Cellulite : pourquoi elle touche surtout les femmes
Souvent considérée comme un simple problème esthétique, la cellulite repose pourtant sur des mécanismes bien réels. Hormonale, vasculaire et parfois inflammatoire, elle concerne la majorité des femmes à un moment ou un autre de leur vie. Le Dr Catherine de Goursac, médecin esthétique au Centre Médical Niel, explique pourquoi ce phénomène est avant tout féminin — et comment agir efficacement.

Le terme cellulite est impropre d’un point de vue médical. « Le mot désigne normalement une infection cutanée », rappelle le Dr de Goursac. « Dans notre domaine, on parle plutôt de lipodystrophie superficielle localisée. » Si les médecins continuent d’utiliser le mot par commodité, il s’agit en réalité d’un processus hormonodépendant, qui s’installe lentement au fil des années.
Avant la puberté, les jeunes filles n’en présentent pas ; elle apparaît avec l’imprégnation œstrogénique et s’aggrave lors des grandes étapes hormonales : grossesse, périménopause ou traitements de fertilité. « Les patientes me disent souvent : “Je n’ai jamais eu de cellulite et j’en ai à la périménopause.” C’est une période où la progestérone chute tandis que les œstrogènes se maintiennent : cette hyperœstrogénie relative crée la cellulite. »
Chez les hommes, le phénomène reste rare, mais il peut survenir en cas de surpoids important. « Quand ils prennent trop de poids, leur testostérone se transforme en œstrogène : ils développent alors une hyperœstrogénie et donc de la cellulite. C’est toujours les œstrogènes qui coincent ! »
La structure même de la peau accentue cette différence. « Chez la femme, les fibres de collagène dans la graisse sont perpendiculaires, ce qui crée des puits d’adhérence visibles ; chez l’homme, elles sont obliques et empêchent la formation de capitons. » Ce facteur anatomique explique pourquoi près de neuf femmes sur dix en présentent à l’âge adulte.
Trois types de cellulite, trois causes principales
Ces particularités hormonales et structurelles ne suffisent pas à elles seules. Selon le Dr de Goursac, la cellulite résulte de l’association de trois mécanismes : hormonal, vasculaire et inflammatoire. Cette combinaison variable explique la grande diversité des formes observées.
La cellulite adipeuse apparaît surtout chez les femmes aux formes rondes et à la peau souple ; elle correspond à un excès de graisse localisée, souvent sur les cuisses et les fesses. La cellulite fibreuse, plus ancienne, est dure et douloureuse au toucher. « C’est une véritable fibrose : la peau est indurée, violacée, et les adhérences profondes tirent les tissus. » Enfin, la cellulite aqueuse s’accompagne de rétention d’eau et d’une insuffisance lymphatique. « Les jambes deviennent droites, gonflées du genou à la cheville. C’est souvent héréditaire ; on parle alors de lipœdème. »
Ces trois formes peuvent d’ailleurs coexister : « Une femme peut présenter une cellulite mixte, avec à la fois de la fibrose et de la rétention », précise la médecin. « Mais une grande sportive aura plus de mal à développer une cellulite aqueuse, car son activité physique favorise le drainage et la tonicité. »
Des traitements adaptés à chaque profil
Une fois le diagnostic posé, le traitement doit être personnalisé. Dans les formes aqueuses, le drainage lymphatique, la pressothérapie, la marche ou l’aquabike sont essentiels. « Tout ce qui favorise la circulation aide : éviter de piétiner, manger peu salé, surélever les jambes et terminer la douche par un jet d’eau froide. »
Pour les cellulites fibreuses, plus dures et ancrées, l’enjeu est de casser les adhérences. « Nous utilisons une radiofréquence sous-cutanée, comme l’Attiva, qui libère la fibrose et lisse la peau. » Les ultrasons focalisés ou la radiofréquence classique peuvent aussi améliorer la texture cutanée, mais de façon plus douce. Certaines techniques visent à réduire ou détruire les adipocytes : cryolipolyse, ultrasons, laser froid ou lipoaspiration. « Les premières agissent de façon différée ; la lipoaspiration, plus lourde, reste une solution définitive. Quand une cellule graisseuse est détruite, elle ne revient pas. »
Cependant, avant de penser aux appareils, le Dr de Goursac recommande souvent un geste simple : le massage manuel. « Deux fois trois minutes de palpé-roulé matin et soir pendant un mois peuvent transformer l’aspect de la peau. C’est mieux que n’importe quelle crème : la main stimule la micro-circulation et défibrose les tissus. »
Elle invite également à vérifier sa contraception : « Certaines pilules favorisent la rétention d’eau ou la prise de graisse. Si une patiente gonfle, il faut changer de pilule. Ces approches locales s’accompagnent toujours d’une hygiène de vie globale : alimentation équilibrée, hydratation, sommeil et gestion du stress.
Une réserve naturelle… mais pas une fatalité
Derrière ce phénomène souvent décrié se cache une fonction biologique ancestrale. « La femme a de la cellulite parce que c’est sa réserve énergétique. Elle pouvait ainsi nourrir un enfant pendant deux ou trois ans à une époque où la survie en dépendait. Nous avons survécu grâce à la cellulite de nos arrières-grands-mères ! »
Aujourd’hui, cette réserve n’a plus d’utilité vitale, mais elle persiste. Et contrairement à une idée reçue, la cellulite n’est pas une fatalité. « Rien n’est figé : le sport, l’alimentation équilibrée, le drainage et les bons gestes au quotidien peuvent tout changer. » L’activité physique reste la clé : « Vous n’avez pas de sportifs de haut niveau avec de la cellulite ! Bouger active la circulation, entretient la tonicité et prévient la fibrose. » Les sports aquatiques sont particulièrement bénéfiques : « Dans l’eau, on est en apesanteur, sans douleur, et les micro-courants d’eau autour du corps favorisent le drainage. »
Pour celles qui souhaitent un accompagnement médical, la médecin conseille de s’adresser à des praticiens qualifiés : « Le site de l’Association française de médecine esthétique, afme.org, permet de trouver des spécialistes fiables partout en France. » Et de conclure : « La cellulite n’est ni une maladie ni une fatalité. Mais elle rappelle que le corps féminin a été conçu pour stocker. C’est une question d’équilibre : bouger, s’écouter et se prendre en charge, c’est déjà commencer à la lisser. »
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