas connu. Il suscite d’autant plus de questions que dans le cas des hautes dilutions, les concentrations en substances actives sont tellement faibles qu’elles dépassent les seuils de détection des méthodes actuelles d’analyse. Par ailleurs, seul un faible nombre d’études cliniques ont été réalisées pour évaluer leur réelle efficacité, avec des résultats parfois contradictoires.

L’homéopathie peut être utilisée dans un grand nombre d’indications thérapeutiques. Elle peut être conseillée à la fois pour des pathologies aigües ou chroniques, des symptômes physiques ou psychiques. Cette thérapeutique peut être utilisée seule, ou en complément d’autres thérapeutiques et de la médecine traditionnelle. L’homéopathie ne présente que très peu d’effets secondaires, et peut être utilisée par toutes les catégories de personnes, y compris les nourrissons, les femmes enceintes, les personnes les plus fragiles et les personnes âgées. Toutefois, certaines présentations ne sont pas conseillées pour certains publics, comme les teintures mères à base d’alcool chez les femmes enceintes.

Si l’homéopathie peut être utilisée ponctuellement pour traiter un symptôme en particulier, il est également possible de recourir à cette thérapeutique dans les domaines de la prévention (par exemple des syndromes pseudo-grippaux ou des phénomènes allergiques) ou pour améliorer l’état de santé d’une personne dans sa globalité. Dans ce dernier contexte, un bilan approfondi et un suivi par un médecin homéopathe (personne titulaire d’un doctorat de médecine et d’une spécialisation en homéopathie) est recommandé.

Attention ! Dans le cas des maladies graves, l’homéopathie ne peut en aucun cas se substituer aux traitements traditionnels (médicaments, intervention chirurgicale). Elle peut néanmoins contribuer à soulager certains symptômes ou à atténuer certains effets secondaires médicamenteux.

La prise de l’homéopathie en pratique

La posologie des remèdes homéopathiques dépend de plusieurs facteurs :

  • Les symptômes à traiter ;
  • La dilution du remède : plus la dilution est élevée, moins le nombre de prises quotidiennes est important et inversement ;
  • Le remède homéopathique en lui-même.

D’une manière générale, les hautes dilutions (au-delà de 9CH) sont à privilégier dans les circonstances suivantes :

  • La recherche d’une action durable ;
  • Le traitement de symptômes chroniques ;
  • Le traitement de signes généraux (affectant l’ensemble de l’organisme, comme la fièvre ou la fatigue).

A l’opposé, les faibles dilutions (en-dessous de 9CH) sont généralement utilisées dans les cas suivants :

  • La recherche d’une action rapide mais brève ;
  • Le traitement de symptômes aigus ;
  • Le traitement de signes locaux (affectant une partie de l’organisme, comme des douleurs à l’estomac).

La dilution 9CH est de loin la plus utilisée, et s’utilise dans toutes les situations intermédiaires.

La prise des remèdes homéopathiques doit respecter quelques consignes particulières, qui sont les suivantes :

  • Ne pas toucher les granules et les globules avec les doigts. Utiliser les bouchons distributeurs adaptés.
  • Prendre l’homéopathie au moins 15 minutes avant un repas ou 1h30 après un repas.
  • Prendre l’homéopathie à distance de la consommation de café, d’alcool, de tabac ou d’un produit à base de menthe (dentifrice, gomme à mâcher, …). Le moment idéal est le matin à jeun et le soir au coucher, avant le brossage des dents. Des dentifrices compatibles avec l’homéopathie (c’est-à-dire sans dérivé mentholé) sont disponibles en pharmacie et parapharmacie.
  • Laisser fondre les granules et les globules lentement sous la langue, sans les avaler.

Chez les nourrissons et les jeunes enfants, il est possible de dissoudre quelques granules (environ 10) dans une petite quantité d’eau. Une fois dissous, cette solution peut être administrée grâce à un verre, une tasse à bec ou un biberon. Il ne faut jamais dissoudre les granules dans du lait.

À noter ! Les médicaments et remèdes homéopathiques sont disponibles uniquement dans les pharmacies et sont en vente libre. Certaines souches homéopathiques et certaines formes (comme les granules et les globules) sont partiellement remboursées par la Sécurité Sociale (taux de remboursement de 30 %), à condition qu’elles aient été prescrites par un professionnel de santé (médecin, sage-femme, dentiste). Certains organismes complémentaires prévoient des forfaits de remboursement pour l’homéopathie.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Les médicaments homéopathiques. Ministère des Solidarités et de la Santé. Mis à jour le 10 novembre 2016.
– L’homéopathie, quelques précisions. Pharmacien Giphar. Consulté le 13 juin 2018.

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