Cryothérapie : que dit la science sur cette pratique ?
Le froid, reconnu pour apaiser douleurs et inflammation, est utilisé dès l’Antiquité. En France, depuis une dizaine d’années, de nombreux centres de remise en forme ou d’instituts de beauté mettent à disposition des étuves de cryothérapie permettant l’immersion du corps sans la tête ou de certaines parties du corps, dans un gaz extrêmement froid. Que faut-il savoir sur cette pratique dont la science n’a pas encore démontré catégoriquement son efficacité ?

Vous avez dit cryothérapie ?
Longtemps réservée aux athlètes de haut niveau, la cryothérapie s’est démocratisée et séduit aujourd’hui le grand public, du sportif amateur aux personnes souffrant de douleurs chroniques.
La cryothérapie (du grec cryo = froid) consiste à exposer le corps à de très basses températures, généralement entre –110 °C et –160 °C, pendant 2 à 3 minutes.
Il existe deux formes principales :
- La cryothérapie corps entier ou CCE) : elle est basée sur l’immersion du corps dans une cabine réfrigérée, seule la tête reste à l’extérieur ;
- La cryothérapie localisée : elle repose sur une application ciblée au niveau d’une zone spécifique du corps (genou, cheville, dos…) via des jets d’air froid ou des dispositifs glacés.
Le choc thermique déclenche une vasoconstriction, suivie d’un afflux sanguin riche en nutriments et en oxygène lors du réchauffement.
Applications de la cryothérapie
Les applications de la cryothérapie sont nombreuses. On la retrouve en :
- Médecine du sport : pour favoriser la récupération après l’effort, réduire les courbatures, soulager des blessures des muscles et celles liées au tendon (tendinites, déchirures musculaires, froissement musculaire), améliorer la mobilité articulaire et pour diminuer les œdèmes consécutifs à un choc ;
- Rhumatologie : la cryothérapie permettrait de soulager les douleurs liées à l’arthrose, à la polyarthrite rhumatoïde, aux lombalgies chroniques et à la fibromyalgie ;
- Pour le bien-être physique et mental : la thérapie peut chez certaines personnes améliorer le sommeil, réduire, le stress et l’anxiété. Un effet « anti-fatigue » peut être ressenti tout comme une relaxation profonde, provoquée notamment par une libération d’endorphines, des neurotransmetteurs agissant comme des antalgiques naturels.
Que disent les études scientifiques ?
L’efficacité sur la récupération musculaire et les douleurs est plutôt bien documentée, surtout chez les sportifs.
Une étude suisse de 2015, analysant et résumant les résultats scientifiques issus de 36 études, a conclu que le bénéfice de la cryothérapie sur la douleur et la récupération musculaire restaient modérés.
En résumé, nous pouvons avancer que les études scientifiques récentes sur l’efficacité de la cryothérapie, en particulier dans le domaine sportif, sont plutôt en demi-teintes et parfois contradictoires.
Lors de jeux olympiques 2024, une étude, réalisée par l’équipe de Sébastien Racinais du CREPS Font-Romeu et de l’université de Montpellier, a conclu que les bains froids peuvent même être contre-productifs, après un entrainement intensif, en détériorant la récupération ou retardant la régénération des tissus.
D’après l’équipe de spécialistes, la cryothérapie reste efficace pour se rafraîchir après une séance intense en plein soleil ou pour diminuer les douleurs musculaires après plusieurs jours d’entraînement.
Pour l’efficacité de la cryothérapie sur la fibromyalgie ou les douleurs chroniques, les études montrent une amélioration de la qualité de vie pour certains patients après des séances répétées. Cependant, les preuves restent limitées (petit échantillon de volontaires et évaluation des résultats sur des périodes assez courtes) et les résultats varient selon les études.
Selon les conclusions de certaines autorités sanitaires (Inserm, Santé Canada ou la FDA américaine), les données scientifiques actuelles sont insuffisantes pour confirmer l’efficacité de la cryothérapie dans le traitement de maladies chroniques. Les études sont souvent critiquées sur leurs méthodologies et les bénéfices observés sont qualifiés de « modestes » ou « médiocres » pour la plupart des indications en dehors du soulagement ponctuel des douleurs musculaires.
En résumé, pour un soulagement temporaire des douleurs musculaires, la cryothérapie peut être bénéfique. En revanche, son efficacité pour la récupération sportive, le traitement de maladies chroniques et la récupération postopératoire n’est pas prouvée scientifiquement et nécessite des investigations supplémentaires.
Notons aussi que la cryothérapie est généralement bien tolérée, mais pas sans risques pour les personnes ayant des pathologies spécifiques (hypertension, anémie, troubles cardiovasculaires, etc.).
Compte tenu de l’intensité de la cryothérapie pour le corps, il est vivement recommandé de demander préalablement conseil à son médecin traitant.
– The Effect of Post-Exercise Cryotherapy on Recovery Characteristics: A Systematic Review and Meta-Analysis. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Consulté le 19 novembre 2025.
– Cryothérapie, soigner efficacement par le froid…Vraiment ?. presse.inserm.fr. Consulté le 19 novembre 2025.
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