Décision médicale : Quelle place pour le patient ?

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Rédigé par Yasmine Z. et publié le 21 novembre 2016

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Quelle place pour le patient au sein du système de soins ? C’est à cette question que répond Véronique Trillet-Lenoir, Professeur de Cancérologie au Centre Hospitalo-universitaire de Lyon, et Présidente des Rencontres de la Cancérologie Française (RCFr), dans une interview exclusive, où transparait l’importance de former et d’informer les patients et le grand public sur les maladies ainsi que sur les principales problématiques de santé publique. L’évènement RCFr qui traite des grands sujets de la cancérologie, contribue à cet objectif en regroupant différents acteurs, du soignant au représentant de patients en passant par le décideur de santé, dans un forum ou Think Tank, spécial cancérologie.

Place du patient au sein du système de soin

Le patient, premier concerné par la maladie, se trouve évidemment au centre du dispositif de soins. L’enjeu, selon le Pr. Trillet-Lenoir, reste de former les soignants à la prise en compte des préférences des patients, et de mieux armer ces derniers, ainsi que leurs proches, pour leur permettre de faire face à la maladie et d’être des interlocuteurs de poids pour le corps médical. Suivant cet objectif, l’information des patients représente un enjeu de premier plan, auquel contribuent les Rencontres de la Cancérologie Française, via le concept de Think Tank, qui permet la diversité des participants : à la fois des professionnels de santé et des représentants de patients. « La problématique est que le patient soit armé, formé, éduqué, accompagné, afin de pouvoir interagir avec les professionnels de santé, formuler ses préférences, faire valoir ses propres savoirs profanes face au savoir expert et ainsi co-construire son parcours de santé et de soins, avec le corps médical », affirme le Pr. Trillet-Lenoir. Ainsi le patient pourrait se positionner en tant qu’interlocuteur pour son médecin et contribuer de ce fait à sa propre prise en charge.

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Une problématique citoyenne

L’éducation et l’information des patients et du grand public occupent donc une place de premier plan. « L’information représente à la fois une problématique pour les patients, mais c’est aussi, et de façon très marquée, une problématique citoyenne », confie Véronique Trillet-Lenoir, qui souligne que « le peu de prévention qu’on avait réussi à mettre en place, en France, risque d’être déconstruite par des formes de lobbies d’influence, comme le démontrent les campagnes menées contre la vaccination, la remise en cause du dépistage du cancer du sein, et bien d’autres, qui représentent de vrais enjeux sociétaux, cruciaux en  cancérologie. En effet, avec une prévention de qualité, 40% des cancers pourraient être évités, pourtant, nous sommes aujourd’hui en échec de la lutte contre le  tabagisme ; de même, de nombreuses femmes meurent encore aujourd’hui d’un cancer du col de l’utérus, alors qu’il existe un vaccin pour le prévenir et que moins de 15% des jeunes filles sont vaccinées », souligne le Pr. Trillet-Lenoir, qui insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’évoquer  des patients malades, mais plutôt de poser des questions de société qui concernent tous les citoyens.

Finalement, la notion de patient-acteur est mise en avant, à la fin de l’entretien : L’interaction médecin-patient, caractérisée par un moment où le patient interagit en tête à tête avec son médecin, permet de prendre à deux, la meilleure décision. « Un accompagnement est donc nécessaire pour que s’établisse un dialogue équilibré d’où découle une décision partagée, argumentée de manière bilatérale. Pour ce faire, l’information et la formation sont primordiales, à la fois à destination des patients et des médecins. L’évènement Rencontres de la Cancérologie Française permet d’avoir une voix partagée entre les patients, les professionnels de santé, les industriels, les gestionnaires de santé, les acteurs pouvant et devant de nos jours garder un regard médico-économique sur ces problématiques. »

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Un patient acteur, au sein du processus de décision

famille-reduit « Il faudrait que les pouvoirs publics se mettent à considérer les représentants de patients comme des interlocuteurs à part entière, capables d’apporter aux débats un plus :  les préférences et des grandes préoccupations des patients. Malheureusement à l’heure actuelle, cette voix n’est pas toujours prise en compte dans les grandes décisions de santé », déplore l’oncologue, avant de conclure : « Seront aux RCFr 2016, des patients indépendants, acteurs de santé sur les réseaux sociaux et blogs, des représentants et des associations de patients porteurs de messages, qui permettront aux patients d’occuper la place qu’ils doivent prendre dans les processus décisionnels ».

Yasmine Z., Journaliste Scientifique et Jonathan R. Biologiste.


Sources

Interview. Propos recueillis par Jonathan R. Novembre 2016