Lutter contre l’endométriose en allaitant ?

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Rédigé par Charline D. et publié le 14 septembre 2017

L’endométriose est une maladie gynécologique fréquente puisqu’elle touche près d’une femme sur 10. Elle provoque dans environ 40% des cas des douleurs parfois invalidantes. Aujourd’hui, grâce à la contribution de certaines figures publiques la maladie est connue de tous et la recherche s’affaire pour essayer de comprendre et traiter la maladie. De récents travaux évoquent le potentiel rôle protecteur de l’allaitement chez les femmes souffrant d’endométriose.

Réduction du risque d'endométriose grâce à l'allaitement

Le lien entre l’allaitement et l’endométriose étudié

L’endométriose est une pathologie gynécologique caractérisée par la présence anormale de tissu utérin (aussi appelé « tissu endométrial ») en dehors de la cavité utérine. Cette localisation ectopique (anormale) se traduit par des lésions évoluant sous l’influence des hormones ovariennes. Les symptômes des la maladie sont majoritairement des douleurs et une infertilité. Parfois, la maladie est silencieuse et seulement découverte à l’occasion d’une consultation en raison de difficultés pour concevoir un enfant. L’origine de l’endométriose reste un mystère sur bien des points. L’hypothèse principale est celle des  « menstruations rétrogrades » (les déchets utérins, normalement éliminés lors des règles par le vagin, migrent dans le sens inverse).

Cependant, aucun facteur de risque pouvant être modifié n’a été identifié, jusqu’à présent. De récents travaux suggèrent que l’allaitement pourrait avoir un rôle protecteur vis à vis de l’endométriose.

Une longue étude de suivi nommée Nurse’s Health Study II a collecté entre 1989 et 2011, les données médicales de près de 110 000 femmes âgées de 25 à 42 ans lors de leur entrée dans l’étude. L’objectif des chercheurs était d’étudier le lien éventuel entre l’allaitement et le risque d’endométriose. 72 394 de ces femmes ont été enceintes pendant au moins 6 mois. Parmi elles, 3 296 avaient eu un diagnostic d’endométriose. Chaque grossesse faisait l’objet d’un questionnaire, dans lequel les sujets devaient renseigner la durée totale de l’allaitement, le caractère exclusif ou non de ce dernier et la durée d’aménorrhée (absence de règles) après l’accouchement.

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Allaiter réduit de 40% le risque

Les résultats de l’étude semblent prometteurs. En effet, il est apparu aux chercheurs que la durée totale de l’allaitement ainsi que le caractère exclusif de l’allaitement étaient significativement associés à une diminution du risque d’endométriose.

Les auteurs ont répertorié 453 cas d’endométriose pour 100 000 femmes allaitant sur une durée totale inférieure à 1 mois. Tandis que seulement 184 cas de la maladie étaient rapportés pour 100 000 femmes qui allaitaient sur une durée supérieur ou égale à 36 mois. Au final, les femmes qui avaient allaité au moins pendant 36 mois dans leur vie avaient un risque d’endométriose diminuée de 40% par rapport aux femmes n’ayant jamais allaité.

Par ailleurs, chaque trimestre d’allaitement supplémentaire par grossesse diminuait le risque d’endométriose de 8%. L‘effet bénéfique était encore plus flagrant lorsque l’allaitement était exclusif : 14% de réduction du risque de développer la pathologie gynécologique.

La protection conférée par l’allaitement s’avère toutefois variée avec le temps et apparaît comme la plus forte dans les 5 années qui suivent la naissance. De plus, la durée de l’aménorrhée après l’accouchement semble influencer la protection. Une piste qui mérite néanmoins d’être creusée !

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Charline D., Pharmacien

– Allaiter pour éviter l’endométriose ? JIM. Le 01 septembre 2017.
– Endométriose. INSERM. Novembre 2013.

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