La dénutrition : silencieuse mais dangereuse !

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Rédigé par Deborah L. et publié le 14 septembre 2022

Réel enjeu de santé publique, la dénutrition touche près de 2 millions de français. Zoom sur les causes et les dangers de cette maladie silencieuse encore trop banalisée.

des biscottes à moitié mangées qui symbolisent la dénutrition

Qu’est-ce que la dénutrition ?

La dénutrition touche près de 2 millions de français parmi lesquels des personnes âgées mais également des adultes et des enfants. Elle correspond à un déséquilibre nutritionnel pouvant résulter d’apports alimentaires insuffisants, de déperditions d’énergie accrues par certaines maladies ou d’une augmentation des besoins de l’organisme non couverts par l’alimentation. Ce déséquilibre provoque un amaigrissement important de la personne dénutrie avec une réduction du tissu graisseux et de la masse musculaire.

Le diagnostic de dénutrition est posé en cas d’indice de masse corporelle inférieur à 18,5 kg/m2 chez l’adulte (et inférieur à 21 kg/m2 chez les plus de 70 ans). Pour autant, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la dénutrition n’est pas toujours synonyme d’amaigrissement. Une personne présentant un indice de masse corporelle normal ou élevé peut également être dénutrie. En pratique, on considère donc qu’un patient souffre de dénutrition si sa perte de poids est supérieure ou égale à 5 % en un mois ou supérieure ou égale à 10 % en six mois.

À savoir ! La dénutrition est une forme de malnutrition. La malnutrition englobe les carences, les excès ou les déséquilibres dans l’apport énergétique et/ou nutritionnel d’une personne.

Comment s’installe-t-elle ?

Le déséquilibre nutritionnel observé chez la personne dénutrie peut s’expliquer par trois raisons parfois associées :

  1. Une diminution des apports alimentaires
  2. Une augmentation des pertes d’énergie et de protéines par l’organisme au cours de certaines maladies (comme la Covid-19)
  3. Une augmentation des besoins énergétiques non couverts par l’alimentation.

La perte d’appétit représente la principale cause de la diminution des apports alimentaires. Elle peut elle-même être liée à diverses raisons parmi lesquelles un isolement social, des difficultés familiales ou financières, un handicap, un régime alimentaire restrictif, une dépression etc… Des troubles digestifs chroniques, des douleurs dans la sphère buccale (gingivite, mycose de la bouche, manque de dents, appareil dentaire inadapté,) ou tout simplement des difficultés à avaler peuvent également expliquer une perte d’appétit.

Par ailleurs, certaines maladies infectieuses (tuberculose, VIH) peuvent favoriser les déperditions d’énergie. Des brûlures ou des plaies étendues augmentent également les besoins en énergie du corps. Certaines situations particulières comme la prise de médicaments (chimiothérapie anticancéreuse, neuroleptiques…) ou une chirurgie lourde (chirurgie de l’obésité par exemple) favorisent aussi la dénutrition.

À savoir ! On estime que la prévalence de la dénutrition au cours d’un cancer est d’environ 40 % et jusqu’à 70 % pour certains cancers comme le cancer du pancréas. La dénutrition constitue également une complication fréquente des cancers digestifs (bouche, gorge, œsophage, estomac, côlon).

Ce sont enfin des activités physiques d’endurance qui peuvent déclencher une dénutrition si l’apport alimentaire ne compense pas les pertes énergétiques.

Pourquoi la dénutrition est-elle dangereuse pour la santé ?

La dénutrition n’est pas sans danger pour l’état de santé de la personne concernée. Ce sont les muscles, réserves de protéines, qui vont être les plus affectés. Or, lorsqu’elle devient trop importante, la fonte musculaire provoque de nombreuses  complications avec :

  • Des conséquences mécaniques (risque de chute, perte de mobilité, dépendance).
  • Des répercussions psychiques importantes (irritabilité, tendance dépressive, difficultés de concentration et troubles de la mémoire).
  • Une vidange plus lente de l’estomac après les repas avec mauvaise digestion et constipation.
  • Un défaut de cicatrisation après une intervention chirurgicale ou après une plaie.
  • Un dérèglement hormonal avec aménorrhée, retard pubertaire, diminution de la libido et de la fertilité.
  • Une tendance à la frilosité due au dérèglement de la thermorégulation.
  • Une diminution de la qualité de vie.

A cela s’ajoute une diminution des défenses naturelles pouvant conduire à de nouvelles infections plus sévères, des complications voire le décès de la personne dénutrie.

À savoir ! La dénutrition multiplie par 4 le risque de mortalité des personnes âgées et aggrave les maladies préexistantes à travers des complications, une convalescence plus longue, voire de nouvelles hospitalisations.

C’est dire combien la dénutrition peut avoir de lourdes conséquences sur l’état de santé de la personne qui en souffre. Véritable menace pour l’autonomie et l’espérance de vie de la population, la dénutrition doit donc faire l’objet d’une vigilance toute particulière. S’ils sont décryptés à temps, certains signes précurseurs, permettront d’en prévenir l’apparition et le développement chez une personne âgée, un jeune enfant ou une personne malade ou hospitalisée.

Déborah L., Docteur en Pharmacie.

Sources
– Comprendre la dénutrition. ameli.fr. Consulté le 14 septembre 2022.
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