Allaitement : où en est-on en France ?

Actualités Grossesse

Rédigé par Estelle B. et publié le 27 mars 2017

Les campagnes de promotion de l’ allaitement maternel ne cessent de vanter les mérites de ce mode d’alimentation, bénéfique à la fois pour la santé des femmes et de leurs bébés. Les premiers résultats de l’étude ELFE montrent une augmentation de l’ allaitement en France, même si des progrès restent à faire pour atteindre les objectifs fixés par les autorités de santé.

allaitement

L’étude ELFE et l’ allaitement

En 2011, l’Etude Longitudinale Française depuis l’Enfance (ELFE) a été lancée pour suivre un échantillon représentatif de la population tout au long de son existence. Pas moins de 18 000 enfants, nés dans 320 maternités, constituent cet échantillon et sont suivis depuis leur naissance. En mars 2017, les premiers résultats de cette vaste étude ont été publiés et portent entre autres sur l’ allaitement et l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants.

Le lait maternel est l’aliment idéal des bébés, puisqu’il couvre intégralement et en permanence les besoins nutritionnels spécifiques de chaque nourrisson pendant les six premiers mois de sa vie. Sa composition s’adapte ainsi au cours de la tétée et évolue au fil des mois.

L’ allaitement maternel est bénéfique pour la santé à la fois de la mère et de l’enfant :

  • Pour la mère, il favorise les contractions utérines facilitant ainsi la récupération de l’appareil génital féminin après l’accouchement, il diminue les risques de certains cancers (sein, ovaire) et il pourrait également réduire le risque d’ostéoporose.
  • Pour l’enfant, il facilite la digestion, limitant parallèlement les problèmes de coliques du nourrisson, il protège des infections grâce aux anticorps maternels, il protège contre les allergies et il prévient le risque d’obésité durant l’enfance et l’adolescence.

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Vers 6 mois d’ allaitement exclusif ?

Les résultats de l’étude indiquent que 70 % des bébés ont été nourris au sein au moment de leur naissance (59 % de manière exclusive et 11 % avec un complément au biberon), contre 37 % en 1972 et 53 % en 1998. Ce résultat témoigne de l’efficacité des campagnes de promotion de l’ allaitement maternel. Mais le taux d’ allaitement chute très rapidement après la sortie de la maternité : 38 % des nourrissons sont encore allaités à quatre mois, 19 % à six mois et 5,3 % à un an. La durée moyenne d’allaitement en France est ainsi de 17 semaines (7 semaines en exclusif), contre 8 à 13 semaines dans les années 90. Un net progrès, mais la France reste loin des objectifs fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé, qui recommande 6 mois d’ allaitement exclusif (environ 26 semaines).

A savoir ! L’ allaitement exclusif concerne les nourrissons qui sont nourris uniquement par du lait maternel, sans aucune autre boisson (même l’eau) ou aliment. L’ allaitement mixte est une alimentation basée sur du lait maternel complété par des biberons de lait infantile.

Quels sont les facteurs qui conditionnent l’ allaitement maternel ? Les femmes reconnaissent en moyenne qu’elles arrêtent d’allaiter 8 semaines avant la reprise du travail. Mais d’autres situations entrent en ligne de compte et favorisent ce mode d’alimentation des nourrissons :

  • Un âge maternel supérieur à 30 ans ;
  • Les femmes de corpulence normale ;
  • Le fait d’être mariés ;
  • Des catégories socio-professionnelles plus élevées ;
  • Les femmes nées à l’étranger ;
  • Le fait d’assister aux séances de préparation à la naissance ;
  • L’implication paternelle ;
  • La possibilité de prendre un congé parental.

Pour améliorer les chiffres de l’ allaitement, les chercheurs proposent d’impliquer davantage les pères et d’inciter plus de femmes à participer aux séances de préparation à la naissance, qui sont intégralement prises en charge par l’Assurance Maladie. En 2011, seules 30 % des femmes ouvrières y ont assisté, contre 73 % chez les cadres. Ces séances constituent une occasion privilégiée d’expliquer l’ allaitement maternel et ses bienfaits, à la fois pour la mère et pour l’enfant.

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Et la diversification alimentaire ?

Parallèlement à l’ allaitement, les chercheurs se sont intéressés au début de l’alimentation solide des nourrissons. Le Programme National Nutrition Santé recommande un début de la diversification alimentaire entre 4 et 6 mois. Un objectif respecté puisqu’en moyenne, l’alimentation solide est introduite en France à 5,2 mois. Il faut cependant noter que 26 % des nourrissons consomment des aliments autres que du lait avant l’âge de 4 mois et que 2 % boivent du lait de vache ou des laits végétaux avant l’âge de 1 an. Ces comportements sont généralement observés chez les parents jeunes et chez les femmes fumeuses. Les chercheurs soulignent que ces aliments ne sont pas du tout adaptés à l’alimentation des nourrissons.

D’autres résultats de l’étude ELFE ont été présentés et d’autres sont à venir. Ils portent en particulier sur la participation des parents à l’éducation de l’enfant, sur l’exposition des nourrissons et des jeunes enfants aux polluants de toutes origines, ou encore sur la manière dont les parents se préparent à la naissance de leur enfant, en demandant ou non à connaître son sexe.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie


Sources :
Le guide de l’allaitement maternel. INPES. Octobre 2009.
Durée de l’allaitement en France selon les caractéristiques des parents et de la naissance. Résultats de l’étude ELFE 2011. Bulletin épidémiologique hebdomadaire n°29. 22 septembre 2015.
Premiers résultats. Etude ELFE. Consulté le 15 mars 2017.

  • « 2 % boivent du lait de vache ou des laits végétaux avant l’âge de 1 an »
    Je ne comprends pas le problème avec la consommation de lait de vache chez l’enfant de moins de un an, dans la mesure où ce n’est qu’un des aliments proposés, et non pas le seul aliment proposé. Un yaourt au lait de vache de temps en temps, ou un morceau de fromage au lait de vache n’est en rien un problème pour les enfants de moins de 1 an.

    • Estelle D., Pharmacienne, Santé sur le Net says:

      Bonjour,
      Il s’agit bien de consommation de lait de vache ou de laits végétaux et pas de produits laitiers comme les yaourts ou le fromage. Le lait de vache en tant que tel est déconseillé par les autorités de santé avant l’âge de 1 an. Il est recommandé de ne donner à boire à ces enfants que du lait maternel ou des laits infantiles.
      Cordialement,
      Estelle D., Pharmacienne, Santé sur le Net.

  • « 2 % boivent du lait de vache ou des laits végétaux avant l’âge de 1 an »
    Je ne comprends pas le problème avec la consommation de lait de vache chez l’enfant de moins de un an, dans la mesure où ce n’est qu’un des aliments proposés, et non pas le seul aliment proposé. Un yaourt au lait de vache de temps en temps, ou un morceau de fromage au lait de vache n’est en rien un problème pour les enfants de moins de 1 an.

  • Merci pour votre réponse.
    Le site Naître et Grandir diffuse néanmoins l’information suivante : « Vous pouvez commencer [à donner du lait de vache à votre enfant] à partir de 9 mois, à condition qu’il ait un menu quotidien varié, contenant des légumes, des fruits, de la viande… » Cf. http://naitreetgrandir.com/fr/test/alimentation/
    Je ne comprends pas l’interdit concernant un verre de lait de vache, alors qu’il est possible de manger un morceau de fromage de lait de vache ; il n’y a fondamentalement pas de différence entre les deux. Je pense que la recommandation porte sur l’alimentation exclusive au lait de vache (qui n’apporte effectivement pas aux enfants ce qu’il leur faut pour une croissance optimale), et non pas sur l’introduction de cet aliment en complément du reste, d’où mon commentaire. Je pense vraiment qu’il faudrait reformuler la part de l’article qui explique que « ces aliments ne sont pas du tout adaptés à l’alimentation des nourrissons », car c’est faux, tel quel. Il suffirait d’écrire quelque chose comme « ces aliments, s’ils ne constituent pas une part anecdotique de l’alimentation, ne sont pas du tout adaptés aux nourrissons » pour faire passer le bon message.

  • Merci pour votre réponse.
    Le site Naître et Grandir diffuse néanmoins l’information suivante : « Vous pouvez commencer [à donner du lait de vache à votre enfant] à partir de 9 mois, à condition qu’il ait un menu quotidien varié, contenant des légumes, des fruits, de la viande… » Cf. http://naitreetgrandir.com/fr/test/alimentation/
    Je ne comprends pas l’interdit concernant un verre de lait de vache, alors qu’il est possible de manger un morceau de fromage de lait de vache ; il n’y a fondamentalement pas de différence entre les deux. Je pense que la recommandation porte sur l’alimentation exclusive au lait de vache (qui n’apporte effectivement pas aux enfants ce qu’il leur faut pour une croissance optimale), et non pas sur l’introduction de cet aliment en complément du reste, d’où mon commentaire. Je pense vraiment qu’il faudrait reformuler la part de l’article qui explique que « ces aliments ne sont pas du tout adaptés à l’alimentation des nourrissons », car c’est faux, tel quel. Il suffirait d’écrire quelque chose comme « ces aliments, s’ils ne constituent pas une part anecdotique de l’alimentation, ne sont pas du tout adaptés aux nourrissons » pour faire passer le bon message.

  • Journaldunemamannaturelle says:

    Bonjour,
    J’allaite encore ma fille qui a à présent 10 mois. Je conseille aux mamans qui souhaitent allaiter de continuer jusqu’à qu’elles le souhaitent et peuvent bien sûr. Il faut s’écouter et écouter bébé. Bon courage à vous toutes, c’est un bonheur pur.
    Je parle à cœur ouvert de divers sujet dont l’allaitement sur mon blog > journaldunemamannatuelle.blogspot.fr
    A très bientôt,

  • Journaldunemamannaturelle says:

    Bonjour,
    J’allaite encore ma fille qui a à présent 10 mois. Je conseille aux mamans qui souhaitent allaiter de continuer jusqu’à qu’elles le souhaitent et peuvent bien sûr. Il faut s’écouter et écouter bébé. Bon courage à vous toutes, c’est un bonheur pur.
    Je parle à cœur ouvert de divers sujet dont l’allaitement sur mon blog > journaldunemamannatuelle.blogspot.fr
    A très bientôt,

  • Corina says:

    Le lait de vache est déconseillé pour tous et encore plus pour les bébés. Le lait de chèvre peut constituer une alternative bien meilleure.

  • Bonjour,
    Etant une jeune maman, je me permets de vous faire part de mon humble avis sur le sujet tiré de mon experience personnelle..
    De mon point de vue, il y a une incompatibilité flagrante entre le discours tenu par l’OMS recommandant 6 mois d’allaitement exclusif et la possibilité de le mettre en oeuvre en France lors du retour à la vie active. Je travaille dans une grande entreprise et je trouve que proposer 2 demi heures par jours théoriques pour tirer son lait dans une salle plus ou moins aménagée entre diverses réunions n’encourage en RIEN la continuité de l’allaitement… Pour moi le problème ne se résoudra pas en sensibilisant encore plus les femmes, la plupart des femmes aujourd’hui savent très bien que leur lait est le meilleur pour leur bébé et n’ont pas besoin qu’on le leur rappelle une énième fois. Au contraire, trop insister sur le sujet peut devenir anxiogène et culpabilisant dans un moment où l’on se sent fatiguée et fragilisée et cela peut aussi donner l’impression qu’on veut forcer (ou largement inciter) l’allaitement maternel. En revanche, sensibiliser les entreprises pour permettre aux femmes de se sentir soutenue et accompagnée dans l’allaitement une fois de retour au travail me semble être bien plus efficace et fera bien plus décoller le pourcentage d’allaitement exclusif en France qu’une énième leçon sur les bienfaits du lait maternel rabâchée encore et encore aux mères.

    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour,
      Merci de faire confiance à Santé sur le Net pour trouver des informations sur votre santé. Merci de partager votre expérience. Un forum est à votre disposition si vous souhaitez échanger entre patients.
      Nous vous souhaitons une bonne journée.
      L’équipe Santé sur le net.

  • Bonjour,
    Etant une jeune maman, je me permets de vous faire part de mon humble avis sur le sujet tiré de mon experience personnelle..
    De mon point de vue, il y a une incompatibilité flagrante entre le discours tenu par l’OMS recommandant 6 mois d’allaitement exclusif et la possibilité de le mettre en oeuvre en France lors du retour à la vie active. Je travaille dans une grande entreprise et je trouve que proposer 2 demi heures par jours théoriques pour tirer son lait dans une salle plus ou moins aménagée entre diverses réunions n’encourage en RIEN la continuité de l’allaitement… Pour moi le problème ne se résoudra pas en sensibilisant encore plus les femmes, la plupart des femmes aujourd’hui savent très bien que leur lait est le meilleur pour leur bébé et n’ont pas besoin qu’on le leur rappelle une énième fois. Au contraire, trop insister sur le sujet peut devenir anxiogène et culpabilisant dans un moment où l’on se sent fatiguée et fragilisée et cela peut aussi donner l’impression qu’on veut forcer (ou largement inciter) l’allaitement maternel. En revanche, sensibiliser les entreprises pour permettre aux femmes de se sentir soutenue et accompagnée dans l’allaitement une fois de retour au travail me semble être bien plus efficace et fera bien plus décoller le pourcentage d’allaitement exclusif en France qu’une énième leçon sur les bienfaits du lait maternel rabâchée encore et encore aux mères.

Ou

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