Selon des statistiques américaines, 17 personnes meurent chaque jour dans l’attente d’une transplantation.
C’est ce qui a poussé les chercheurs de l’University of California Davis Health System à créer des embryons de cochon qui contiennent des cellules humaines. Leur objectif à plus long terme serait de pouvoir faire pousser des organes humains chez le cochon afin de les utiliser pour la transplantation chez l’Homme. Les cochons porteurs d’organes humains, c’est sans doute possible !
Cochons porteurs d’organes humains : Un embryon mi humain mi cochon
Grâce à la technologie CRISPR, ciseaux génétiques qui permettent de modifier aisément les gènes de n’importe quel organisme, les scientifiques ont inactivé les gènes permettant à l’embryon de cochon de former un pancréas. Ils ont ensuite injecté des cellules souches humaines dans l’embryon de cochon. Ces cellules humaines ont la capacité de s’intégrer aux différents tissus de l’embryon et de se différencier en différents types cellulaires et organes, ici en pancréas.
Cette expérience vise à concevoir un cochon qui puisse se développer normalement, qui ressemblerait à un cochon commun, mais qui aurait la particularité de contenir des organes humains. La perspective est de transplanter les organes obtenus, chez l’Homme.
L’expérience a été arrêtée au bout de 28 jours de développement de l’embryon hybride pour permettre son analyse par les scientifiques. 114 jours seraient nécessaires pour le développement complet d’un cochon hybride contenant un organe humain. Pour l’instant, l’expérience n’a pas été poussée au-delà de 28 jours, mais la question du prolongement de la durée pourrait se poser à l’avenir, malgré un certain nombre de barrières règlementaires, avant l’approbation d’un tel projet de recherche.
Transplantation d’organes à partir d’animaux chimériques ?
La question de la viabilité de l’embryon au cours d’un développement complet se pose ainsi que celle de la faisabilité d’une transplantation chez l’Homme.
A ce stade de développement précoce l’embryon n’a pas encore de système immunitaire, les scientifiques pensent donc qu’un organe humain pourrait s’y développer sans qu’il y ait de rejet. L’une des craintes repose surtout sur l’injection de cellules humaines pouvant participer à la formation d’autres organes de l’embryon, comme le cerveau. L’idée qu’un cochon puisse avoir un cerveau en partie humain effraie beaucoup et a causé de nombreux problèmes avec les autorités. Mais ce scénario serait très peu probable selon les scientifiques.
Leur espoir réside dans l’idée que l’embryon hybride puisse donner à terme un cochon tout à fait normal, mais avec la particularité de contenir un pancréas humain compatible à la transplantation.
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Quelles limites pour le modèle de cochon hybride ?
Bien que les gènes permettant la formation d’un pancréas aient été inactivés, il est probable que des cellules du cochon contribuent à la formation de cet organe, notamment les cellules formant les vaisseaux sanguins. La présence de vaisseaux sanguins de cochon dans un organe humain impliquerait un très probable rejet chez l’homme en cas de transplantation.
Reste à souligner que d’autres expériences du même type ont déjà fonctionné chez d’autres espèces : une souris avec un pancréas de rat, ainsi qu’une souris avec un foie composé de cellules humaines, ont déjà été créées. Les débats éthiques sur l’utilisation de ces animaux en tant qu’incubateurs à organes humains font rage et l’avenir du développement de modèles animaux chimériques humanisés est encore incertain.
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Yasmine Z., Journaliste Scientifique
– Human-pig embryos Q&A: how would ‘chimeras’ make transplant organs?. theguardian.com.