L’additif E171 en ligne de mire

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Rédigé par Estelle B. et publié le 28 avril 2017

Des nanoparticules seraient présentes dans divers produits alimentaires, notamment certains destinés aux enfants. En cause : le dioxyde de titane, autorisé en tant qu’additif alimentaire sous la nomenclature E171. Cet additif fait actuellement l’objet d’un vaste débat, car ces nanoparticules pourraient être à l’origine de problèmes de santé à moyens et longs termes.

additif e171 sante

 

Additif E171 et nanoparticules

L’additif alimentaire E171 correspond à une substance chimique : le dioxyde de titane. Cet additif est utilisé pour ses propriétés de blanchiment et d’opacification (absorption des UV) dans diverses applications :

  • Alimentaires, en particulier dans les plats cuisinés ou les confiseries. Par exemple, l’E171 permet de former l’enrobage dragéifié de nombreux de chewing-gums ou bonbons ;
  • Cosmétiques, dans les dentifrices ou certaines crèmes solaires.

Sur les emballages, cet additif est mentionné sous deux appellations :

  • E171 ou additif E171 ;
  • Dioxyde de titane.

Très utile pour les industriels, l’additif est actuellement pointé du doigt. En effet, il est constitué de nanoparticules, qui pourraient exercer des effets néfastes sur l’organisme. Les nanoparticules sont généralement artificielles, produites à partir de différents matériaux. Elles sont employées dans de nombreux secteurs : l’optique, l’électronique, l’automobile, l’industrie textile, la chimie, la cosmétique, la pharmacie, l’agroalimentaire, etc.

A savoir ! Une nanoparticule est une particule ultrafine, dont le diamètre varie de 1 à 100 nm, c’est-à-dire de 0,000001 à 0,0001 millimètre. De taille intermédiaire entre les molécules et les cellules, les nanoparticules sont capables de passer au travers des membranes biologiques. Elles peuvent ainsi migrer dans l’organisme pour atteindre différents organes ou tissus.

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Un lien possible avec le développement des cancers

D’une manière générale, depuis plusieurs années, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) recommande aux industriels de limiter autant que possible l’utilisation de toutes les nanoparticules, pour minimiser les risques sanitaires potentiels pour l’Homme. Qu’en est-il plus particulièrement de l’additif E171 ?

En septembre 2016, l’Agence Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) avait conclu que les expositions actuelles des consommateurs à l’additif E171 via l’alimentation ne constituaient pas un risque sanitaire. Toutefois, elle indiquait la nécessité d’études complémentaires, pour définir une dose journalière admissible (dose pour laquelle le consommateur n’encourt aucun risque pour sa santé).

En janvier 2017, une étude, menée par l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), a mis en évidence que cet additif, consommé régulièrement, pouvait provoquer l’apparition d’une inflammation chronique de l’intestin et de lésions colorectales précancéreuses chez le rat.

Suite à la publication de cette étude, l’ANSES a été saisie en janvier 2017 par les Ministères de l’Economie, de la Santé et de l’Agriculture. A ce stade, l’agence ne souhaite pas conclure sur les effets sanitaires de cet additif chez l’Homme et a demandé de nouvelles études sur ses effets sur la santé humaine.

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L’avenir de cet additif suspendu à des études complémentaires

Les nouvelles études demandées par l’ANSES devraient permettre de déterminer plus précisément les effets de l’additif E171 sur la santé, et de définir une dose journalière admissible. Parmi ces études, l’une d’elles s’intéresse particulièrement à la capacité du dioxyde de titane à franchir la barrière hémato-encéphalique (membrane qui isole le système nerveux central de la circulation sanguine générale) pour migrer vers les tissus cérébraux.

Par ailleurs, dès 2015, l’ANSES a soumis à l’Agence Européenne des Produits Chimiques, une demande de classement du dioxyde de titane dans la catégorie des agents cancérogènes par inhalation, suite à des travaux montrant l’apparition de tumeurs pulmonaires chez le rat après inhalation ou instillation. Un classement qui devrait intervenir durant le second semestre 2017.

En attendant les résultats des études en cours et des décisions des autorités françaises et européennes, plusieurs associations réclament une interdiction immédiate de l’additif E171 dans l’alimentation. Si au moins 150 produits alimentaires sont concernés, les enfants sont les principaux exposés, au travers des confiseries.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif à une demande d’avis relatif à l’exposition alimentaire aux nanoparticules de dioxyde de titane. ANSES. Le 4 avril 2017.
– Dioxyde de titane. Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du travail. Mis à jour le 12 avril 2017.
– Nanoparticules de dioxyde de titane dans l’alimentation (additif E 171) : des effets biologiques qui doivent être confirmés. ANSES. Le 12 avril 2017.
– Food-grade TiO2 impairs intestinal and systemic immune homeostasis, initiates preneoplastic lesions and promotes aberrant crypt development in the rat colon. Bettini, Sarah and al. 2017. Scientific Reports 7:40373. DOI: 10.1038/srep40373.
    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour,

      Nous ne pouvons pas répondre avec certitude à votre question, des études sont toujours en cours. Cependant, dans les médicaments, la quantité de dioxyde de titane est minime, et le bienfait du médicament est supérieur aux éventuels effets secondaires. Nous vous conseillons d’en discuter avec votre pharmacien, mais aussi à votre médecin, qui pourra peut-être vous prescrire un traitement alternatif sans dioxyde de titane.

      Nous vous souhaitons une bonne journée,
      L’équipe Santé sur le Net.

Ou

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